Tunisie : l’heure de vérité

Par Chokri Hamrouni

  • S’attacher aux idéaux de liberté et de démocratie en même temps qu’insister sur le dialogue avec toutes les composantes de la société et ne jamais renoncer à l’action de tous les jours ne relève pas de l’utopie mais plutôt du bon sens.
  • Recentrer l’action politique sur le seul agenda national, réconcilier les Tunisiens avec l’action citoyenne et créer l’adhésion autour d’un projet d’avenir rassembleur qui évite à notre pays d’aborder les défis à venir en ordre dispersé
  • Point de distinction entre les différents projets que par leur dévouement pour la Tunisie et leur volonté de la débarrasser de toutes les formes d’exclusion

Lutter pour le bien être de son pays est un mérite qu’aucune forme d’animosité ne peut enlever. En Tunisie ceux qui le font dans l’anonymat ou sous le feu des médias, au prix de leur confort, de leur intérêt personnel sont de plus en plus nombreux. Ils n’appartiennent pas à un seul camp, à un seul espace ou à une seule catégorie. Ils sont partout : au pouvoir et dans l’opposition, en politique ou en sport, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays…

Ils expriment la richesse de notre pays en même temps que l’unité de son destin : deux valeurs fondatrices d’une tunisianité qui n’appartient à personne mais à tous les Tunisiens.

Ceux qui se complaisent dans l’affrontement, dans la négation de l’autre et dans le culte du  salvateur  providentiel sont bien malades de leurs certitudes. Enfermés dans un schéma de pensée simpliste et figeant : « l’autre a toujours tort. Par conséquent, on a nécessairement raison ! »…Trop occupés, à regarder du côté des adversaires, ils oublient de « balayer devant leurs propres portes ». Ils se coupent  ainsi de la réalité et se refugient dans un monde fantasmatique et sclérosé.  Ceux-là, comme les premiers, sont partout : au pouvoir et dans l’opposition, en politique et en sport, à l’université et dans l’entreprise, à l’intérieur et à l’extérieur du pays…  

Dos à dos, les tenants de la politique du « tout ou rien », du « quitte ou double », du « après moi le déluge »… se sont rendus coupables – à  des degrés variables – de la situation de blocage actuel. Ils se doivent d’entamer, sans plus tarder leur examen de conscience. Il y va de leur honneur, il y va de la grandeur de notre pays.

L’opposition dont certains représentants se distinguent souvent par l’absence d’aucune forme d’existence sociale, se complaisant dans leur vocation d’opposants jusqu’à en devenir des professionnels à plein temps, des irréductibles qui ne font que s’opposer mais rarement proposer. Et lorsque parfois, ils sont interpellés par leurs concitoyens, que leur proposent-ils? Le vide! En attendant le plein emploi, la pleine prospérité, le plein bonheur lorsqu’ils auront conquis le pouvoir! Plus décevant encore, ils confondent dangereusement rupture et élimination, patriotisme et clanisme! Quelle gloire à tirer lorsque la Tunisie est pointée du doigt, lorsque son intelligence et son honneur sont malmenés!? Malheureusement, la Tunisie on a appris à la détester, à la mépriser et plus rien ne résiste à notre désir de vengeance…Une entreprise de destruction, un jeu de massacre auxquels nous nous sommes adonnés sans aucune forme de regret et avec une impassibilité déroutante.

Hélas ne rien faire sous prétexte que ceci servirait les intérêts des adversaires ou bien travestir la réalité en la catastrophant pour mieux affaiblir le pouvoir procède d’une périlleuse politique de pourrissement doublement pénalisante pour l’ensemble des Tunisiens.    

Tout d’abord, elle retarderait le salut et empêcherait toute réforme en structurant la médiocrité et en familiarisant les Tunisiens avec ses différentes manifestations (corruption, assistanat, arrivisme, délation, démission, fatalisme, déloyauté, etc.).

Ensuite, elle priverait la nation du concours d’une partie de ses enfants parmi les plus avisés et couperait par conséquent le pays en deux : ceux qui l’auraient confisqué et ceux qui l’auraient abandonné. Ces deux catégories de Tunisiens sont aussi coupables l’une que l’autre. 

Le patriotisme est un sport national qui se joue à dix millions…Tout le monde gagne en même temps. Et dans cet exercice vaut mieux être solidaire que solitaire. La Tunisie sera plus forte et plus belle lorsqu’elle cessera d’être une soustraction et deviendra une addition de tous ses enfants qui veulent la servir !

La Tunisie ne doit pas rester tiraillée entre ceux qui la rêvent trop pour pouvoir la faire, et ceux qui la font trop pour pouvoir la rêver et la penser…La Tunisie doit être un dosage subtil entre ce qu’elle est et ce qu’elle devrait être, une idée simple qui s’appelle : « tunisianité » !

