Vieilles gloires dorées : Robin William, matinal en Indo…

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Sous la direction de l’alors capitaine Georges Buis, du service de presse des armées, Jean Lacouture et d’autres furent la voix de l’Indo militaire. Au nombre des « Fanfares perdues » (Gal G. Buis, éds du Seuil), il y avait la Diane des Marines et du corps expéditionnaire des alliés des États-Unis au Vietnam. Cette Diane, ce « soldat lève-toi, soldat lève-toi, soldat lève-toi bien vite… », c’était Adrian Cronauer et son tonitruant « Gooood morning Vietnam! ».


L’ami Charles « Chuck » Fadel et tant d’autres vétérans du Nam s’en souviennent. Beaucoup sont ceux qui, revenus aux États-Unis, en Australie, Nouvelle-Zélande, ou en Allemagne pour les militaires de carrière états-uniens, ou dispersés entre Guantanamo ou des plages asiatiques ou brésiliennes, ont aussi tenu à voir le film de Barry Levinson. Dans Good Morning Vietnam, Robin Williams interprête Adrian Cronauer, pousse-disques et pousse gueulante à la gouaille contagieuse, sergent de l’Air Force posté à Saïgon. Vers 1950, alors âgé de douze ans, Adrian Cronauer participe, pour la radio de Pittsburgh, à des émissions pour la jeunesse, en amateur. Il fondera ensuite la station WPTS de l’université de Pittsburgh. L’American Forces Network, ou l’American Forces Radio and Television Service, qui sera bientôt basé à Fort George G. Meade, avait été créé en 1942 pour diffuser des émissions radiophoniques à destination des troupes américaines. L’adjonction d’une station de télévision fixe son appellation actuelle. En France, avant que De Gaulle n’enjoigne les Nord-Américains à fermer leurs bases, en 1967, les studios d’Orléans diffusent de la musique de jazz, du rock, des variétés qui vont influencer les programmes français et la plupart des chanteurs du genre Eddie Mitchell ou Dany Boy et ses pénitents. On traduit à tout-va et Frank Alamo adapte un « Biche oh ma biche » tandis que Sacha Distel (†juil. 2004), neveu de Ray Ventura, qui n’a pas encore dérapé sur des scoubidous sur la Nationale 7 chantée par Trenet, fait dans le swing. On peut encore, en Belgique, écouter les diverses stations de l’AFN (fréquences à consulter sur Wikipedia pour le monde entier, Belgique, Espagne, Allemagne, etc.).

 

Le Vietnam, c’est pour l’AFN, AFRS, l’Armed Forces Radio Saïgon. Adrian Cronauer pousse son premier « Goooooooood Morning Vietnam » et passe la main, pour son Dawn Buster (sa matinale), au quartier-maître Bryant Arbuckle, qui, en 1962, le lance puissamment chaque matin à sa suite. Cronauer et Pat Sajak choisissent les titres qui doivent passer. Cronauer sera co-scénariste pour le film, tourné en 1987, 14 ans après l’évacuation de la station de Saïgon, la dernière à fermer.

 

L’Indo, ce furent les débuts de la guerre psychologique. On émet pour soutenir le moral de ses propres troupes, mais aussi dans la langue de l’adversaire, pour démoraliser ceux d’en-face, les paras de la cuvette de Dien Bien Phu (ou les gars la 317e section, aussi de Pierre Schoendoerffer) comme les Viêt-Congs de Giap.

 

Good morning Vietnam, qui montre la vie des troupes dans la future Ho Chi Minh Ville, est un film dans la veine des M.A.S.H ou Catch 22. Chintara Sukapatana, actrice thaï, est Trinh dans le film. Les « pékins » (civils) de Saïgon sont très présents. Et puis, c’est aussi, en quelque sorte, un film musical. On peut écouter Frank Avalon, le Baby, Please Don’t Go des Them, un Don’t Worry Baby ou le fameux I Get Around des Beach Boys, les Supremes, Herb Alpert & The Tijuana Brass, et le fameux Rawhide de la série télévisée qui a fait le bonheur des Blues Brothers.

