Vieilles Gloires Dorées : Peter Seamus O’Toole

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D'un côté, nous avons Sir Sean (Sean Connery ), de l'autre Mister O'Toole. Il se trouve que Lord conviendrait tout autant à Peter Seamus O'Toole, mais voilà… Si Peter O'Toole considère qu'il est bien né un 2 août 1932, comme sur son certificat de naissance le donnant déclaré à Leeds, il se veut un Irlandais né à Connemara (Galway County), comme l'indique son second (ou premier, puisque daté de juin) certificat irlandais. De ce fait, il aurait, en 1987, décliné – alors que, techniquement, en 1932, l'Irlande était encore britannique – son élévation au titre nobiliaire royal de son choix (ou presque…). Ce qui est incontestable, incontesté, même par Sir Sean, c'est que Mister O'Toole est son peer tout en étant hors pair, exceptionnel, unique, immense, &c.

Élevé chez les sœurs catholiques, Peter O'Toole aurait pu sortir de la condition ouvrière de ses parents en poursuivant une carrière de journaliste, ce qu'il fut au Yorkshire Evening Post. Mais il se dirige vers une prestigieuse école de théâtre à la fin de son service national sous le drapeau de la HMS Stirling (et non de la Defiant, sous lequel servaient, pour le film homonyme de Lewis Gilbert, en 1962, avec Alec Guinness, Dirk Bogarde, Anthony Quark…). Il essaye d'abord celle de Dublin, mais ne maîtrisant pas le gaëlique irlandais, ce sera la Royal Academy of Dramatic Art. On le voit bientôt sur les planches du très classique et très traditionnel Old Vic'. Ce qui le mène en 1962, où il aurait pu être choisi pour embarquer sur le tournage de la HMS Defiant.

Mais Marlon Brando, en 1962, après avoir fini par réaliser, l'année précédente, La Vengeance aux deux visages, ne peut embarquer pour l'Égypte, même s'il a été débarqué du Bounty (1961 aussi), car il fait son Vilain américain (George Englund). Et Albert Finney ne se sent pas les épaules assez larges pour interpréter le major T.E. Lawrence.  Anthony Perkins est aussi pressenti, mais on doute. O'Toole sera donc Lawrence d'Arabie.

On sait qu'il y a au moins deux versions du film de David Lean mis en musique par le regretté Maurice Jarre. Ne revenons pas sur ce mythe qui renforce le renom d'Anthony Quinn, d'Alec Guinness, d'Anthony Quayle et lance définitivement Omar Sharif. Notons que si la version française de Wikipedia mentionne L'Enlèvement de David Balfour (1960, Robert Stevenson), pour premier film d'O'Toole (et Les Dents du diable de Nicholas Rey pour le second, la même année), la version anglaise mentionne The Day They Robbed the Bank of England, de même en 1960. Et ce serait grâce à son rôle de capitaine Fitch dans ce film de John Guillermain que Lean veut, contre l'avis de son producteur (bouh, bouh, hou, hou ! Hou, Sam Spiegel, hou !), Peter O'Toole pour le rôle. Noël Coward considérera que si O'Toole avait été un peu plus mignon, « le film aurait été nommé Florence d'Arabie… ». Heureusement, O'Toole n'avait pas un physique de jeune premier. Quoique…

En tout cas, il est lancé, et tellement qu'il sera un temps un résident permanent du Ritz, à Paris. C'est un féru de Shakespeare (il peut vous réciter ses 154 sonnets), un formidable raconteur et convive, un écrivain remarqué, et l'acteur le plus nominé pour un Oscar de premier rôle, soit huit fois, sans jamais l'emporter. On finira par en créer un, ad hoc, pour l'ensemble de sa carrière, en 2003.

Il a été un Hamlet, un Shylock, Vladimir dans En attendant Godot, Vanya en Oncle Vania, Macbeth, Higgins dans Pygmalion, et en 1999, Jeffrey Bernard, de nouveau sur les planches de l'Old Vic'. Bien évidemment, je vous en passe, et non des moindres. Dans un Our Song, last but not least, de 1992, je ne sais plus trop ce qu'il interprétait. 

Au cinéma, il est Henri II dans un Becket (1964, Peter Glenville), Lord Jim (1965,Richard Brooks), on le retrouve aux côtés de Capucine dans Quoi de neuf, Pussycat ? (1965, Clive Donner), en général Tanz dans La Nuit des généraux (1967, Anatole Litvak), de nouveau Henri II dans Un Lion en hiver (1968, Anthony Harvey), en don Quijote de la Mancha dans L'Homme de la Manche (1972, Arthur Hiller), en Tibère dans Caligula (1979, Titon Brass), en précepteur du Dernier Empereur (1987, Bernardo Bertolluci), en Priam dans Troie (2004, Wolfgang Petersen), et à la télé, en SS le Très Saint-Père Paul III (dans la saison deux des Tudor). Paul III, un Farnese, père de Pier Luigi, duc de Parme, ancien notaire, qui fit cardinaux ses petits-fils Alessandro Farnese et Guido Sforza, était un drôle de personnage. On lui doit la bulle Sublimus Dei condamnant l'esclavagisme en Amérique du Sud et la Contre-Réforme. O'Toole est aussi un personnage assez fabuleux et l'opposition de son personnage opposé aux remariages d'Henry VIII, fondateur de l'église anglicane, rappelle ses démélés (refus du peerage) avec la Couronne. 

J'ai volontairement omis nombre de premiers rôles ou de seconds marquants dans cette fort inexhaustive recension. Peut-être pour alléger la sauce et vous caser Paul III, surtout pour vous inciter, en commentaires ci-dessous, à vous remémorer les « oublis ». Et faire ressurgir vos souvenirs enfouis à propos de rôles ou de films…

Comme le rôle de Monsieur Chips ? Yes, that was cheap of me not to mention it…

Tenez, pour vous rafraîchir la mémoire, pourquoi ne pas consulter sa filmographie via sa fiche de Ciné Artistes ? Histoire de voir qu'il a obtenu un Laurel d'Or dès 1963. Un Laurel pour le filiforme O'Toole, eh, ce n'était pas si hardi…

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

2 réflexions sur « Vieilles Gloires Dorées : Peter Seamus O’Toole »

  1. Mais que se passe-t-il avec les photos ? Pourquoi sont-elles retaillées à la volée en beaucoup plus petit ?

  2. [b]Jef,

    il faudrait, pour ces problèmes de photos, que vous contactiez, par mail Bruno Moreau, [i]Responsable des Relations Reporters/lecteurs et Directeur de C4N[/i] ( [url][email protected][/url] ), en copie conforme :
    – à Fabien Bardoux, [i]Président de C4N[/i] ( [email protected] )
    – à Michaël Flamand ( [url][email protected][/url] ),
    – à la Rédaction ( [email protected] ),
    – aux Administrateurs ( [url][email protected][/url] )…

    J’aimais bien Peter O’Tool, qui fut un formidable acteur ! Je regarde, avec énormément de plaisir, pour la énième fois, le mythique « Lawrence d’Arabie »…

    Cordialement,

    Dominique Dutilloy[/b]

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