WADJDA : Petite fille en roue libre..

Un premier né est toujours un évènement. Parfois même, un miracle. Surtout quand l’accouchement fut difficile… C’est le cas de « Wadjda ».

 « Wadjda » : Un premier film pour Haifaa Al Mansour. Premier film saoudien réalisé par une femme. Le premier, aussi, qui franchit les frontières du pays. Toutes ces « grandes premières » méritent bien la Une ! D’autant plus que le tournage fut un tour de force. Dans un pays qui ne compte pas une seule salle de cinéma…

Il aura fallu cinq ans à la réalisatrice pour filmer « en douce » et « à la dure » chaque scène et chaque tranche de vie. Cinq ans à prendre toutes les précautions nécessaires, cachée dans une voiture, et armée d’un talkie walkie pour diriger ses troupes…Car en Arabie Saoudite, les femmes ne sont pas supposées être dans la rue. Accompagnées d’hommes, encore moins.

Haifaa Al Mansour nous raconte la vie dans un pays où les traditions ont la vie dure.

Oui, des Saoudiennes ont fait les J.O de Londres, quelques femmes vont entrer au Parlement, d’autres osent décorer l’abaya avec quelques bijoux… Mais dans le fonds, tout est fait pour que nul ne « déroge" et que chacun reste bien à sa place.

Wadjda a 12 ans et vit avec ses parents à Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite. Une famille parmi tant d’autres, où mère et fille se fondent dans la masse. Mais derrière leurs voiles se cachent une détermination sans borne et des idées bien arrêtées. La recherche d’une certaine liberté, en somme, et le désir d’être et d’agir « autrement ».

Une gamine, toute mutine, est prête à tout pour s’acheter le beau vélo vert de ses rêves. Elle ira jusqu’à "utiliser" à sa manière, cette religion que l’on veut sacrée… Quand on sait qu’enfourcher une bicyclette est un geste qui, là-bas, est exclusivement réservé aux garçons, et que les fillettes, elles, se marient dès 10 ans….

Une épouse tentera l’impossible pour conserver l’exclusivité….Pour empêcher son mari de prendre une seconde femme… Y arrivera t-elle? 

Merci à Haifaa Al Mansour de ne point avoir abdiqué, et d’avoir mordu la poussière des rues de Ryad. Merci d’avoir capturé ces images jour après jour, et de nous les offrir sur grand écran. Merci d’avoir entrebâillé une porte sur un « autre monde », d’avoir été nos « yeux » et d’avoir levé le voile, un peu, sur ce que l’on soupçonnait seulement…

« Wadjda » a été récompensé, avec le Prix de la critique internationale au dernier festival de Venise.

Profitez de votre liberté précieuse, prenez un peu de votre « temps libre » pour courir voir ce film. C’est clair, c’est juste, et subtil…