Ce n'est plus un malaise qu'il y a entre la majorité et le président, c'est une véritable guerre ouverte ! C'est d'abord le député Nouveau centre Hervé de Charette qui ouvre les hostilités mercredi avec cette petite phrase : "L'UMP est un parti qui a été organisé de façon autoritaire par Nicolas Sarkozy pour la conquête de pouvoir, mais son fonctionnement devient inadapté sous la présidence brejnevienne de Patrick Devedjian". Nul doute que l'intéressé appréciera l'épithète.
Le très sarkoziste maire de Nice, Christian Estrosi, rajoute une couche hier : "Ce qui m'inquiète, c'est que le parti n'est pas utile à Nicolas Sarkozy aujourd'hui, alors qu'il devrait être le garant de ses engagements. Il n'est pas non plus utile dans la vie politique parce qu'il y a un vrai problème d'organisation, de débat interne et de confrontation des idées". Inutile, l'UMP ? Mais alors, à quand la dissolution ? Et que penser de ce déficit "de débat interne et de confrontation des idées" digne d'une organisation dictatoriale ?
Troisième épisode de ce délicieux échange d'amabilités, l'invraisemblable saillie du député UMPiste Claude Goasguen, hier lors d'une réunion de groupe, très applaudi par ses pairs quand il a dénoncé "les connards qui parlent trop de l'autre côté de la Seine", visant les conseillers de Sarkozy. Il a ensuite confirmé avoir tenu ces propos à la presse. Que ces fâcheux continuent de s'écharper, ce spectacle nous est plaisant. Mais l'essentiel reste la politique appliquée et il n'est pas sûr que ces péripéties empêchent le tandem Sarkozy/Fillon de continuer à mener sa sinistre œuvre.
La grogne des députés de la majorité a certes permis à la gauche de rejeter la loi sur les OGM à l'Assemblée mais, retoquée par cette porte, elle est passée par la fenêtre de la Commission paritaire, réunissant seulement sept députés et sept sénateurs. Hop, le même texte reviendra, sans une virgule de changée ! Ce gouvernement ne craint ainsi pas de trahir le Grenelle de l'environnement – qui n'était bien qu'un barnum destiné à berner les gogos (allo Nicolas Hulot ?). Il impose jusqu'à sa propre majorité une loi d'une scandaleuse permissivité, au mépris de l'opinion des Français, très majoritairement opposés aux OGM. Comme il avait fait ratifier la copie conforme du TCE, pourtant rejeté par le référendum de 2005, cette fois avec la complicité des députés et sénateurs, une majorité de socialistes félons compris. Le pouvoir multiplie ainsi les bras d'honneur adressés au peuple, comme lorsque Sarkozy annonce qu'il tiendra compte du résultat des élections municipales et, après la débâcle qu'elles ont représenté pour la majorité, n'a pour seule réaction que de procéder à un mini-remaniement, faisant par exemple entrer au gouvernement une candidate écrabouillée dans sa ville de Nancy, l'insupportable Nadine Morano. Jolie façon de tenir compte du résultat des élections ! Et pas question d'infléchir aucunement sa politique. Au contraire, ces Tartuffe ont osé conclure de leur défaite que les Français voulaient que les réformes aillent plus vite et plus loin ! Belle démocratie décidément que la Sarkozie.
Mise à jour : selon un sondage OpinionWay pour Le Figaro et LCI publié aujourd'hui, 67% des Français approuvent le rejet par l'Assemblée du projet de loi sur les OGM. Approuveront-ils que le gouvernement n'en tienne aucun compte pour persister à présenter le même texte ? Son examen, d'après Mediapart, se déroulerait de façon précipitée, dès le 20 mai à 16h, histoire de prendre l'opposition de cours…