Samedi matin, à l’heure où certains seront encore la tête dans l’oreiller, le XV de France défiera ce qui se fait de mieux sur la planète ovale : la Nouvelle-Zélande. Une rencontre qui a lieu dans le cadre de la traditionnelle tournée d’été qui veut que les équipes de l’hémisphère nord rendent visite à celles du Sud.
Une tournée à haut-risque pour le XV de France
Une tournée chez les All Blacks a toujours un aspect excitant. Le haka, l’ambiance électrique, la vitesse hallucinante des joueurs, leur technique irréprochable, la sensation de facilité qui se dégage de leur jeu. Ah ça oui ! C’est un régal de voir jouer les Néo-Zélandais. Mais historiquement, ces tournées d’été chez les Blacks ne sont pas que des bons souvenirs pour le XV de France. Les joueurs sont plus souvent rentrés avec les valises bien pleines qu’avec la satisfaction d’avoir gagné. La dernière victoire française en terre néo-zélandaise remonte à 2009, sous Marc Lièvremont et, imiter cet exploit semble aujourd’hui plus hypothétique que jamais.
Ces tournés d’été ne sont jamais une partie de plaisir pour les sélectionneurs. Elles ont le désavantage de se dérouler très peu de temps voir en même temps que les phases finales du Top 14, privant le staff de potentiels joueurs. Elles surviennent également à la fin d’une saison longue et éprouvante. A l’inverse, pour nos homologues du Sud, c’est le début de la saison. Ces tournées ne sont que de la préparation pour le Four Nation. Mais non, ce ne sont pas les traditionnels inconvénients des tournées qui rendent cette tournée-ci si risquée.
Car le XV de France traverse une des phases les plus compliqués de son histoire. Finaliste de la Coupe du monde 2011, l’équipe a peu à peu chuté dans le classement mondial. Sous le mandat de Philippe Saint-André (2011-2015), elle récolte même d’une dernière place au Tournoi des VI Nations 2013 et d’une piteuse élimination en quart de finale de la Coupe du monde 2015 contre les Blacks (62 à 13). Guy Novès, emblématique entraineur du Stade Toulousain, remplace Saint-André comme sélectionneur à la fin de la compétition. Mais deux ans seulement après le début de son mandat, il est débarqué après la tournée d’automne 2017 , un triste match nul contre le Japon et une série de sept matchs sans victoire, par le nouveau président de la FFR, Bernard Laporte.
Des espoirs fragiles
Jacques Brunel prend la suite de Guy Novès au terme d’une procédure qui fait encore aujourd’hui jaser. Moins titré mais tout aussi expérimenté, l’ancien sélectionneur de l’Italie, est plus que qualifié pour prendre la suite du Toulousain. Certes, lors du Tournoi 2018, le XV de France a terminé à la cinquième place mais, à la surprise générale, a battu l’Angleterre, ultra-favorite de la compétition. La 2eme place aurait même pu être possible, à condition de battre le Pays de Galles lors du dernier match. Elle échoue à deux petits points mais n’empêche ! Il y a eu des choses intéressantes de vu durant ce Tournoi. On a recommencé à gagner après une triste série sept matches sans victoire. Ce n’était pas très beau, ni très rapide mais ça a permis de gagner et de reconstruire une confiance en miette, ce qui est bien l’essentiel. Donc sans être renversante, le XV de France a livré une prestation honorable pendant le Tournoi quand beaucoup d’observateurs leur prédisaient l’enfer.
Mais arrive cette fameuse tournée d’été qui n’a pas réellement de quoi réjouir. La France, si elle s’est montré moins ridicule qu’attendu durant le Tournoi, est toujours à des années-lumières du niveau des Blacks. Une victoire relèverait du miracle !
Pour rappel, en 2017, la France terminait 3eme du Tournoi, une première depuis 2011. Puis vint la Tournée d’été contre l’Afrique du Sud en plein doute. Résultat : trois défaites et 109 points encaissés qui brisent les espoirs entrevu durant le Tournoi. Le président Bernard Laporte exige alors trois victoires en automne. Tournée d’automne où la France affronte la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud, le Japon et qui scelle le destin de Guy Novès à la tête des Bleus. Aujourd’hui, nous nous retrouvons dans une situation similaires. Des choses sont entrevus mais pas suffisamment pour espérer faire jeu égal contre la Nouvelle-Zélande. Quelles leçons seront à tirer si le fiasco de l’Afrique du Sud se répète ?
Aujourd’hui, la France n’est plus une nation majeure du rugby. S’attaquer aux Blacks n’aidera pas ce XV en pleine reconstruction à avancer, changer d’entraineur non plus. Le problème est davantage lié à l’organisation même du rugby français qu’à son équipe nationale. Championnat trop long, jeu trop violent, joueurs étrangers trop présents… les griefs sont nombreux. Aucun ne semble prêt d’être réglé pour autant. Si la Fédération et les entraineurs de Top 14 s’affichent main dans la main, on est encore loin d’une entente parfaite.
Samedi, je regarderais le match pour voir, pour espérer. Peut-être les Bleus ne seront-ils pas trop ridicules. Peut-être qu’un miracle aura lieu. Mais quand bien même, est-ce que cela nous permettra de retrouver notre gloire d’antan ? Il est permis d’en douter.