Le Woerthgate vous barbe ? Franchement, moi aussi… Je vais finir par croire que l’UMP s’est arc-boutée derrière Éric Woerth parce que l’argent sorti de chez Liliane Bettencourt n’est jamais parvenu dans ses caisses. Où est-il allé ? En tout cas, pour Florence Woerth, la patronne de l’écurie Dams, la présidente de la fondation Condé à Chantilly, tout va très bien, madame la marquise. Elle peut même passer de Chamonix en Suisse : son appartement helvète n’a pas été reloué.

J’ai parfois comme de la compassion pour Florence Woerth. Voici donc une précaire qui doit vivoter sur ses indemnités du Pôle-Emploi. Au fait, à combien s’élèvent-elles ? Va-t-elle devoir aller taper ses copines fortunées de l’écurie Dams ou, telle un Le Pen, tenter de récolter des héritages en appitoyant les pensionnaires de la fondation gériatrique Condé, de Chantilly, ville dont Éric, son époux, est maire, et qu’elle préside ?
Cela, c’est un peu l’écume des choses. En revanche, le débat sur les régimes de retraite laisse peser sur Éric Woerth quelques interrogations. Qui finance la retraite d’un Jacques Chirac, voire de son épouse ? Quels sont les montants de ces retraites, ce n’est un secret pour personne. Mais on peut commencer à se poser les questions qui fâcheraient celles et ceux qui disposent de revenus du capital, et peuvent largement se loger, se nourrir (ou se faire inviter partout et écornifler ailleurs qu’aux Restos du Cœur), tout en disposant de multiples facilités. Que Jacques et Bernie Chirac ne payent pas de loyer, puissent passer leurs vacances aux frais de ceux qui ont fait la fortune de Pinault (soit ceux qui achètent de quoi se nourrir et se vêtir, pas seulement aux grands magasins du Printemps), soit. Que les caisses de retraite, principale et complémentaires, voient leurs comptes plombés par diverses libéralités profitant à celles et ceux qui en ont le moins besoin – leurs administratrices et administrateurs en particulier – commence, ou plutôt continue, de répandre un parfum de Woerthgate assez nauséeux. De même, pour la branche maladie, le fait que des médecins de Liliane Bettencourt puissent à l’occasion facturer largement, tout en continuant à bénéficier d’avantages liés à leur statut d’hospitaliers, puissent parfois faire amortir par l’hôpital public des équipements qui se retrouvent, acquis bien moins cher, dans leurs cliniques privées, cela finit par mettre des manifestantes et manifestants sur le pavé.
Le Woerthgate apparent, celui qui fait qu’au moment où on expulse, où on déloge des mal-logés, l’appartement réservé à Florence Woerth en Suisse reste vacant, n’est que la pellicule de crème sur le cloaque. Il faut voir le reste. S’interroger. Ainsi, de même qu’on a vu des enfants de parents très fortunés toucher le RMI (deux mois de RMI, c’est le prix d’un petit sac Vuitton, et de fait, ce fut ce que versa une MBA rémoise pour l’acquérir), la Légion d’honneur procure divers avantages. Ce sont rarement les décorées et décorés les moins fortunés qui en profitent. Les rares récipiendaires pour fait d’héroïsme rechignent à quémander.
À la veille de la manifestation du 4 septembre, il faut prendre l’exacte dimension du Woerthgate. Elle n’est pas comptable, elle est, excusez ma cuistrerie, sociétale.