Cette tunisianité n’est pas à bricoler et encore moins à inventer…elle existe déjà…il faut tout simplement l’explorer ! 

S’attacher aux idéaux de liberté et de démocratie en même temps qu’insister sur le dialogue avec toutes les composantes de la société et ne jamais renoncer à l’action de tous les jours ne relève pas de l’utopie mais plutôt du bon sens. D’un processus réfléchi et patient qui réclame des phases de déploiement et de redéploiement plutôt que d’hyperactivité et d’inaction.

Tout redevient possible dès lors que le clanisme, le factionnalisme et l’esprit partisan cèdent à l’indispensable sursaut national… Recentrer l’action politique sur le seul agenda national, réconcilier les Tunisiens avec l’action citoyenne et créer l’adhésion autour d’un projet d’avenir rassembleur qui évite à notre pays d’aborder les défis à venir en ordre dispersé…devraient être les priorités nationales. Impliqué comme devrait l’être tout un chacun dans la promotion de ce projet de cohésion nationale, engagé dans cette voie avec conviction et détermination, j’annonce mon renoncement à toute appartenance partisane au CPR afin que je puisse retrouver une certaine liberté de jugement et continuer à défendre cette Tunisie ouverte et tolérante que j’appelle de tous mes v?ux.

En 2009, les Tunisiens seront appelés à voter pour élire leur président et leurs représentants. Certains candidats ont jugé utile de se lancer très tôt dans la campagne.  Faisons en sorte que le candidat du rassemblement puisse bénéficier du plus large soutien possible. Plaçons ce rendez-vous sous le signe de l’ouverture et d’une Tunisie réconciliée, apaisée et tournée vers l’avenir… 

Ayons le courage et la lucidité de soutenir le candidat de l’ouverture même s’il se trouve parmi nos adversaires. Mais en même temps, combattons le candidat de l’exclusion et de la pensée unique, même s’il est parmi nos amis. Point de distinction entre les différents projets que par leur dévouement pour la Tunisie et leur volonté de la débarrasser de toutes les formes d’exclusion.

Emancipons-nous de tous les carcans personnels et partisans ! Avançons à visages démasqués…Et luttons pour le seul projet qui vaille : la Tunisie.

Chokri HAMROUNI, Politologue. – Paris, le 25 février 2008

Par Chokri Hamrouni

  • S’attacher aux idéaux de liberté et de démocratie en même temps qu’insister sur le dialogue avec toutes les composantes de la société et ne jamais renoncer à l’action de tous les jours ne relève pas de l’utopie mais plutôt du bon sens.
  • Recentrer l’action politique sur le seul agenda national, réconcilier les Tunisiens avec l’action citoyenne et créer l’adhésion autour d’un projet d’avenir rassembleur qui évite à notre pays d’aborder les défis à venir en ordre dispersé
  • Point de distinction entre les différents projets que par leur dévouement pour la Tunisie et leur volonté de la débarrasser de toutes les formes d’exclusion

Lutter pour le bien être de son pays est un mérite qu’aucune forme d’animosité ne peut enlever. En Tunisie ceux qui le font dans l’anonymat ou sous le feu des médias, au prix de leur confort, de leur intérêt personnel sont de plus en plus nombreux. Ils n’appartiennent pas à un seul camp, à un seul espace ou à une seule catégorie. Ils sont partout : au pouvoir et dans l’opposition, en politique ou en sport, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays…

Ils expriment la richesse de notre pays en même temps que l’unité de son destin : deux valeurs fondatrices d’une tunisianité qui n’appartient à personne mais à tous les Tunisiens.

Ceux qui se complaisent dans l’affrontement, dans la négation de l’autre et dans le culte du  salvateur  providentiel sont bien malades de leurs certitudes. Enfermés dans un schéma de pensée simpliste et figeant : « l’autre a toujours tort. Par conséquent, on a nécessairement raison ! »…Trop occupés, à regarder du côté des adversaires, ils oublient de « balayer devant leurs propres portes ». Ils se coupent  ainsi de la réalité et se refugient dans un monde fantasmatique et sclérosé.  Ceux-là, comme les premiers, sont partout : au pouvoir et dans l’opposition, en politique et en sport, à l’université et dans l’entreprise, à l’intérieur et à l’extérieur du pays…  

Dos à dos, les tenants de la politique du « tout ou rien », du « quitte ou double », du « après moi le déluge »… se sont rendus coupables – à  des degrés variables – de la situation de blocage actuel. Ils se doivent d’entamer, sans plus tarder leur examen de conscience. Il y va de leur honneur, il y va de la grandeur de notre pays.

