J’aurais aimé vous parler de Robert Clarke, mais je n’ai aucune image de lui dans mes archives. En attendant que je mette la main sur un portrait argentique de Robert Clarke, il passe son tour au profit de Robert Conrad, moins cinématographiquement intéressant mais bien plus connu.


Robert Clarke est le type même du séducteur à moustache des années 1950-1960. C’est aussi un « Monsieur Gros Bras » (en français : un bodibuildé), mais pas trop, juste ce qu’il faut pour tourner des scènes de plages, et bien remplir un veston dénué d’épaulettes. Remarquez que la moustache, il l’arborait rarement, et surtout dans des nanars tels que la série télévisuelle USA (Michael Preece, Lewis Teague et alii), classique du genre « espionnage à la James Bond » mais sans James Bond. Bref, les pastiches d’OSS 117 doivent peut-être quelque chose à cette série USA pour laquelle Robert Conrad interprète l’agent secret Thomas Remington Sloane III. Il arrivait aussi à Robert de pousser la chansonnette (sous le nom de Bob Conrad) mais c’est en représentant de l’Ouest mythique et mystérieux des ouesterns qu’il fut l’invité parrainant le festival de musique country de Mirande, en 1999. C’est d’ailleurs pour Les Mystères de l’Ouest, la série, et Les Têtes brûlées (idem, soit l’escadrille des « Moutons noirs » et le Cdt Pappy Boyington), et aussi un peu pour Colorado (ibidem), que vous êtes des familiers de Robert Conrad.naked_monster.png

 

Il a pourtant tourné des films inoubliables tels Le Rossignol de Castille, avec Marisol (La Nueva Caticienda, de George Sherman, 1966).qui fit la première de couverture de la revue Les Veillées (« ach, cheu de mots bien franzais, l’éveillé, ha-ha-ha… »). Il en est d’autres. Mais celui qui lui vaut de figurer dans cette rubrique, outre l’absence de visuel pour Robert Clarke, c’est le Meurtres en direct (1982, Richard Brooks) pour lequel il côtoie Sean Connery, Leslie Nielsen et Katherine Ross. Néanmoins, un film comme The Commies are coming (les Cocos débarquent… en chars soviétiques ?), de George Waggner, en 1957, ne doivent pas être injustement oubliés. Le film, éducatif (si… si…), avait pour titre original Red Nightmare (Cauchemar rouge). Il fut diffusé en vidéo en 1985 et il s’agissait d’armer les All American Families (les familles étasuniennes pur jus), et les Red Blooded True Rednecks (là, pour les bouseux patriotes au sang chaud, le rouge n’est pas sujet d’opprobre), en vue de l’infiltration communiste que le pouvoir bolchévique préparait de longue date. Robert Conrad y joue un méchant stakhanoviste, Pete, qui fait sauter la pause déjeuner au héros, Jerry (Jack Kelly) car il n’a pas assez produit pour la glorieuse patrie communiste que sont devenus les États-Unis d’Amérique, et ce n’est pas Pete qui va manquer les quotas du Plan. Heureusement, ce n’était qu’un cauchemar et Jerry se réveille pour se réconcilier avec son futur gendre, Bill, qui va attendre de s’être enrôlé dans l’armée américaine (commanditaire du film) pour épouser sa fille, Linda, et cesser de vivre dans le péché et à la colle (et cesser aussi de lorgner sur Helen, sa future belle-mère, la fort gironde Jeanne Cooper). Le Directorate of Armed Forces Information and Education n’y allait pas avec le dos de la cuiller pour obtenir de la Warner de quoi faire frémir les foules.

