Le programme nucléaire iranien qui tourmente les chancelleries occidentales provoque une réaction en chaîne dans tout le Proche et Moyen Orient : une douzaine de pays de la région ont en effet annoncé leur désir de se doter de centrales d'énergie nucléaire ! Un fait que les analystes lient indubitablement à la course iranienne et au désir de ces nations de ne pas laisser basculer le fragile équilibre des relations de force dans la région.

Les déclarations et les événements se succèdent à un rythme qui s'accélère. Tout a commencé le 6 septembre, avec une attaque-surprise de l'aviation israélienne sur des installations syriennes suspectées abriter du matériel destiné à la recherche nucléaire. À la fin du mois d'octobre, le président égyptien Hosni Mubarak annonçait le lancement d'un programme nucléaire. Le 9 novembre, c'était au tour du Parlement turc d'approuver la construction de centrales nucléaires. Abdallah II, roi de Jordanie, a quant à lui confirmé le 19 novembre le lancement d'un programme nucléaire dans son pays. Les pays du Golfe ne sont pas en reste puisqu'ils multiplient ces derniers temps les contacts dans le domaine du nucléaire civil.

Selon Robert J. Einhorn, expert du Centre d'Études stratégiques et internationales de Washington, il est clair que cette multiplication accélérée d'événements liés au nucléaire au Proche et Moyen-Orient est une conséquence des avancées de Téhéran dans le domaine du nucléaire et révélateur du souci de ces pays de ne pas laisser l'Iran devenir la seule puissance nucléaire de la région. Cette agitation et ces déclarations sont autant de signes envoyés à Mahmoud Ahmadinejad le président iranien, mais aussi à l'Occident. Le message est clair : soyez plus ferme avec l'Iran sinon ce n'est pas un, mais plusieurs dossiers que vous aurez à traiter !

Mais comment réagir alors que l'augmentation constante du prix des ressources énergétiques classiques justifie par lui seul le désir des pays qui en manquent de se lancer dans la production d'énergie nucléaire même si, dans un premier temps, accéder à la capacité de pouvoir fabriquer des armes nucléaires n'est pas leur souci majeur ?

De plus, on assiste au développement d'une concurrence effrénée entre les entreprises privées du secteur, qui ne veulent pas laisser échapper un marché potentiel si riche et si actif dans le domaine. C'est le cas du géant français Areva, qui dispose en outre de l'appui inconditionnel du président Sarkozy, comme nous l'avons vu en Libye. Les Russes ont signé des accords avec les Iraniens et les Américains sont actifs dans la zone du Golfe.

Il ne faut pas non plus oublier la Corée du Nord qui est très active dans la région et qui n'hésite pas à proposer ses bons offices au pays que les entreprises privées, dans un ultime sursaut de bonne conscience, ne veulent pas fournir.

En conclusion, on peut dire que le secteur nucléaire est en pleine effervescence dans cette région qui est la plus explosive du Globe.  On peut y remarquer un malaise croissant qui noue ou rompt les relations entre les États. Pour preuve : aucun pays arabe n'a publiquement condamné le raid israélien en Syrie. Un silence qui, selon les analystes, est très révélateur.