Après une journée de travail harassante, on rentre chez soi pour aspirer à un peu de repos. On allume son poste de télévision pour trouver un peu de distraction dans un soap ou une émission. Rire, s’évader de la réalité, pour oublier les traces de la vie quotidienne, certains ont dit que la télévision était l’opium du peuple, ils n’avaient pas tort. Une lucarne sur le monde, une fenêtre sur ce qui nous entoure, mais une vision étriquée, montrant uniquement ce qu’elle doit, ou veut, montrer.

L’audiovisuel peut fasciner mais il peut aussi susciter l’exaspération, non pas par le bas niveau des programmes, mais par des coupures lacérant l’unité des émissions, la publicité. Des spots promotionnels vantant les mérites de tels ou tels produits, réussissant à nous les rendre inévitables, se multiplient et gagnent du terrain sur tous les supports. On feuillette un magazine ou un journal et on se retrouve comme agressé par des photographies stylisées tentant de faire passer par l’image la douce odeur venimeuse d’une flagrance concoctée par les nez d’une grande marque.

On écoute la radio, on se met à chanter quand tout à coup, on entend qu’un supermarché dont le nom se résume à une lettre fait la promotion d’entrecôtes, de patates douces et de produits vaisselles. John Lennon prônant la paix dans le monde suivit par des morceaux de viandes à prix réduits, quelle tristesse. Un monde où l’argent ne compte plus, l’amour et la fraternité flottent dans l’air allégé du fardeau de la concurrence et de la haine, un idéal utopiste relégué par un monde où l’argent compte, où même quelques centimes peuvent paraître une fortune sur le kilo d’orange.

Retour à domicile, confortablement assis dans le canapé familial, l’écran plat HDTV 3D 117cm de diagonale est allumé, on suit la quête « réelle » de fermiers attardés à la recherche de l’amour, ou de cuisiniers stressant car ils ont raté le nappage de leur assiette de bœuf carottes, quand notre émission se retrouve brutalement hachurée. Le jingle pub nous réveille de notre séance d’hypnose. Une frontière sonore nous faisant passer le cap d’un matraquage intempestif de réclames.

On est lancé dans une succession d’images et de sons martelant le cerveau pour nous inciter à consommer. On dénote certains chefs d’œuvre, où comment en quelques minutes à peine, résumer la quintessence d’une entreprise, mais la plus part des publicités frôlent la débilité avec un grand D.  

De la misogynie avec Chantal qui aurait oublié le Cantal, en nous faisant croire que ce ne sont que les femmes qui vieillissent, ont des rides, ont besoin de se laver les cheveux, doivent se mettre du déodorant ou ont une existence cantonnée à la cuisine et à l’éducation des enfants. 

De drôles de coïncidences avec  l’actualité, louer les avantages d’une compagnie de croisière, alors qu’un navire de prestige s’est échoué peu de temps avant, relève de l’’humour noir. Des comédies musicales déviées pour que l’on mange de la purée. La pub pratique le mensonge à outrance, aucun gel douche n’attire les femmes par milliers une fois que l’on s’est badigeonné le corps avec. Elle nous trompe avec les restaurants rapides garantissant que leurs produits sont sains et sans risque pour la santé. Elle donne vie et personnifie des voitures, perdant leur statut de véhicule pour devenir des monstres de puissance déployant une force inouïe sous le capot.

A force de rester devant le petit écran, on perd notre essence pour devenir des légumes conditionnés à acheter des objets dont on n’a pas besoin. Le pire, c’est que ce désir crée de toutes pièces pour générer de l’argent et enrichir de riches actionnaires, devient pour nous, consommateur, une question de vie ou de mort. Ne pas avoir le nouveau joujou, produit dans des usines esclavagistes, d’une marque en forme de fruit, est une chose impensable pour certains accrocs.

 

Bref, pour ne pas être aliéné par des images, des vidéos et des sons, des produits, des objets et des outils, sortons ! Pratiquer l’esprit critique et la raison pour ne pas être prisonnier d’engins manufacturés devant rester à l’état d’accessoires et rien de plus.