Voyoucratie ou état policier ?

Ils s'appelaient Moshin Cehhouli et Lakami Samoura. Ils sont morts dimanche dernier à Villiers-le-Bel dans la collision entre leur petite moto et une voiture de police. Le lundi, des scènes de violences rappelant les émeutes d'octobre 2005 ont éclaté à Villiers-le-Bel et ont gagné les villes de Sarcelles, de Garges-lès-Gonesse, de Cergy, d'Ermont et de Goussainville.
Des vitrines ont été brisées, des bâtiments, des écoles et des véhicules ont été détruits ou incendiés. Des émeutiers ont tiré avec des armes à feu sur la police. Moshin Cehhouli et Lakami Samoura étaient des Français de confession musulmane. Moshin Cehhouli sera enterré au Maroc et Lakami Samoura au Sénégal.

La mort tragique et sans doute accidentelle de ces deux jeunes a suscité des émeutes d'une rare violence dans le Val d’Oise. Dès son retour de Chine, Nicolas Sarkozy a voulu s'exprimer par un message fort en qualifiant ces violences de «voyoucratie». Le mot est sans doute exagéré, il y a un réel malaise dans notre société.

Une fois de plus, Nicolas Sarkozy ne veut pas regarder le fond…


…les raisons profondes amenant à ces débordements de violences: «La réponse aux émeutes, ce n’est pas plus d’argent encore sur le dos du contribuable. La réponse aux émeutes, c’est l’arrestation des émeutiers.

Je réfute toute forme d’angélisme qui vise à trouver en chaque délinquant une victime de la société, en chaque émeute un problème social. Ce qui s’est passé à Villiers-le-Bel n’a rien à voir avec une crise sociale, ça a tout à voir avec la"voyoucratie"… Si nous laissons un petit voyou devenir un héros dans sa cité, c’est une insulte à la République et à votre travail…

Ceux qui cassent, ceux qui brûlent, ceux qui pillent, ceux qui s’en prennent aux forces de l’ordre répondront de leurs actes…» Nicolas Sarkozy, devant 2000 policiers et gendarmes réunis à La Défense dans les Hauts-de-Seine, s’en est pris aux «donneurs de leçons qui ignorent eux ce que c’est d’être en uniforme et face à une bande d’enragés…» Cette déclaration était prévue le 15 novembre à la Grande Arche. Elle avait été "bizarrement" reportée. Nicolas Sarkozy attentait-il une "occasion appropriée" ?

Le Réveil des Marmottes avait adressé un appel au calme: «La violence appelle la violence, tout brûler et tout démolir ne servirait qu'à envenimer la situation dans ces cités, cela met en danger et détruit la vie des individus vivant dans ces quartiers…» Mais notre canard déplore que la France ait préféré entasser des gens dans des tours de béton dans un environnement indigne et inhumain. Selon le Réveil des Marmottes, «Il faudrait repenser nos villes et permettre à tous de pouvoir y vivre ensemble. Cela aurait dû être fait il y a 50 ans, et après 2005, rien n'a été entrepris pour corriger ces erreurs, véritables causes du "mal de vivre" dans les cités…» Notre canard craignait que Nicolas Sarkozy ne mette de l'huile sur le feu avec des propos incendiaires comme en octobre 2005.

Nicolas Sarkozy a surtout rassuré les gendarmes dont le moral est au plus bas. Nicolas Sarkozy avait promis, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, de fusionner la police et la gendarmerie, la gendarmerie devrait passer sous le contrôle du ministère de l’Intérieur comme la police. Elle l’est actuellement en partie, uniquement «pour emploi» dans des missions de sécurité mais les gendarmes devraient, selon le président, conserver leur statut de militaires. Cela pose une question liée aux déclarations prônant la répression: «Allons-nous vers l'institution d'un état policier ?»

Mike – Michel Mahler