Un mois après l’édition 2012 de l’E3 (qui est le plus important salon de l’industrie vidéoludique) et après les différentes annonces traditionnelles du mois de Juin des différents constructeurs et éditeurs à propos des nouveautés pour l’an prochain, un constat est -rapidement- fait : pas de 3D à l’horizon. Et pourtant, si nous pouvions faire un bond en arrière jusqu’en 2010 et ce même E3 de Los Angeles, cette constatation pourrait en surprendre plus d’un.

En effet, il y a de cela deux ans, le grand monde du jeux vidéo vivait une petite révolution avec la démocratisation de la technologie 3D-relief. Les trois mastodontes que sont Microsoft, Sony et Nintendo avaient ainsi mis l’accent sur cette fonctionnalité annoncée comme un grand bouleversement, tel que le passage des jeux de deux à trois dimensions. 
Force est de constater qu’à l’heure où sont rédigées ces lignes, le succés prédit aux jeux en relief n’est pas au rendez-vous. Néanmoins (et avec un certain recul), ce flop peut aujourd’hui paraitre comme normal au vue des contraintes vis à vis des joueurs. 
Cela devait être LA grande avancé du Jeu Vidéo et pourtant, deux ans plus tard, la 3D (à ne pas confondre avec les jeux dont les graphismes sont en trois dimensions) peine à débarquer dans les consoles des "gamers". Pire encore, la stratégie des grands développeurs semble se détacher totalement de cette optique.
Alors, d’où est venu cet échec ? Problème de technologie ? Non-demande des joueurs ? Mauvaise communication ? 

 

Tout commence à l’E3 2010

 

15 Juin 2010 à Los Angeles, Nintendo annonce, via sa conférence de l’E3, sa nouvelle console portable : la 3DS. Une particularité de celle-ci, et non des moindres, est la possibilité de jouer aux jeux en relief, sans le port habituel de lunettes. L’introduction d’un tel écran dans le marché réside comme l’un des points culminants d’un Electronic Entertainment Expo 2010 marqué par l’omniprésence de la technologie du jeu en relief. Ainsi, Sony s’engage également dans ce que certains annoncent déjà comme un gadget. L’éditeur nippon communique sur l’arrivée imminente de jeux compatibles avec la vision stéréoscopique (nécessitant le port de lunettes) et l’adaptation de certains "hits" sur sa PlayStation 3. La firme en profite pour faire la promotion d’un nouvel écran spécialement dédié à cet effet. Microsoft reste le seul du "Big three" à rester discret sur le sujet, n’hésitant tout de même pas à faire la promotion de quelques jeux adaptés à la 3D durant sa conférence (Batman notamment). À l’issue de ce salon, l’avenir de la technologie relief parait, aux yeux d’une majorité d’observateurs, lancée sur de bons rails. Entre Nintendo et sa 3DS dédiée à l’auto-stéréoscopie (qui faisait part de nombreuses critiques, notamment pour les gènes durant le jeu dues aux lunettes), et Sony bien décidé à donner un second souffle à ses anciennes licences grâce à cela, les géants du Jeux Vidéo paraissent alors prêts pour cette "révolution du relief".

 

Un engouement issu du cinéma


Si le monde de l’industrie vidéoludique porte un certain intérêt sur l’expérience qu’offre la 3D relief, c’est que le public semble en être friand. En effet, avant toutes choses, le grand public découvre massivement les possibilités de la vision stéréoscopique dans les salles obscures. C’est notamment "Avatar", film de James Cameron, et ses 281 millions d’entrées dans le monde (plus grand succés de tout les temps) qui fait le trait d’union entre cette technologie et le public dès la fin 2009. Bon nombre de films, très souvent de grands blockbusters hollywoodiens, emboîtent le pas et, très vite, les salles de cinéma s’équipent de matériels permettant de projeter des films en 3D, conscient de la demande croissante des spectateurs. Les possibilités d’immersions qu’offrent la vision relief font alors saliver plus d’un joueur, s’imaginant immergé au sein d’un champs de bataille ou d’un stade de foot. L’apparition de téléviseurs et de lecteurs blu-ray 3D se fait rapidement pour des particuliers qui rêvent d’une même expérience à domicile.

 

Derrière cela, des contraintes 

 

Malheureusement, bon nombre de ces acquéreurs vont être déçus par la qualité relativement basse du relief offert par ces téléviseurs, très loin de celle offerte par des salles "Imax". Un défaut supplémentaire qui vient s’ajouter à une liste déjà longue. Dès lors, la 3D au jeux vidéo est voué à l’échec. De part le port de lunettes, critiquées par un grand nombre de consommateurs, jugées contraignantes à l’usage. La 3DS, qui ne fait pas objet de ces critiques est, quant à elle, décriée par le mal de tête qu’elle provoque à l’usage, Nintendo étant même obligé d’inscrire des messages d’avertissements. La faible quantité de jeux et le prix des téléviseurs résident comme des véritables freins à la croissance de la 3D dans les Jeux Vidéo. D’autre part, nombreux sont les "puristes" (ou "Hardcore Gamers") qui se liguent contre la stratégie des constructeurs, jugeant la 3D relief comme un simple gadget. Tout ces défauts provoque un accueil relativement médiocre de la part des joueurs, la 3DS étant un exemple de choix : un prix vite abaissé et un nombre de vente en forte baisse. Il en est de même pour Sony qui communique alors de moins en moins à ce sujet, jusqu’à faire preuve du plus grand silence sur l’avenir de la 3D dans les dernières conférences majeures. Aujourd’hui, si le Cinéma a su conserver les mêmes retours pour la technologie relief au sein de ses salles, le Jeux Vidéo n’a pas su relever ce défi, freiner par les contraintes dû à une technologie trop peu évoluée ou trop chère pour des installations non-professionnelles.