Allez voir ce film !

Vraiment.

N’allez pas croire que c’est une parodie ou une énième pantalonnade navrante capitalisant sur la popularité de Jean Dujardin auprès des djeuns.

N’allez pas croire non plus que c’est « une critique acerbe du microcosme de la publicité ».

C’est bien plus que ça.

C’est une critique de ce que nous sommes, de ce que notre monde est devenu. C’est une critique de notre humanité occidentale dont la publicité est à la fois la cause et le symptôme.

Tout est là. Tout le XXIème siècle est là.

C’est impitoyable, brillant, lucide, ricanant.

C’est une œuvre qui a enfin compris et assimilé cette juxtaposition philosophique, permanente et contradictoire que nous impose notre époque.

Il y a la critique et la critique de la critique (le film a la lucidité de conclure sur sa propre vanité et le fait qu’il utilise les outils de ce qu’il dénonce). Il y a la déification du « je » (Jean Dujardin qui est véritablement un Christ moderne car il endosse son époque) et  la futilité du « je » (tout est provisoire).  Il y a la destruction des apparences et le renforcement des apparences (la scène de la pub Kinder  probablement une des scènes les plus importantes du film). Il y a la recherche d’un contrepouvoir (la révolte individuelle) et le constat de son inutilité. Il y a le choix (chut ! rupture géniale de convention) et l’illusion de ce choix ( tout notre imaginaire qu’il soit chute ou happy end est conditionné par une imagerie publicitaire : les bons sauvages et l’amour de carte postale (pétrochimique)).

Au final, il n’y a plus qu’une seule chose qui peut permettre à un homme de prendre conscience et de rester debout : l’amour. L’amour d’une femme. Ou l’amour d’un père.

Ca a l’air naïf mais c’est plus profond qu’il n’y paraît parce que c’est beaucoup plus compliqué.

C’est là que l’on retrouve Jan Kounen, l’explorateur des spiritualités non occidentales (L’Etreinte, Autre Monde et l’incompris Blueberry) avec comme seul espoir, comme dernier recours, cette pulsion de vie primitive qui vous renvoie d’une pichenette sublime dans le monde des vivants.

Jan Kounen en liberté totale dans sa mise en scène qui tutoie des sommets d’inventivité et de virtuosité ou rien n’est jamais gratuit où tout ajoute du sens.

Jan Kounen qui prouve que quand le cinéma français se sort les doigts qu’il a dans le cul et qui lui donnent  l’air pincé, il est capable de faire de grandes choses.

La seul comparaison qui me vient en l’esprit autant au niveau de la forme que du fond, c’est Fight Club.

Pas moins et 99F c’est peut être même plus.

Mon seul regret est de ne pas m’être pris ce film en pleine face quand j’avais 16 ans parce que c’est ce genre d’œuvre qui vue au bon moment peuvent vous changer une vie.

Comme disait Christiane Berton, 56 ans, à la sortie de 99F :

« Ca faisait longtemps que je n’avais pas vu un film aussi bon. Si un jour on doit prendre un film pour résumer ce que fut le XXème siècle, ce sera celui là. »

Alors, allez voir ce film !