L’Argentin Jorge Mario Bergolio, dit Francisco Primero, ou le papa de la pampa, apportera-t-il un vent frais (pampero) sur la curie romaine ?
C’est donc un jésuite, Jorge Mario Bergoglio, d’ascendances italiennes, qui devient François Ier et succède à Ratzinger. Mais surtout un Argentin, un Sud-Américain. Les vaticanistes nous détaillent son passé, moins son présent récent en tant que membre de la curie (Congrégation pour le culte divin, pour le clergé, pour les Instituts de la vie consacrée, les sociétés de vie apostolique, mais aussi du Conseil pour la famille et logiquement, de la Commission pour l’Amérique latine). Mais il se tenait à distance de Rome, où il était peu présent.
Avec un jésuite, on évite un membre des diverses congrégations rigoristes espagnoles qui espéraient placer, sinon l’un des leurs, du moins qui leur serait favorable.
L’Opus Dei doit faire grise mine cette nuit. Le nouveau pape a été proche en revanche de Communion et Libération, mouvement implanté surtout en Italie, Espagne, et au Brésil, qui met l’accent sur l’action caritative.
L’ex-archevêque de Buenos Aires est un vrai outsider. On avançait les noms de Scola, du Brésilien Scherer, du canadien Marc Ouellet, de l’étasunien Dolan ou de cardinaux africains. Son compatriote Sandri semblait même plus placé parmi les papabili. Il sera plus sensible que d’autres à l’influence des néoévangélistes chrétiens de toutes sortes dans le monde. Il devrait peut-être alléger le décorum du Vatican : il avait, contrairement aux cardinaux italiens, laissé tomber la limousine.
Vocabor Franciscus. Le choix n’a sans doute rien à voir avec une tendance gallicane (française) mais beaucoup avec saint François d’Assises, le précurseur de saint Vincent de Paul et d’autres se penchant sur les misères du monde et en priorité les miséreux.
Il s’était aligné sur Ratzinger, notamment sur des questions sociétales telles le mariage pour tous, mais ce n’est pas vraiment un traditionaliste « racorni ». Il est considéré plus « flexible ». Notamment sur la question de la contraception (ou le baptême des enfants nés d’une union libre ou sans père connu). Mais il sera aussi sensible au besoin d’une plus grande flexibilité liturgique : soit des rites plus librement interprétés régionalement de par le monde.
Bergoglio, lors de l’élection de Ratzinger, aurait, selon une fuite révélée par la revue Limes, obtenu déjà 35 votes, puis 26 au final. Il représentait un compromis entre Martini, le cardinal italien classé réformateur, et le futur Benoît XVI. Le cardinal Daneels avait déjà regretté que le moment n’était pas déjà propice à l’élection d’un pape issu de l’Amérique latine.
Certains cardinaux enclins à davantage de collégialité dans la direction de l’église catholique et apostolique romaine, l’une des principales églises catholiques et chrétiennes, se sont peut-être ralliés à un pape de compromis : assez directif pour remettre de l’ordre, assez conciliant pour ne pas régner sans consulter longuement.
Il a été avancé qu’outre ses problèmes de santé, Ratzinger aurait démissionné pour laisser un successeur remettre de l’ordre dans la curie, faire tomber des têtes, en promouvoir d’autres. Le système des dépouilles (renouvellement dicastérial, ministériel, mais aussi administratif) est la règle après l’élection d’un nouveau souverain pontife. Les nominations seront donc scrutées.
Le correspondant du Pais à Buenos Aires, Alejandro Rebossio, campe le portrait d’un homme simple qui n’avait pas hésité à critiquer le couple présidentiel Kirchner. Il était moins critique de la junte dictatoriale militaire argentine, qui avait persécuté des jésuites, mais a ensuite favorisé le dialogue social. Mais il s’est distingué en dénonçant les inégalités sociales, le côté « bling-bling » de la classe possédante (ou politique), et la corruption.
Il recherchait peu une exposition médiatique mais ses homélies étaient suivies et répercutées.
Il nait dans une famille simple : un employé des chemins de fer et une mère au foyer qui auront cinq enfants. C’est à 21 ans, après des études de chimie, qu’il entre au séminaire. Il poursuivra des études au Chili, puis à Buenos Aires. Il enseignera dans des collèges et lycées. Il ne sera ordonné qu’en 1969, à 33 ans.
Provincial des jésuites argentins quatre ans plus tard, il est nommé évêque auxiliaire en 1992. Puis il préside la conférence épiscopale argentine jusqu’en 2011.
La Nacion (com.ar) résume les discours les plus polémiques de Bergoglio, notamment sur la prostitution et la « traite des personnes », les injustices sociales, la corruption, les délires de grandeur ostentatoire du couple présidentiel.
Le nouveau pape n’aura sans doute pas le lustre de Jean-Paul II. Il parle couramment l’italien et l’allemand mais pourrait se mettre au français (et bien sûr à l’anglais) de manière plus avancée. Sa messe inaugurale sera célébrée le 19 prochain (mais il en célébrera une dès ce jeudi après-midi). C’est un pape de compromis mais certains espèrent pressentir en lui un pape réformateur de la stature d’un Jean XXIII.
À peine élu, le nouveau pape a reçu des félicitations d’un peu partout, dont de la Chine qui réitère sa demande de rupture des relations diplomatiques du Vatican avec Formose (Taïwan), et des appels, dont ceux du Conseil national syrien et du grand imam d’al-Azar, des communautés israélites, &c.
François se nommera François, sans précision ordinale, si ce n’est à titre posthume tant qu’un futur pape ne choisira pas de nouveau ce nom. Mais, dans ce cas, dira-t-on de François II qu’il s’agit de « François Second » (dans l’attente d’un troisième) ?
