Le port d'un vêtement montrant ostensiblement l'appartenance d'une femme à un courant plus ou moins radical de l'Islam est-il une raison suffisante pour lui refuser l'accès à une HLM ? C'est la question que l'on se pose suite à la mésaventure vécue par une famille de Vénissieux, en banlieue de Lyon. Madame portait effectivement cet habit rendu célèbre par les femmes afghanes, couvrant la totalité du corps et laissant une petite fente par laquelle elles peuvent voir.

Il n'en fallait pas plus pour que la Sacoviv, l'organisme chargé des logements, refuse à cette dame l'accès à une HLM, sous prétexte que "Madame revêt la burka, ce qui caractérise une pratique radicale de la religion incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté française". C'est la justification qu'a reçu la Préfecture du Rhône, dans une lettre de la part de la Sacoviv, selon l'AFP.

Si l'on peut comprendre qu'il est difficile de s'intégrer dans la société française en portant la burqa, on se demande également si cette façon de rejeter les familles les plus "radicales" n'aide pas à cultiver une forme de haine envers la France. Une telle réaction ne fait que donner du poids aux prêches des imams radicaux prônant la guerre sainte et affirmant que les musulmans sont victimes du mépris des français. Ce refus, auquel la préfecture a conseillé de répondre par une saisie de la Halde n'est-il pas une forme de racisme ?

D'un autre côté, on peut comprendre que la Sacoviv souhaite que les personnes reconnaissent la laïcité de la France et pratiquent leur religion d'une manière discrète, chez elles, sans montrer d'une façon aussi ostentatoire, leur appartenance à une tradition fortement décriée. On peut également imaginer qu'effrayée par cette burqa, la Sacoviv n'a pas souhaité courir aux devants de problèmes liés à un radicalisme plus ou moins certain. Mais là encore, n'est-ce pas une forme de préjugés ?

Une chose est sûre, le législateur va devoir réagir et désigner clairement où est la frontière entre la discrimination, le respect de la laïcité et les "valeurs essentielles de la communauté française", comme le dit la Sacoviv.