Xavier Bertrand, l’homme qui n’a pas vu la crise, voit déjà en 2017

 L’ancien Ministre de la Santé sous Nicolas Sakozy l’a annoncé, à la surprise de tous : il renonce à sa candidature pour l’investiture à l’UMP.

Xavier Bertrand ne veut pas se contenter des miettes. Lui, ce qu’il a en tête, – depuis toujours semble t’il – c’est l’Elysée.

"Je serai candidat à la primaire pour l’élection présidentielle 2017. C’est la raison pour laquelle je ne me lance pas dans la compétition pour la présidence de l’UMP", a-t-il dit sur Europe 1. "Je ne veux pas confondre les échéances, je ne veux pas confondre les élections. C’est un choix de cohérence, un choix de transparence", a ajouté Xavier Bertrand.

Un peu pressé, et très en avance sur les calendriers électoraux, l’homme politique envoie un signal ambigu aux Français. Car si l’on décrypte son propos, il explique ni plus ni moins qu’être à la tête de l’opposition pendant 5 ans pour débattre et discuter des projets de lois visant directement à améliorer leur quotidien ne l’intéresse pas le moins du monde. Lui ce qui l’intéresse c’est le pouvoir dans cinq ans. Acte de vérité, ou pas supplémentaire vers la maladresse qui caractérise certains propos des membres de l’UMP depuis leurs défaites sans précédents en 2012 ?

Les commentaires venant de son propre camp ont été immédiats. D’après l’AFP reprenant une interview réalisée par ITV, Alain Juppé (UMP), interrogé lundi 17 septembre sur la candidature de Xavier Bertrand pour l’Elysée, a assuré que cela le faisait "plutôt sourire".

"Décidément, les hommes politiques ne changeront jamais et leur impatience fait sourire dans la situation qui est celle du pays". Le maire de Bordeaux et ancien premier ministre est clair : il est beaucoup trop tôt pour s’afficher ainsi pour une élection qui aura lieu en 2017. En lançant l’idée de primaire ouverte en 2016, "je pensais que ça allait calmer le jeu et qu’on allait se consacrer à ce qui fait l’actualité : une opposition à la fois pugnace et intelligente" et la préparation d’un "vrai projet" pour les élections locales de 2014, a poursuivi l’ex-ministre des affaires étrangères de Nicolas Sarkozy. "Et voilà qu’on se met déjà dans les starting-blocks pour 2017. Pour ma part ça me fait plutôt sourire", a-t-il dit.

Une façon sobre de retoquer les ambitions de Xavier Bertrand et de lui exprimer un certain agacement. Car il ne faudrait pas que l’UMP perde de vue ce qui l’a fait chuter lors de l’élection présidentielle : un excès de confiance et d’ambition allié à un manque de clarté sur un projet d’avenir pour la France.

La candidature de Xavier Bertrand à la magistrature suprême, elle, ressemble un peu à celle de Laurent Fabius aux primaires socialistes. Les deux personnalités politiques ont été Ministres de la Santé, et les deux ont un bilan qu’ils essaient à tout prix de faire oublier. De même, ils haïssent tous les deux les membres de leur camp, et font office de problème à résoudre plutôt que d’appui incontournable pour les ténors de leur parti. La comparaison s’arrête là : si Laurent Fabius est un technocrate qui a bien du mal à convaincre au jeu de la communication, Xavier Bertrand est, lui, passé maître dans ce domaine.

Aujourd’hui, date à laquelle on se remémore Maastricht, l’homme tient des propos fermes :

«Je revoterais non à Maastricht parce qu’à Maastricht à l’époque, le message était clair : on veut bien d’une Europe, mais je ne veux pas qu’on mette la charrue avant les boeufs», a déclaré l’ex-ministre du travail sur BFMTV-RMC. «En 1992, on disait: si on fait une union monétaire, qu’il n’y a pas de contrôle politique, s’il n’y a pas de cohésion, de coordination économique et budgétaire, ça ne marchera pas», a-t-il argumenté. Mais il est peut être intéressant de rappeler ce qu’il évoquait il y a encore quelques années :  en 2009,

« Est-ce que la France doit transposer plus vite les directives ? Oui. Je l’ai souvent dit quand je siégeais au Conseil européen : une directive adoptée, c’est bien ; une directive appliquée, c’est mieux. Franchement, la France rattrape son retard, mais on peut encore mieux faire, c’est vrai. » (…) « L’Europe a besoin de frontières, et elle a besoin aussi d’institutions pour bien fonctionner à 27. L’adoption du traité de Lisbonne est donc plus que jamais nécessaire. » .

En résumé, Xavier Bertrand aurait voté non au Traité de Maastricht, mais l’adoption du traité de Lisbonne, pourtant rejeté par référendum par une majorité des Français (55%) a été une très bonne chose.

Il ne faudrait pas non plus oublier qu’en plus de la Santé, Xavier Bertrand avait le poste clé de Ministre du Travail. Et là, il est difficile de faire passer les propos minimisant la crise et la difficulté des Français, tenus par un ancien ministre semblant à des années-lumière de leurs préoccupations.

« Ce n’est qu’une crise conjoncturelle que nous avons dépassé » expliquait alors l’ex Ministre. Et de tout faire pour minimiser le drame qui se jouait dans les PME françaises. Tandis que les journalistes se focalisaient sur les plans sociaux ultra médiatiques, auxquels le Président Sarkozy apportait une réponse servant davantage le propos de sa campagne que le sauvetage de salariés en détresse, Xavier Bertrand, lui,  continuait de nier l’impact de la crise.

Pourquoi alors admettre aujourd’hui qu’elle est bien là, et sous-entendre que si l’UMP a perdu en 2012, c’est la faute à la crise et à l’Union européenne ?
Avec une telle capacité d’anticipation, comment XB peut-il réussir à se projeter déjà en 2017 ?

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