Rachid Kaci, conseiller technique de Nicolas Sarkozy sur les questions de diversité et de politique de la ville , a accordé une fort intéressante interview au Bondy blog, à propos des événements de Villiers-le-Bel : "J’ai toujours considéré que ces événements de banlieue étaient la conséquence d’une situation sociale extrêmement tendue et désastreuse. Je n’ai jamais pensé que ces émeutes-là, contrairement à ce que certains estimaient dans mon parti, l’UMP, avaient à voir avec la religion, l’ethnie d’origine ou l’immigration. A Villiers-le-Bel, nous avons assisté à une révolte sociale suite au décès de deux gamins – la lumière devant être faite par la justice sur les circonstances de leur mort. Mais cette explosion de violence n’a été possible qu’en raison d’un profond malaise social. Pour autant, je ne justifie pas les agressions contre la police ou contre les pompiers.


L’exaspération sociale est telle qu’à partir du moment où il se passe quoi que ce soit de grave, la responsabilité, dans l'esprit gens en révolte, en incombe forcément aux institutions." Mais Sarkozy n'a-t-il pas affirmé le contraire ? Kaci le justifie au prix d'une belle contorsion : "Le président de la République n’a pas dit qu’il n’y avait pas de problèmes sociaux en banlieue. Il pense, et je pense exactement la même chose, que ceux qui souffrent le plus ne cassent pas et ne brûlent pas. Dans cette affaire, on a quand même tiré sur des flics. Et ceux qui ont tiré sont des voyous. Ce que je veux dire, c’est que le malaise est tel que ces situations sont rendues possibles. Mais ceux qui les fomentent, en montant des gamins contre les représentants des institutions, sont des voyous. Quand le président de la République dit qu’il ne s’agit pas d’un problème social, il veut dire que rien ne justifie de tirer contre des policiers." Merci de la traduction, on croyait bêtement que Sarkozy parlait le français. Il a dit exactement, pour rappel : "Ce qui s'est passé à Villiers-le-Bel n'a rien à voir avec une crise sociale, ça a tout à voir avec la voyoucratie" – reprenant au passage un mot de Le Pen comme le remarque le camarade Fontenelle. La conclusion est livrée par le blogueur RichardTrois : "Nicolas Sarkozy peut se permettre tous les amalgames, tous les racolages et peut permettre de s'approprier le discours et les mots du Front National parce que Rachid Kaci, Fadela Amara et Rachida Dati sont là pour la caution, pour le dédouaner." Bien vu.

Mise à jour : un commentateur du blog Plume de presse, dans le fil de discussion lié à ce billet , nous signale un article du Figaro titré Les conseillers de l'Elysée désormais priés de se taire, qui explique qu'ils ont reçu une note leur interdisant "toute intervention officielle" et même "tout contact informel" avec des journalistes, sauf autorisation contraire. Le papier précise : "c’est aussi l’interview accordée par le conseiller élyséen Rachid Kaci à un blog sur la banlieue (Bondyblog), qui a contrarié l’Élysée. «J’avais pourtant demandé l’autorisation à M. Guéant», prévient celui-ci." Ca n'a visiblement pas suffi à empêcher l'ire du Président, non plus que les savantes circonvolutions de Kaci pour prétendre qu'il ne contredisait pas la position officielle…