Comment la guerre a commencé et pourquoi ?
LE FIGARO – A quelques jours du cinquième anniversaire du conflit irakien, une étude du ministère américain de la Défense reconnaît que Saddam n'avait aucun lien avec al-Qaida. Mais bizarrement, il a fait marche arrière sur sa communication.
On s'améliore au Pentagone. Par exemple, on admet que "le terrorisme d'Etat était devenu une telle routine que l'Irak avait créé un bureau pour recruter et financer des terroristes." Le premier chapitre est d'ailleurs intitulé "terrorisme d'Etat" et détaille les actions paramilitaires des Fedayeens de Saddam Hussein au Moyen Orient et en Europe – mais pas, ô surprise, aux Etats-Unis.
La même hypocrise flagrante existe au sujet du Mukhabarat, les services secrets irakiens. Le plus comique dans l'histoire c'est que le rapport se fonde sur la base de données HARMONY, basée à Fort Leavenworth. En 2004, lorsque les citoyens américains se sont révoltés face à l'apathie de leurs services de sécurité qui ne semblaient pas vouloir étudier les documents en question, HARMONY avaient été ouverte au public et ses documents postés sur le web.
Ce qui est désolant dans les méthodes actuelles de l'administration américaine, c'est la reprise du "déni plausible", première règle du monde du renseignement. En 1972, lorsqu'Israël assassina par erreur un Marocain dans la station norvégienne de Lillehammer, tous les indices indiquaient le Mossad, mais l'Etat hébreu ne l'admit jamais – et le nie toujours, même si tout le monde le sait puisqu'Israël a payé une compensation à la veuve en 1996.
Nous assistons au même travaux de sape. Les travaux de la chercheuse Laurie Mylroie ont démontré que Ramzi Youssef, le cerveau derrière les premiers attentats de 1993 contre le World Trade Center, était originaire du Baluch, une région voisine avec l'Iran connue pour être le centre de recrutement des services secrets irakiens. Selon le gouvernement américain, "Youssef" est une fausse identité, la vraie étant Ahmed Basit, citoyen koweitien. Mais Mylroie a pu démontrer, grâce à l'aide du gouvernement koweitien, que cette identité était elle aussi fausse, et que l'Irak avait fabriqué de faux passeports à ses agents lors de l'occupation du Koweit entre 1990 et 1991. Sans surprise, Khalid Cheikh Mohammed est dit, lui aussi, originaire du Koweit…
Cette relation se confirme sur le terrain. Flash-back : les services secrets malaysiens repèrent un Fedayeen de Saddam présent lors de la réunion de Kuala Lumpur, en janvier 2000. Un informateur des services secrets tchèques voit, quant à lui, Mohammed Atta discuter avec un agent irakien à Prague. Au printemps 2001, les services secrets allemands arrêtent deux agents irakiens voyageant vers Hambourg avec des ordres de mission. L'enquête dilligentée par une équipe conjointe de la CIA et du FBI découvre "des informations confirmant une collaboration étroite entre l'Irak et Al-Qaeda en vue d'attaquer les Etats-Unis". Le 4 juillet 2001, toutes les agences américaines sont sur le pied de guerre, mais rien ne vient. Plus tard, en août 2001, c'est le Mossad qui met en garde les Américains d'une "opération ennemie majeure à venir, avec de forts soupçons impliquant l'Irak".
Mais les Américains sont déjà engagés en Afghanistan. Les attaques d'anthrax bouleversent les plans de l'administration, qui se voit obligée, une fois l'offensive en Afghanistan terminée, de demander des plans d'invasion de l'Irak. Le temps presse, les Etats-Unis ne sont pas seulement vulnérables face aux kamikazes, mais aussi face à des attaques biologiques d'une léthalité inégalée.
L'histoire du 11 septembre et de ses conséquences se trouvent ici résumée. Il y a fort à parier, toutefois, qu'elle figurera dans les livres d'histoire de 2030, voire 2050, pas avant. Celle qui la supplantera jusque là sera celle issue du travail de sape auquel nous assistons.
1- Dans ses conclusions, la Commission du 11 septembre, à l'été 2004, demande au renseignement d'explorer toutes pistes pouvant montrer une collaboration d'un Etat avec les terroristes du 11 septembre. Des Etats sont cités : Iran, Soudan, Syrie… Mais pas l'Irak.
2- La Commission du 11 septembre parle de "liens entre l'Irak et Al-Qaeda" mais ajoute aussitôt "mais pas pour porter atteinte à la sécurité des Etats-Unis". Dire que dix-neuf kamikazes dirigés par un doctorant en architecture aient pu détourner quatre avions et les lancer simultanément sur des cibles de grande importance, tout ceci après s'être entraînés dans une grotte en Afghanistan, ça peut convaincre le chaland ignorant. Les gens sont amnésiques. Aucun groupe terroriste durant la guerre froide ne vivait par lui-même. L'argent, les planques, les faux papiers et l'entraînement nécessaires exigent la présence d'un Etat-sponsor. Comment expliquer que les "extrémistes musulmans" tels Atta ou Al-Omari, si pieux nous dit-on, aient passé leur temps aux Etats-Unis dans les boîtes de stip-tease et dans les rayons porno des vidéothèques ?
