Elle s’appelle Sally Tisiga et elle est canadienne. Mais elle est née indienne et à l’âge de quatre ans, quelqu’un l’a emmené loin de sa mère et de sa famille. Telle est l’histoire dramatique de cette femme qui dépasse maintenant l’âge de quarante ans.

Dans le film « Voyage en mémoires indiennes », elle raconte non seulement son histoire, mais elle emmène le spectateur au cœur de son pays et de son passé. Elle nous fait vivre ses émotions et découvrir la vie, et la souffrance, les traditions et le savoir, d’un peuple qu’elle ne connaît pas.

Car le gouvernement canadien a adopté à partir des années 1960-65 une politique « d’assimilation » des nations indiennes au mode de vie de la civilisation dominatrice. Et comme nous le montrent les images et les témoignages, c’est sans aucun ménagement que les directives officielles ont été appliquées. Des enfants ont ainsi pu être transférés dans une dizaine voire une vingtaine de familles différentes au gré du bon vouloir des pouvoirs publics et des familles accueillantes.

Le constat est édifiant. Dans un pays qui déclare vouloir se référer à des valeurs démocratiques, les règles élémentaires du respect de l’être humain sont bafouées, les êtres sont humiliés, les familles démantelées. Les séquelles sont considérables et surtout ineffaçables. C’est ainsi que des milliers de personnes se retrouvent sans repères, sans pays et sans identité, parmi une population qui connaît déjà une situation particulièrement précaire.

Sally, qui n’a pas hésité à être présente pour la présentation de l’avant première de son film au cinéma 7 Parnassiens, le mardi 30 novembre 2004 (Sortie prévue le 5 janvier 2005 au 98 Bd du Montparnasse 75014 Paris ' 01 43 35 13 89 – Métro Vavin ou Montparnasse – Bus 91 ou 58) vient apporter la trace vivante d’un drame qui n’a pas touché que le Canada. Les États-Unis d’Amérique ont à partir de ce qui s’est appelé « La Conquête de l’Ouest » engagé dès le 19ème siècle une politique désastreuse pour la survie des nations indiennes qui ne connaît toujours pas d’arrêt. Et il n’y a pas que le continent américain qui est concerné : l’Australie pratique la même politique, et la France avec les enfants réunionnais n’a pas été en reste dans les années 1960 – 1970.

L’authenticité qui apparaît dans le tournage réalisé par Jo Béranger et Doris Buttignol donne encore plus de force et de crédibilité à un récit qui ne tombe pas dans le misérabilisme ou dans l’humanitaire. Les images sont sobres, les prises de parole sont distillées à bon escient comme les moments de silence. Le film, qui a obtenu le Prix du Public du meilleur long métrage documentaire au Festival International de Films de Femmes de Créteil en 2004, bouleverse en mettant simplement l’accent sur un des aspects de notre monde qui n’est pas glorieux et que beaucoup tentent encore d’ignorer.

 

(« Voyage en mémoires indiennes » – « One of many »- Lardux Films & e-Motion Picture – Un film de Jo Béranger et Doris Buttignol – écrit par Doris Buttignol, Jo Béranger et Sally Tisiga – Distribution : Gebeka Films, 46 rue Pierre Sémard 69007 Paris ' 04 72 71 62 27 – Presse : Monica Donati, 55 rue Traversière 75012 Paris ' 01 43 07 55 22).