Mardi 18 mars 2008, 

Un lendemain d’élections difficile pour Stéphane Dion. Son parti qui était pourtant bien en selle dans quatre circonscriptions, dans le cadre des élections complémentaires fédérales, s’est vu ravir Desnethé-Missinippi-Rivière Churchill, en Saskatchewan, au profit des conservateurs. Quant à Vancouver Quadra, un bastion libéral depuis près de 25 ans, il fut conservé de justesse par à peine 151 voies, en faveur de la candidate libérale Joyce Murray. Dion avait pourtant misé sur le «scandale» de l’affaire Cadman dans l’espoir de remporter ce comté haut la main. Les circonscriptions de Toronto-Centre et Willowdale ont été cependant confortablement gagnées par les candidats libéraux Bob Rae et Martha Hall Finlay.

La vague rouge promise par le chef libéral n’a donc pas eut lieu, ce dernier ayant admis devoir assumer « les bons coups comme les moins bons» de sa part. Et pour cause, c’est le chef libéral lui-même qui avait imposé la candidate Joan Beatty en Saskatchewan, malgré les nombreuses contestations, faisant le pari qu’elle gagnerait. Mais les électeurs ont préféré le conservateur Rob Clarke à la protégée de Dion. 

Du côté des grands centres urbains, sa victoire dans Toronto-Centre relève d’une grande importance, puisqu’elle marque l’entrée de Bob Rae au parlement d’Ottawa et au caucus libéral. Rae, ancien adversaire à l’investiture libérale, est reconnu comme étant celui qui aurait fait pression, à plusieurs reprises, sur son chef afin qu'il n'aille pas en élection (du moins jusqu’à ce qu’il ne devienne député lui-même). Certains lui  prêtent également les ambitions de stephaned.jpgremplacer Stéphane Dion à la tête du parti. Il ne serait pas le seul ; Justin Trudeau et Michael Ignatieff  font aussi office de sérieux prétendants. D’ailleurs, Ignatieff a parfois peine à cacher sa déloyauté en chambre ; se joignant presque de concert aux railleries des conservateurs contre son propre chef. Toutefois, il est toujours de mise de laisser à un chef impopulaire le droit de briguer au moins une élection générale. Question de lui donner assez de corde ; il saura quoi en faire… 

Bien que ce ne soit que des élections complémentaires et que le taux de participation n’a guère dépassé les 33%, cela donne tout de même le pouls d’une situation alarmante du côté libéral, comme néo-démocrate ; ces derniers ayant essuyé un sérieux recul au profit des Verts. Il est aussi  à craindre que la stratégie manquée du chef libéral, en Saskatchewan, ne sape davantage son leadership auprès de ses troupes, dans l’avenir. Permettant ainsi à d’autres, plus charismatiques, de tirer leur épingle dans cette cruelle joute politique.