"Je suis candidat. (…) La présidence est une fonction et non un métier…". C’est ce qu’on peut retenir de l’annonce de Youssou N’dour, le lundi 02 janvier dernier, sur sa décision de se présenter à l’élection présidentielle sénégalaise prévue pour le 26 février 2012. Artiste musicien internationalement connu et probablement le plus célèbre au pays de Senghor, "l’enfant de la Médina" vient ouvrir encore le débat sur le profil idéal pour être présidentiable.
Dans les réflexions populaires, occuper le poste de président semble ne pas être donné à tout le monde. On considère ce travail comme le plus important de tous car il consiste à conduire la destinée d’un peuple, d’une nation. On a le pouvoir, on bénéficie de tous les honneurs, on a les clés de toutes les portes, bref! c’est la tâche suprême en quelque sorte. Pour un tel boulot, que faut-il attendre du C.V du postulant? Doit-on exiger un tableau de chasse bardé de gros diplômes? Ou pas tant que ça, mais la mise en avant d’un certain bagage intellectuel et d’une somme d’expériences professionnelles? Ou même rien de tout cela, mais juste et seulement l’énumération d’une kyrielle de choses qui montre qu’on a une célébrité dans son pays?
Il est clair qu’on ne peut guider un peuple si celui-ci ne nous connaît pas, car en démocratie, c’est bien le peuple qui choisit son président. Reste à savoir maintenant s’il est suffisant d’être célèbre, et rien que ça, pour être président. On sait aussi que c’est sur le terrain politique que s’échauffent généralement les occupants des palais présidentiels. Ils y arrivent avec, naturellement un niveau intellectuel acceptable et un bon parcours dans l’administration.
Mais de plus en plus, on voit que d’autres personnalités veulent être à la magistrature suprême de leur pays, sans s’être mouillées sur le plan politique. En Haïtie, le président s’appelle Michel Martely et il a séduit ceux qui l’ont voté grâce à ses talents d’artiste-musicien. Lors de la dernière élection présidentielle en Côte d’ivoire, le comédien Adama Dahico était candidat, et ne jouait pas la comédie lorsqu’il nourrissait le désir de diriger son pays. On se souvient encore de la candidature de Georges Weah au Libéria, qui voulait profiter de sa renommée de footballeur talentueux pour être président. La dernière candidature "pas comme les autres" est bien celle de Youssou N’dour au Sénégal, qui semble décidé à mettre sous l’éteignoir les Wade et autres. Aussi, un des anciens présidents américains, Ronald Reagan, était d’abord acteur de cinéma avant de séjourner à la maison blanche.
On se rend donc compte que cette "race" de postulants à la fonction de président tirent leur notoriété sur le plan artistique. Alors peut-on croire que le costume de président peut-être porté par tout le monde, pourvu que le candidat soit aimé par le peuple, quelque soit la façon dont celui-ci le connaît? Ne doit-il pas être uniquement dans la garde-robe des politiciens, qui eux semblent plus outillés pour la gestion d’un état? Mais de toutes les façons, c’est le peuple qui décide, et c’est lui seul qui choisit son président tel qu’il le veut.