C’est sans un brin de coquetterie que l’égérie stylée de Chanel, Vanessa Paradis, endosse avec brio le rôle de la mère parisienne éperdue de tendresse pour son unique enfant trisomique dans "café de flore", film de Jean-Marc Vallée. Une mère des années 60 seule en quête désespérée d’un quelconque mode d’emploi efficace pour l’aider à venir à bout de tous ces innombrables obstacles qui s’acharnent obstinément à anéantir ses efforts enragés déployés dans l‘éducation d’un fils "hors normes".

Elle, l’inébranlable qui tente tant bien que mal avec les maigres moyens du bord de gérer une situation lourde que seule l’instinct à l’effet dopant qui anime une mère permet d’affronter. Toujours prête à faire preuve d’imagination dans l’intérêt de son petit bonhomme avec l’espoir de l’extirper de son enfermement, mais échoue forcément à triompher face à un combat perdu d’avance, malheureusement.

Battante, la mère refuse de démissionner, rejette les facilités consistant à placer l’enfant dans des institutions spécialisées et tâtonne, tâtonne indéfiniment. En proie au désespoir avec cette furieuse envie de lui insuffler les normes, d’allumer les braises déficientes dans son regard quelque peu éteint, incapable de sevrage, elle se surprend glissant insidieusement vers un amour devenu violent, destructeur.

Film déconstruit où s’entrecroisent deux histoires à des époques différentes, que sous tend un même fil conducteur, en l’occurrence, l’amour ravageur. La seconde histoire est celle d’un DJ montréalais conscient de son bonheur au sein de sa jolie famille mais dont le cœur, sans crier gare, chavire pour une seconde «âme soeur» larguant du coup la mère de ses enfants.

Et c’est donc par intermittences, que l’on passera brutalement d’une histoire vers l’autre, des questionnements pseudo-philosophiques d’un mari sur la fréquence du véritable amour dans une vie aux démonstrations courageuses d’une mère pleine de douleur. Un film à vous donner le tournis à force d’être trimballé de Paris à Montréal, d’une époque à une autre, d’un enfant trisomique à un mari emporté par les turbulences volcaniques d’un second amour hors programme !

 

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