Si on jette un œil à la mode d’aujourd’hui, on peut remarquer qu’un élément récurent apparaît sur nos vêtements ou encore nos objets de décorations. La tête de mort est devenu un emblème populaire même s’il lui est toujours accolé une image macabre. Rien de plus normal car elle représente la triste réalité de la vie, celle de mourir. Des marques de vêtement l’utilise aussi bien que des réalisateurs tendances, mais le goût du morbide n’est pas né d’hier, il faut remonter au début du XVIème siècle avec le mouvement des Vanités, composantes majeures du Baroque.

 

 

Une origine que l’on faire remonter à l’époque gréco-romaine par le fait que les Vanités sont une partie intégrante de ce que l’on appelle les Natures Mortes. Après un millénaire d’absence suite à la chute de l’Empire Romain, ce mouvement réapparaît notamment aux Pays-Bas. Suite à une période très troublée ou les nombreuses guerres ont fait des milliers de victimes, l’incertitude face à l’espérance de vie s’est cristallisée. Les Vanités se sont ensuite répandues en Italie, en Allemagne, en Espagne et en France.

 

 

Le terme de « vanité » provient d’un épisode de la Bible, dans l’Ancien Testament, lorsque l’Ecclésiaste se met à méditer sur la condition humaine, il parvient à ce constat : la vie est semblable à un fil, fragile, qui peut se rompre à tout instant. A chacun de nos gestes, chacune de nos actions la Mort rôde, sa faux au dessus de nos têtes telle une épée de Damoclès. Elle n’attend qu’un faux pas pour s’abattre. On retrouve plus tard, l’élocution latine : « Memento Mori », «  souviens toi que tu mourras », une parfaite définition de ce que sont les Vanités.

 

 

C’est dans la peinture que cet art se manifeste le plus largement. On ne compte plus le nombre de tableaux surchargés d’éléments qui sont autant d’œuvres à décoder pour en savoir d’avantage sur l’artiste. Beaucoup sont des autoportraits reflétant les différents âges de la vie. Il existe 3 types de vanités qui se caractérisent par :

 

 

  • Un attachement aux biens matériels. Dans cette catégorie, on retrouve des outils propres aux activités humaines, par exemple un encrier pour un écrivain, des pinceaux et des palettes pour un peintre, des livres pour une personne exerçant un métier intellectuel, une tiare pour un religieux ou bien une épée, un écu, un casque pour un militaire. N’oubliant pas les plaisirs terrestres, emplis de vacuité une fois notre existence terminée, matérialisés par des bourses contenant des écus, des bijoux ou des diamants. La richesse pécuniaire n’est qu’une notion éphémère, aussi riche que l’on puisse être, on reste tous égaux devant la Faucheuse. Une idée que devrait méditer certains actionnaires au moment où ils signent des plans sociaux dans le seul but d’avoir une rémunération plus élevée.

     

     

  • Une méditation sur le temps qui s’écoule, insaisissable, on a beau l’en empêcher, il fuit entre nos mains. Ainsi, on retrouve des horloges faisant avancer leurs aiguilles, des bougies en train de brûler, des sabliers perdant leurs grains, puis des miroirs réfléchissant l’image de la personne se regardant dedans, souvent un personnage âgé se verra jeune et vice versa.

     

     

  • Une touche d’optimisme manifesté par une forme de résurrection dépeinte par des épis de blé, du raisin et des cornes d’abondance. La Mort n’est qu’une étape, la vie continue malgré tout.

    En outre, dans la sculpture, on retrouve les Vanités par des statues représentant des cadavres, des corps décharnées, des anges pleurant, des crânes ailés, des motifs souvent présents dans l’art funéraire.

     

    Les Vanités sont plus que jamais d’actualité, elles sont une manifestation de notre peur de mourir. Nous stockons autant de traces de notre passage sur Terre pour que les prochaines générations se souviennent de nous. Les réseaux sociaux comme Facebook sont un excellent moyen de survivre même à travers notre mort. Il existe même des pages fantômes dont les propriétaires sont malheureusement décédés, des murs devenant des tombeaux numériques. Vanitas, vanitum et omnia vanitas.