 

Les Dingues sont lâchés (Palm Spring Week End, 1963, Norman Taurog), est un film du genre pré-raves (les gamins d’une équipe de basket descendent sur la ville pour la peindre en rouge, to paint the town red, soit faire la fête, s’avoiner, faire du tapage nocturne), avec Conrad dans le rôle d’une sorte de rastaquouère (en anglais : playboy & gigolo) qui est en fait réellement le fils d’un millionnaire. Du Rouge pour un truand (The Lady in Red, Lewis Teague, 1979) est censé narrer les affres de Polly, maîtresse de Dillinger (Conrad) et colocataire d’Ana, qui les aurait trahis en donnant Dillinger à la police. Notez qu’avec ce film, Conrad prend du galon. En effet, dans Young Dillinger (1965, Terry O. Morse), il n’est que Pretty Boy Floyd aux côtés de Dllinger (Nick Adams). Dans La Course au jouet (1996, Brian Levant), Conrad donne la réplique à Schwarzy (Arnold, l’actuel gouverneur de la Californie), qui tente d’obtenir le dernier Turbo Man disponible afin de l’offrir à son fils le soir de Noël. Je vous en épargne quelques autres du même tonneau convenu.

 

Questions séries télé, si cela vous intéresse vraiment, je ne peux que vous signaler la très bonne fiche de Christophe Dordain pour le site Le Magazine des séries. Pour quelques euros de plus, je n’aurais osé la truander pour C4N si cette rubrique s’intéressait aux séries. C’est toujours Christophe Doradain qui, pour ce magazine, a revu la fiche qu’il avait réalisée sur Farrah Fawcett Major (une autre Vieille Gloire, à retrouver ).

 

Ce qui fait qu’on va pouvoir oublier Robert Conrad. Enfin, pas tout à fait. Il me restait à vous signaler que Konrad Robert Falkowski (alias Robert Conrad), né à Chicago un 1er mars 1935, est devenu le meilleur pote de Michael Spilotro (voir le film Casino, 1995, Martin Scorsese, inspiré de la vie de La Fourmi, surnom de Spilotro, interprété par Joe Pesci, et de celle de Frank « Lefty » Rosenthal, joué par Robert de Niro). Et qu’au cours d’un jugement pour conduite sous état d’ivresse, son année de naissance a été indiquée être 1930. Ce qui fait qu’il approcherait les 80 ans bientôt. C’est assez vraisemblable puisqu’avant Spilotro, Conrad était très ami avec Nick Adams, né en juillet 1931, et qu’ils faisaient du sport avec un contemporain, James Dean, né en février 1931, mais aussi un « gamin », Elvis Presley. Or, lui, Presley, était bien né en janvier 1935. Vous en déduirez ce que vous voudrez. Certes, C4N se veut plus complet que Le Magazine des séries sur le sujet, mais on ne va pas risquer la visite de Spilotro dans les locaux.

 

Or donc, passons à la cinéphilie « sérieuse » en évoquant quand même brièvement l’acteur Robert Clarke (1920, Oklahoma City ; 2005, Valley Village, Ca) qui quitta l’Oklahoma en auto-stop pour aller tenter sa chance à Hollywood. Il la trouva en fusées spatiales et vaisseaux intergalactiques divers et dans des films comme Captain Hohn Smith and Pocahontas, The Astounding She-Monster (1957, Ronald V. Ashcroft), et ce formidable film qu’il réalisa et produisit en 1959, The Hideous Sun Demon. En 2005, Wayne Berwick et Ted Newsom lui rendirent un dernier hommage en lui confiant un rôle dans The Naked Monster, un pastiche des séries B du genre. Clarke, avec d’autres « ufologistes », dont le Cnl Patrick Henrdy (Kenneth Tobey), relâché pour cette ultime mission de l’asile de fous où il été détenu pour son bien et celui de ses entourages, vont sauver une petite ville californienne de la Creaturesaurus Erectus, une sorte de « tricyclope » à tentacules. Question nudité furtive, Cathy Cahn, dans le rôle de Connie Lingus (tout un programme tentaculaire), est fort avenante. Jeanne Carmen, une contemporaine de Clarke (de dix ans sa cadette cependant), y est Madame Lipschitz.