 

Ancien Popeye pour Robert Altman (1980), ex-Garp pour George Roy Hill (1983), Robin Williams devient véritablement une vedette internationale avec ce film. Il confirmera son statut avec Le Cercle des poètes disparus (Peter Weir, 1989), ou Le Roi Pêcheur (Terry Gilliam, 1991). Il est Teddy Roosevelt dans La Nuit au musée (Night at the Museum, de Shawn Levy, en 2006 et 2009). Il aura un rôle principal auprès de John Travolta et de deux jumeaux censés avoir sept ans dans Old Dogs, de Walt Becker, pour les productions des studios Disney.

 

Revenons sur ces deux autres films, M.A.S.H. et Catch 22, tiré du roman de Joseph Heller. J’avais un ami typographe américain qui, basé en Italie, allait bombarder l’Autriche. Phil Martin, qui avait placé en ligne ses mémoires de guerre et de créateur de polices de caractères, me disait à quel point voler dans ces forteresses était épouvantable, éprouvant. Qui a déjà volé longtemps dans un Transall sait que c’est déjà assourdissant. Le film de Micke Nichols (1970) n’insiste pas sur la trouille que cela inspire, pas davantage que Kurt Vonegut Jr ne s’attarde, quand il évoque les bombardements de Dresden, dans Slaughterhouse-Five, sur ce qu’avait vécu Phil Martin.

 

Dans M.A.S.H., de Robert Altman (1970), tiré du roman de Richard Hooker, le sang et les larmes sont beaucoup plus présents, même si la réplique de « Lèvres en feu » (le major Margaret Houlihan, cheffe du corps infirmier) est la plus rapide à remonter en mémoire. Mais le lancinant Suicide Is Painless (chanson de Johnny Mandel et Mike Altman), repris dans la série télévisuelle M*A*S*H, donne tout autant sa tonalité au film.

 

Open the pearly gates

Country Joe & the Fish donne peut-être la réplique au Good Morning de Cronauer

And it's one, two, three,

What are we fighting for ?

Don't ask me, I don't give a damn,

Next stop is Vietnam;

And it's five, six, seven,

Open up the pearly gates,

Well there ain't no time to wonder why,

Whoopee! we're all gonna die.

Cette chanson, I Feel Like I’m Fixin’ To Die, c’était auparavant, en quelque sorte, celle du « gars de Bezons », dans le Week-end à Zuydcoote, tiré par Henri Verneuil (en 1964), du roman de Robert Merle, avec Jean-Paul « Bébel » Belmondo dans le rôle principal. Sauf qu’il ne le savait pas ; pas plus que le fusillier-mitrailleur Pinot ne sait ce qui l’attend, l’animateur de radio interprété par Robin Williams ne le sait, mais on pressent, tout au long du film, que la guerre ne se fait ni en chansons, ni en dentelles.

 

Mais cette rubrique des Vieilles Gloires dorées (qui risque de s’interrompre pour une bonne semaine de séjour hors de Paris) n’est pas destinée à véhiculer lieux communs et clichés éculés sur les conflits armés. Pas plus qu’elle n’est destinée à me remémorer Phil Martin. Elle se veut pour vous l’occasion de repenser à un film, à une actrice, un acteur, à votre voisine ou voisin de salle obscure, au contexte de la sortie des films, à ce que vous voulez, et à vous inciter à consigner, en commentaires, vos impressions d’alors ou du moment…

 

 

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

2 réflexions sur « Vieilles gloires dorées : Robin William, matinal en Indo… »

  1. Post scriptum :
    Pas de rubrique aujourd’hui et sans doute rien avant dimanche 22 juin.
    Cela étant… La rubrique n’est pas fermée et ne m’est pas réservée.
    Vous pouvez aussi l’alimenter : trouvez des images Creative Commons ou copygauche, des copies d’écran de sites d’actrices ou d’acteurs, des affiches de films. Et lâchez-vous…

  2. Le blues de Sacha Distel, pour lequel tu as installé un lien dans l’article est à tomber par terre !! L’accompagnement est fabuleux, je ne connaissais pas ce morceau que je vais me procurer d’urgence. et je redonne le lien
    http://www.sachadistel.com/-Francais-
    Merci Jeff

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