3- L'enquête sur les attaques d'anthrax passe à la trappe. Elle n'a pas été résolue et ne le sera jamais. C'est le talon d'Achille de la Commission du 11 septembre. L'anthrax n'est pas une arme biologique que l'on peut produire soi-même. Tout comme l'énergie nucléaire d'un bombe sale, elle doit être produite et vendue par un Etat. Aucun "groupe terroriste" indépendant n'a les moyens de s'en procurer. L'ombre d'un Etat plane derrière ces attaques, raison pour lesquelles l'enquête n'aboutira pas, même si le mal a été traité entretemps.
4 – Le gouvernement américain finit par se retrouver dans la position loufoque où il se trouve actuellement. Il affirme que l'Irak était un Etat-sponsor du terrorisme mondial – mis à part Al-Qaeda. Il demande au renseignement de déterminer une possible assistance étatique aux attentats du 11 septembre – excepté l'Irak. Il explore toutes les voies possibles sur l'origine de l'anthrax – excepté la piste irakienne. Et beaucoup tombent dans le panneau.
5 – Le Pentagone finit par se marcher sur les pieds. Il cite officiellement l'Irak parmi les sponors du jihad islamique égyptien. Bien. Mais ce qu'a oublié l'auteur du rapport, c'est que les kamikazes du jihad islamique égyptiens sont des affiliés d'Al-Qaeda depuis juin 2001. Ils portent des bandanas rouges qui les distinguent de leurs concurrents. C'est le cas des jihadistes du Vol 93 qui se sont écrasés en Pennsylvanie. Au final, le Pentagone ne sait même pas mentir correctement…
Comme me l'écrit Laurie Mylroie encore hier, "l'administration est dans de beaux draps. Elle a voulu ménager la chèvre et le chou, éteindre la polémique sur les erreurs précédant l'attaque terroriste tout en visant sa source. C'est une erreur monumentale. Aujourd'hui, les Américains ne savent pas pourquoi ils sont en guerre, et une bonne moitié d'entre eux s'apprête à porter à la présidence Barack Obama, qui sera encore plus faible que Clinton sur les affaires de sécurité nationale.
L'Irak est le conflit le plus justifié depuis l'entrée en guerre des Etats-Unis après Pearl Habor, mais le carriérisme des élites de Washington a tout ruiné. Nous ne savons pas encore comment tout cela va se terminer, mais vu la manière dont ça a commencé, je suis pessimiste."
Washington ?
Conclusion de cette article les dirigeants et associés de l’Amérique sont et pour
longtemps les plu grands terroristes de la terre et il faut le diffuser largement!!!
Comme dit Poutine « tout cela va finir par revenir dans la … des occidentaux » !!!
Combien coûte la guerre en Irak ? Cher, très cher. Et pas seulement à l’économie américaine. Joseph Stiglitz, le Prix Nobel d’économie, et Linda Bilmes,professeur à Harvard, spécialiste des questions budgétaires, estiment qu’elle a déjà coûté 3 000 milliards de dollars aux Etats-Unis, dans un livre intitulé The Three Trillion Dollar : The True Cost of the Iraq Conflict (éditions W. W. Norton, sortie le 3 mars). Une commission du Congrès devrait se pencher sur la question, jeudi 28 février, et auditionner Joseph Stiglitz, qui devrait répéter ce qu’il a écrit dans ce livre :Bush s’est fourvoyé sur les bénéfices et les coûts de la guerre en Irak. Le coût des opérations a déjà dépassé celui des douze ans de la guerre du Vietnam, et représente le double du coût de la guerre de Corée . Les Etats-Unis dépensent pour la guerre 16 milliards de dollars par mois, soit l’équivalent du budget annuel de l’ONU. Joseph Stiglitz et Linda Bilmes indiquent que les 3 000 milliards de dollars auraient pu financer la construction de 8 millions de logements, 15 millions de professeurs, les soins de 530 millions d’enfants, des bourses d’études pour 43 millions d’étudiants, offrir une couverture sociale pour cinquante ans aux Américains. Le Prix Nobel remarque que les Etats-Unisne versent que 5 milliards de dollars pour l’aide au développement en Afrique, et craignent d’être dépassés par la Chine. Cinq milliards de dollars, ce sont dix jours de combat de l’armée américaine.TOUTE L’ECONOMIE MONDIALE EN PAIE LE PRIX . Les auteurs s’attaquent surtout au mythe qu’une guerre est toujoursbonne pour l’économie. L’un des buts de la guerre était de sécuriserles approvisionnements pétroliers, relèvent-ils. En cinq ans, le baril est passé de 25 dollars à 100 dollars, note le Prix Nobel d’économie. « Les gens ne s’attendaient pas à ce que l’économie remplace la guerre comme thème dans les élections », explique Joseph Stiglitz dans le Guardian.L’un des enseignements du livre est de montrer que la guerre et la situation économique des Etats-Unis ne sont pas deux sujets distincts,mais un seul et même sujet. Surtout, les coûts de cette guerre dépassent la seule économie américaine pour toucher le système mondial. Parce que les Etats-Unis n’ont pas d’épargne, l’administration Bush doit emprunter à l’étranger, à la Chine, par exemple, observe les auteurs. « Le déficit de l’Amérique est tel qu’elle ne peut sauver ses propres banques. »Des établissements comme Citigroup ou Merrill Lynch, qui étaient l’orgueil de Wall Street, ont été contraints d’aller quémander des fonds auprès de fonds asiatiques ou moyen-orientaux pour ne pas sombrer. Au risque de perdre leur indépendance et de passer sous pavillon koweîtien ou singapourien.