L’opposition dont certains représentants se distinguent souvent par l’absence d’aucune forme d’existence sociale, se complaisant dans leur vocation d’opposants jusqu’à en devenir des professionnels à plein temps, des irréductibles qui ne font que s’opposer mais rarement proposer. Et lorsque parfois, ils sont interpellés par leurs concitoyens, que leur proposent-ils? Le vide! En attendant le plein emploi, la pleine prospérité, le plein bonheur lorsqu’ils auront conquis le pouvoir! Plus décevant encore, ils confondent dangereusement rupture et élimination, patriotisme et clanisme! Quelle gloire à tirer lorsque la Tunisie est pointée du doigt, lorsque son intelligence et son honneur sont malmenés!? Malheureusement, la Tunisie on a appris à la détester, à la mépriser et plus rien ne résiste à notre désir de vengeance…Une entreprise de destruction, un jeu de massacre auxquels nous nous sommes adonnés sans aucune forme de regret et avec une impassibilité déroutante.

Hélas ne rien faire sous prétexte que ceci servirait les intérêts des adversaires ou bien travestir la réalité en la catastrophant pour mieux affaiblir le pouvoir procède d’une périlleuse politique de pourrissement doublement pénalisante pour l’ensemble des Tunisiens.    

Tout d’abord, elle retarderait le salut et empêcherait toute réforme en structurant la médiocrité et en familiarisant les Tunisiens avec ses différentes manifestations (corruption, assistanat, arrivisme, délation, démission, fatalisme, déloyauté, etc.).

Ensuite, elle priverait la nation du concours d’une partie de ses enfants parmi les plus avisés et couperait par conséquent le pays en deux : ceux qui l’auraient confisqué et ceux qui l’auraient abandonné. Ces deux catégories de Tunisiens sont aussi coupables l’une que l’autre. 

Le patriotisme est un sport national qui se joue à dix millions…Tout le monde gagne en même temps. Et dans cet exercice vaut mieux être solidaire que solitaire. La Tunisie sera plus forte et plus belle lorsqu’elle cessera d’être une soustraction et deviendra une addition de tous ses enfants qui veulent la servir !

La Tunisie ne doit pas rester tiraillée entre ceux qui la rêvent trop pour pouvoir la faire, et ceux qui la font trop pour pouvoir la rêver et la penser…La Tunisie doit être un dosage subtil entre ce qu’elle est et ce qu’elle devrait être, une idée simple qui s’appelle : « tunisianité » !

Cette tunisianité n’est pas à bricoler et encore moins à inventer…elle existe déjà…il faut tout simplement l’explorer ! 

S’attacher aux idéaux de liberté et de démocratie en même temps qu’insister sur le dialogue avec toutes les composantes de la société et ne jamais renoncer à l’action de tous les jours ne relève pas de l’utopie mais plutôt du bon sens. D’un processus réfléchi et patient qui réclame des phases de déploiement et de redéploiement plutôt que d’hyperactivité et d’inaction.

Tout redevient possible dès lors que le clanisme, le factionnalisme et l’esprit partisan cèdent à l’indispensable sursaut national… Recentrer l’action politique sur le seul agenda national, réconcilier les Tunisiens avec l’action citoyenne et créer l’adhésion autour d’un projet d’avenir rassembleur qui évite à notre pays d’aborder les défis à venir en ordre dispersé…devraient être les priorités nationales. Impliqué comme devrait l’être tout un chacun dans la promotion de ce projet de cohésion nationale, engagé dans cette voie avec conviction et détermination, j’annonce mon renoncement à toute appartenance partisane au CPR afin que je puisse retrouver une certaine liberté de jugement et continuer à défendre cette Tunisie ouverte et tolérante que j’appelle de tous mes v?ux.

En 2009, les Tunisiens seront appelés à voter pour élire leur président et leurs représentants. Certains candidats ont jugé utile de se lancer très tôt dans la campagne.  Faisons en sorte que le candidat du rassemblement puisse bénéficier du plus large soutien possible. Plaçons ce rendez-vous sous le signe de l’ouverture et d’une Tunisie réconciliée, apaisée et tournée vers l’avenir… 

Ayons le courage et la lucidité de soutenir le candidat de l’ouverture même s’il se trouve parmi nos adversaires. Mais en même temps, combattons le candidat de l’exclusion et de la pensée unique, même s’il est parmi nos amis. Point de distinction entre les différents projets que par leur dévouement pour la Tunisie et leur volonté de la débarrasser de toutes les formes d’exclusion.

Emancipons-nous de tous les carcans personnels et partisans ! Avançons à visages démasqués…Et luttons pour le seul projet qui vaille : la Tunisie.

Chokri HAMROUNI, Politologue. – Paris, le 25 février 2008

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