Une école, un incubateur de start-ups et maintenant des centaines de logements. Les projets de Xavier Niel se multiplient et donnent de la crédibilité à celui qui rêve, un jour, d’entrer en politique.
42, l’ovni du système éducatif français
Les initiatives de Xavier Niel toujours été synonymes d’innovation. En 2012, il décide de créer 42, une école pour les informaticiens de demain. Quand il s’agit d’évoquer le système éducatif français, Nicolas Sadirac, directeur de 42, affirme, lucide, qu’il « est malade. Non seulement il est scandaleusement inégalitaire – la France est le pays où les origines sociales pèsent le plus lourd dans le parcours scolaire – mais ses programmes et sa pédagogie sont obsolètes ». En quelques années, 42 propose donc de former de véritables talents dans le domaine du numérique, pour une demande sans cesse croissante.
Les prétentions de l’école ne sont pas des moindres, puisque 42 compte « révolutionner » le système. Accueillant des étudiants sans exigence de diplôme, elle ne dispense pas de cours magistraux mais insiste sur les projets menés conjointement par les élèves. Et le tout gratuitement. En effet, c’est Xavier Niel qui finance à 100% l’école, ce qui représente un investissement personnel d’une centaine de millions d’euros sur dix ans. Devant de telles perspectives, les candidats se pressent au portillon, et les places sont chères. Pour 70 000 candidatures, seulement 875 sont admis.
Une telle initiative atteste d’une véritable vision d’ensemble de Xavier Niel, à la fois du système éducatif français, mais aussi des attentes des entreprises. Fort de son expérience, il aura aussi pu constater le manque de dynamisme des entreprises françaises, qui se traduit notamment par un chiffre en berne de création de nouvelles start-ups. Une anomalie dont Niel compte bien faire son affaire.
Un incubateur à la Halle Freyssinet
Pour faire face à ce déficit de start-ups, Xavier Niel s’est joint à la mairie de Paris pour construire un incubateur dans des anciens locaux de la SNCF, la Halle Freyssinet. A partir de 2016, cet incubateur géant pourra accueillir 1000 start-ups. « Paris est une ville magique, une ville qui attire les gens du monde entier et où se développe une véritable énergie autour du numérique. Mais les jeunes entreprises qui voudraient s’y installer manquent de lieux pas chers, pratiques, équipés en haut débit ou en services partagés », a expliqué Niel au JDD.
Pour monter un tel projet, la mairie de Paris a racheté les locaux à la SNCF pour 70 millions d’euros, en vue de les revendre au consortium composé de la Caisse des dépôts et de Xavier Niel, qui devrait personnellement investir à hauteur de 120 millions d’euros. « C’est intéressant que quelqu’un comme Xavier Niel s’engage dans un projet comme celui-là parce que cela ressemble à ce qui se passe dans la Silicon Valley, où ceux qui ont réussi dans le numérique soutiennent les jeunes pousses et les nouveaux entrants, et c’est exactement ce qui va être fait à travers cet incubateur », ajoute Jean-Louis Missika, adjoint à la Mairie de Paris.
Pour mener à bien ce projet, Niel compterait également pouvoir loger les entrepreneurs qui travailleront dans son incubateur. La construction de 800 studios à Ivry sur-Seine, à deux pas de la Halle Freyssinet, est actuellement à l’étude. De nombreuses activités philanthropiques, donc, pour le fondateur de la société Iliad, qui pourraient l’amener à s’y consacrer pleinement. Alors que les rumeurs de rapprochement entre Bouygues et Free se font persistantes, Niel n’exclurait pas non plus d’entrer en politique.
Fort de ses initiatives dans le domaine privé qui témoignent d’un réel souci de la compétitivité de la France, Niel se constituerait dès lors en alternative crédible en politique. Loin des sentiers battus, étranger aux prestigieuses écoles publiques, son parcours couronné de succès dans le privé plaide en sa faveur. Peut-être qu’en faisant confiance à davantage de fins connaisseurs de l’entreprise et à des entrepreneurs créatifs, la France pourrait retrouver une position de choix en ce qui concerne l’innovation et la compétitivité.