Sir Richard Branson est désormais banquier depuis que sa compagnie, Virgin Money, a repris la banque britannique Northen Rock et 112 000 détenteurs de comptes existants. Il va bien sûr tenter d’en attirer de nouveaux en leur promettant divers services mais… en leur imposant de payer quelques livres sterling mensuellement pour détenir un compte. L’initiative pourrait bien gagner la France et le secteur bancaire européen.

C’était déjà le cas pour certaines banques britanniques proposant des comptes courants rémunérés : faire payer une somme fixe et durable contre l’espoir d’intérêts… révisables. Avec Northern Rock, dont l’enseigne devrait bientôt changer pour on ne sait quoi avec Virgin dedans, Richard Branson va plus loin. Les anciens clients de la banque pourront continuer à ne rien payer chaque mois pour détenir un compte (mais, comme par le passé, on continuera à leur imputer des frais). Mais les nouveaux se verront ponctionner chaque mois cinq livres (six euros). Contre quoi ?
Contre la promesse de l’allégement d’autres frais. Contre, peut-être, des réductions minimes sur divers services ou produits vendus par d’autres compagnies Virgin, ou des frais divers (très légèrement) minorés pour la banque Virgin.

 

C’est le grand truc des banksters : prendre votre argent, vous proposer des assurances diverses ou des réductions et bons d’achat, et vous faire raquer un peu plus, en sus de jouer avec vos dépôts. Certaines banques multiplient les partenariats, Branson n’aura pas de mal à en trouver dans son groupe. Ce n’est certes pas de l’escroquerie puisque rien ne vous oblige à signer. Il faut juste faire très attention à ce qu’on vous fait signer sous des prétextes divers.

De leur côté, les États veulent des paiements par chèque pour éviter la fraude fiscale. Mais ils ne sont pas avares en cadeaux fiscaux en faveur des banquiers. Dans le cas de Northern Rock, nationalisée en 2008, les contribuables britanniques ont réglé une note de 1,4 million de livres. Branson a remporté le morceau, remis en vente pour 747 millions. Soit un joli cadeau, sans compter les intérêts que devrait générer une telle mise de fonds sur près de quatre ans. De quoi financer une jolie campagne publicitaire de 10 millions de livres seulement.

Rendre plus complexes les produits, à la manière des opérateurs téléphoniques avec leurs fameux forfaits que même leurs revendeurs ne savent comment démêler, c’est la dernière tendance bancaire. On vendrait bientôt à des octogénaires sans descendance des réductions sur des poupées Barbie ou sur les plus durs des nougats. Certaines banques vont même jusqu’à vous « offrir » des gadgets genre agendas ou porte-cartes de visite ou étui pour chéquier… dont vous retrouvez le montant défalqué de votre prochain relevé. Partout ailleurs, ce serait considéré être de la vente forcée, mais comme c’est votre banque…

 

Je ne me risque pas à faire des prédictions pour 2012, mais il semble bien que, dans ce domaine, l’avenir sera du genre de ce qu’il « était », soit ponctionner en douceur le déposant.

Ah oui au fait, le directeur de Northern Bank devrait rester, avec un salaire de 350 000 livres annuellement. Touchera-t-il encore l’an prochain (2013) une prime annuelle pouvant représenter 75 % de son salaire ? Ou Branson se l’attribuera-t-il ? Puis, tel un Bernard Tapie, il pourra revendre sa nouvelle banque « valorisée » à sa guise. Entretemps, il aura proclamé que sa concurrence aura fait bouger les banques et profité aux déposants. Ce qui reste amplement à prouver. En fait, en matière de finance, l’ambition de Branson serait d’obtenir la licence de la loterie nationale britannique, comme il l’annonçait dès novembre 1999. Sans doute pour la rendre plus « éthique ».