Les relations du nouveau pontife avec l’église anglicane et sa « papesse », la reine d’Angleterre, gagneront à être clarifiées. Alors que la population des Malouines (Falklands ou Malvinas) s’est prononcé par référendum pour le maintien dans les domaines de la couronne et du Commonwealth, l’ex-archevêque avait salué la mémoire de ses compatriotes des forces armées morts « sur le sol argentin » (en se référant aux Malouines).
Plus argentin que « gaucho », le nouveau pape est attendu au Brésil. Fera-t-il étape à Cuba ? Ses prédécesseurs, Jean-Paul II (1998) et Benoît XVI (2012) avaient renoué le dialogue avec le régime cubain. Pour le moment, Raul Castro a envoyé ses cordiales félicitations sans les assortir d’une invitation. Le pape devra bientôt nommer le futur archevêque de La Havane (le cardinal Jaime Ortega se fait vieux).
Le Diario de Cuba laisse entendre que le choix du nom du pape se réfère autant à saint François-Xavier (ami d’Ignace de Loyola, fondateur des jésuites, et de Pierre Favre) qu’à saint François d’Assises. Ce Navarrais, parlant le basque, formé à la Sorbonne, avait évangélisé Gao, Ceylan, et le Japon. Les relations du Vatican avec l’Asie seront peut-être renforcées. L’actuel père général de la Compagnie de Jésus, Adolfo Nicolas Pachon, un Espagnol, fut supérieur des jésuites au Japon, puis président de la conférence des provinciaux d’Asie. Il s’était prononcé pour « une justice qui doit intégrer la justice environnementale, la dimension des genres et la coexistence humaine dans un monde multiculturel. ».
Pour le moment, la Curie jésuite à Rome s’est contentée d’annoncer la nouvelle par un très sobre Habemus papam Franciscum.
Merci pour votre article qui éclair bien plus sur notre nouveau Pape ! J’ai été très émue en le voyant apparaître au balcon même si je ne suis pas croyante.
Il n’a qu’un poumon, lui envoyer toute cette fumée blanche….c’est malsain!
Ils veulent l’assassiner!
Habemus Papam….L’Europe et la France (la fille ainée de l’Eglise) sont en désamour (ne cesse-t-on de lireà avec le Vatican et pourtant, combien d’heures d’éditions spéciales…Peut-être BFM et i-Télé auraient du faire des émissions spéciales avec des couvreurs pour nous expliquer la difficulté çà installer une cheminée, tant les plans de cette cheminée ont été longs et …monotones ?
Une petite chose…Oh les Jésuites sont présentés comme les Intellectuels de l’Eglise…Nous sommes bien ignorants de tous les ordres monastiques qui ont fourni, depuis Benoit (non non sans numéro) mais avec sa localisation (De Nursie) et même depuis l’errance même de ces Pères du Désert, des générations d’intellectuels de très haute stature.
Par définition, les ordres monastiques sont contemplatifs et laissent une place prépondérante à l’étude (les trois ou 4 arts libéraux) et les Jésuites ne s’inscrivent pas nécessairement parmi les ordres typiques.
Bonne journée
Eric
REVEREND PERE FOUETTEUR !!!
Les Jésuites…
Blaise PASCAL a déjà ferraillé avec ces moineaux-là
dans « Les provinciales »!!!
VRAIMENT DE DROLES DE MOINEAUX !!!
» Au temps où florissaient à Montrouge et à Saint-Acheul
les maisons d’éducation de la Compagnie de « Jésus », la
célèbre devise jouait un rôle important dans la discipline.
Le révérend père fouetteur (ceux qui ont été placés sous
sa main pourraient l’attester) avait fait graver les quatre
initiales sur le manche du terrible martinet.
La gent écolière était fouettée ad majorem Dei gloriam,
gloire dont elle se serait sans doute fort bien passée. «
En guise de remerciement aux « Provinciales » de Pascal,
les Jésuites firent faire retourner le cimetière de Port Royal.
Firent faire …car ces gens là n’agissent jamais directement !
CETTE FOIS-CI, IL NE VA PLUS Y AVOIR BESOIN DE PAPE NOIR !!!!
Les jésuites !
Blaise Pascal ferrailla avec eux ,
dans les Provinciales .
Pierre Larousse a écrit à leur sujet :
» Au temps où florissaient à Montrouge et à Saint-Acheul
les maisons d’éducation de la Compagnie de Jésus, la
célèbre devise (Pour la plus grande gloire de Dieu),
dont les initiales A.M.D.G.jouait un rôle important
dans la discipline.
Le révérend père fouetteur (ceux qui ont été placés
sous sa main pourraient l’attester) avait fait graver
les quatre initiales sur le manche du terrible martinet.
La gent écolière était fouettée ad majorem Dei gloriam,
gloire dont elle se serait sans doute fort bien passée. «
Paula Paranagua:
[b][i] »L’Eglise catholique d’Argentine est l’une des plus contestées
d’Amérique latine pour sa passivité, voire sa complicité,
à l’égard de la dernière dictature militaire de 1976-1983″.
« Le national-catholicisme était l’idéologie dominante des
forces armées, qui comptaient avec la bénédiction de la
hiérarchie de l’Eglise.
Contrairement aux Eglises du Brésil et du Chili, qui ont
joué un rôle capital dans la défense des victimes de la
répression et dans la lutte pour les libertés, le clergé
argentin a montré une indifférence coupable face aux
horreurs commises. Les religieux et religieuses solidaires
des « Mères de la place de Mai » n’étaient pas soutenus par
leurs supérieurs, et ont payé parfois de leur vie leur
fraternité »[/i][/b]
https://pt-br.facebook.com/paula.paranagua.7