  « More Titanic than Titanic, the most inexpensive monster effects even seen by human eyes (…) The Naked Monster, See it, before it seizes YOU » (voyez-le avant qu’il ne VOUS chope). Je ne l’ai pas trouvé en catégories Comedy ou Horror sur le site des producteurs, Anthem Pictures, ni même classé en Documentaries (où on trouvera le controversé 911:In Plane Site sur le 11 septembre et les tours, aux divers sens du terme). C’est le dernier film avec Robert Clarke et c’est un film majeur : 21 années de tournage ! Comme l’a écrit un critique le film donne l’impression d’avoir été réalisé à l’aide de deux vieux magnétoscopes VHS, « un chronomètre et les œuvres complètes de Bill Warren ». Imaginez que la bande son contient des perles comme le Fa-Ro-Lee, Fa-Ro-la de Ron Ford dans Frankenstein et le Loup-garou !  

Il y a-t-il, comme pour les pyramides d’Égypte, un Mystère du Monstre nu ? Agar, Cornthwaite, Fenneman, Talbott, Toby, Tremayne, six des actrices ou acteurs étaient déjà morts quand le film est enfin sorti. ACFTTT, cela ne vous dit rien ? À moi non plus… Mais ce qui est inquiétant, c’est que si on change l’ordre des lettres, les décès apparemment naturels et dus pour la plupart au grand âge, semblent bien suspects tout à coup… Les FACTs (Ts, en quelque sorte), sont-ils bien ce qu’ils semblent être ? La malédiction du Monstre nu a encore frappé Clarke après la sortie du film. Combien d’autres suivront ?

 

Ce film est-il maudit ? Eh bien, c’est peut-être Robert Conrad qui nous le dira avant de disparaître. Car il réendossera l’habit et l’étoile du shérif qu’il a été pendant huit ans à Bear Valley, à l’écran pour Hazard (1992, Richard Marx) et tant d’autres films, et le slip de bain de l’agent Tom Lopaka dans la série Hawaiian Eye. D’ailleurs, Shane Conrad, son fils, reste shérif-adjoint de réserve : il en sortira. Avec le Los Angeles Gang Unit. Celles et ceux qui sont derrière la machination du Monstre nu n’ont qu’à bien se tenir… D’ailleurs, dans la famille Conrad, on ne rigole pas avec la loi. Lorsque les trois filles de LaVelda Conrad, Kaja, Camille et Chelsea, peu avant l’aube d’un certain 11 septembre (à 05:00 locales, mais que faisaient-elles donc debout à cette heure matinale ? Elles enquêtaient…), et de Robert Conrad, l’ont découverte en train de fumer du crack et de la méthadone, elles ont appelé les collègues des hommes de la famille. Et LaVelda fut détenue à la prison du comté de Ventura, et le Cpt. Ross Bonfiglio fécilita tout le reste de la famille.

 

D’ailleurs, ils pourraient, dans cette quête de la vérité, s’adjoindre les services d’un fin limier, le bouvier Tommy, 42 ans ! Considéré le plus vieux chien du monde dit « occidental », Tommy vit au ranch des Old Cows, à Castroville, Texas, ville fondée par le Français Henri Castro, en 1844. Tommy, qui a un nom de chien chaud du Lone Star State (avec du bacon et du fromage, à ne pas confondre avec les Wiener Dogs de Buda, la « Wiener Dog Capital of Texas », qui sont d’une autre race que le bouvier), natif de « The Little Alsace of Texas », est bien prédestiné. Ne dit-on pas que l’Alsacien est l’un des meilleurs chiens policiers ? Bon, je vous tiendrai au courant de la suite de l’enquête*

 

En attendant, vous pouvez retrouver la bande-annonce du Naked Monster, et la consigner en commentaire…

 

* je n’ai trouvé qu’une seule source à propos de ce chien, Tommy, et elle est en français. Il se peut qu’il s’agisse d’une légende urbaine ou que… le Monstre nu ait commencé à détruire les preuves de ses méfaits, allez savoir…