Une nouvelle forme d’agriculture se développe, depuis 2001, dans le respect de normes écologiques et sociales. Elles sont le fruit d’un mouvement de consommateurs et d’agriculteurs qui refusent une sorte de fatalité, la disparition à terme du monde paysan, la surproduction et une alimentation calibrée.


A l’heure des discussions du cycle de Doha dans le cadre des accords de l’Organisation mondiale du commerce, la remise en cause de la Politique agricole commune provoque de grands remous dans le monde des agriculteurs. Malgré les engagements pris jusqu’en 2013 pour la maintenir, la communauté Européenne va être contrainte d’abandonner ses subventions. Par ailleurs, le développement des agricultures des pays émergents ou du Tiers monde passe par l’abandon de la PAC, pour qu’ils puissent vendre leur production à égalité avec les paysans du monde occidental.

La PAC a été créée dans le but de maintenir une autosuffisance alimentaire en Europe et favoriser les produits européens mais aussi conserver les paysages ruraux dans les différents pays.

Aujourd’hui de nombreuses, voire la plupart des exploitations vivent sous perfusion de l’Union européenne. Par ailleurs, la pollution des sols et des eaux par le monde agricole posent des problèmes de fonds sur la poursuite d’une agriculture productiviste. De nombreuses crises alimentaires et sanitaires, comme la vache folle ou le SRAS remettent en cause les fondements de notre agriculture. La société civile ne veut plus porter le poids de ces dégradations et réclame une meilleure transparence dans l’alimentation.

Dans le cadre de ces reflexions et face à ces nouveaux défis, des agriculteurs et des particuliers ont décidés de réagir. Les Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne s’inscrivent dans ce cycle.

Il s’agit en fait d’un partenariat d’association entre un ou des agriculteurs et des particuliers pour sauvegarder une agriculture menacée et permettre aux consommateurs de disposer des produits de qualité. Plus d’intermédiaire entre le producteur et les particuliers permet de conserver des prix relativement bas mais suffisant pour permettre aux exploitants de vivre de leur production.

En pratique, les agriculteurs et les consommateurs s’entendent sur les produits à cultiver, les conditions d’exploitations (productions biologiques, sans pesticides…). Monsieur Foucherand, paysan en Essonne remarque « j’ai conservé une culture traditionnelle, c’est à dire productiviste, largement financée par la PAC. D’un autre côté, dans le cadre des AMAP, je cultive des pommes de terre biologiques. Des deux productions, la plus rentable pour mon exploitation, est celle des AMAP. » Les avantages pour le consommateur sont de disposer de produits dont la traçabilité est facile, sans intermédiaire, d’une qualité irréprochable et qui ne détruisent pas la biosphère. L’agriculteur est sûr d’écouler sa production à un prix de vente fixé à l’avance et peut se permettre de produire des denrées sans pesticides, dans le respect de l’environnement et sans excès. N’ayant plus le souci de vendre, il peut se consacrer à la valorisation de son savoir-faire et à la qualité de sa production. Dans ce cadre, les règles de la concurrence internationale sont contournées. Le consommateur et le producteur créent des liens d’échanges et de concertations en se rencontrant pour des bilans, de décider ensemble du développement de nouvelles cultures, de racheter des terres…

A une époque où l’on confronte souvent le monde rural et urbain, les AMAP permettent de renforcer le lien social et participent à un échange de savoir-faire. Aujourd’hui, les AMAP peuvent représenter l’espoir de voir enfin les agriculteurs vivre sans subventions, n’être plus des pollueurs des nappes phréatiques et des sols. Cependant, même si ce système se développe dans la majorité des régions de France, il reste marginal au regard des grosses exploitations productivistes.