Deux statuettes d'art sacré du XVIIème siècles ont été brûlées par un pasteur évangéliste à Sao Borja au Mexique. Ces statuettes en bois représentant un "christ mort" (définition provenant de la dépêche AFP) et "Saint Pierre" faisaient partie du patrimoine culturel brésilien, et en tant que telles, les brûler représente, toute proportion gardée, le même acte que de dynamiter des anciennes statues de Bouddha en Asie.  

Le pasteur s'en est défendu, expliquant qu'il ignorait qu'elles faisaient partie du patrimoine culturel, il a expliqué que cette pratique, brûler des statues de saints, visait à "promouvoir la libération spirituelle". Une famille les détenait depuis cinq génération, dans ce village qui est issu d'une ancienne "réduction" et les avait remises au pasteur Flavio Guimaraes da Silva Pereira, qui leur avait affirmé qu'il soignerait l'un d'eux, atteint d'un cancer, "à travers des prières". 

Or il n'existe plus que quelques dizaines de pièces d'art sacré dans cette ville fondée par des jésuites, toutes déclarées patrimoine historique du pays, dont 34 chez des particuliers, les quarante-huit autres se trouvent dans un musée, et pour une petite partie d'entre eux, dans l'Église catholique.   Les missions de Jésuites installées au Brésil formaient des petits villages, du nom de "réduction", dans lesquels les indiens guaranis s'organisaient. Le but était à la fois de les amener à la foi catholique, mais aussi de les intégrer à la vie civile, économique et politique. Les Indiens étaient aussi armés par les jésuites eux-même dans le but de les protéger des razzias d'esclaves, ce qui fut mal vu de certains colons.

 

 Dans les réductions, la peine de mort est abolie, les services publics sont libre,  s'y trouvent des hôpitaux et des dispensaires, les indiens sont instruits, et bien sûr s'y trouvaient des églises.  Dans ces réductions, l'économie est florissante, et les indiens guaranis sont très doués pour les sculptures et le travail du bois et fabriquent aussi des instruments de musique et des montres. Leur culture n'y est pas mise de côté pour autant, mais s'insère dans celle des réductions. De fait il s'agit bien d'une partie de l'Histoire du Brésil.  

Il serait surprenant que le pasteur ne sache pas que ces statuettes faisaient partie du patrimoine culturel, d'autant que le mouvement protestant s'est toujours montré hostile aux représentations religieuses, et dès le départ, ont démoli dans les églises, également en France, les statues qui s'y trouvaient. Sao Borja fait partie des sept missions créé par des jésuites en 1636, parmi les indiens guaranis.