Une vie, un engagement : Camille de Vitry

 

A l’occasion de la sortie en DVD de son film « Comme un Echo », Camille de Vitry a bien voulu m’accorder une interview pour le blog « la Bulle de Mimine ». Elle revient sur son parcours, son engagement et raconte avec enthousiasme le tournage de sa première fiction. Ce film, tourné «  sur la base participative », propose une fresque historique et engagée sur l’une des plus importantes et pourtant méconnue révolte parisienne : la Commune.

 

Rien (ou presque) ne destinait Camille de Vitry a être une réalisatrice militante. Après avoir fait des études d’audio-visuel à l’école Louis-Lumière, c’est vers la communication d’entreprise que la jeune femme s’oriente. Elle décroche son premier job au sein d’une holding d’ingénierie internationale. Tout roule alors pour elle : « C’était en 1996, j’avais un salaire à 5 chiffres… » . Mais c’était sans compté sur les événements de cette année là, surtout un en particulier, l’occupation, par des centaines de Sans-Papier, de l’Eglise St Bernard à Paris. Cet événement agit sur elle comme une bombe et là c’est le déclic : « Un jour j’ai vu des drapeaux rouges sur l’église St Bernard dans le 18e[…] Je suis rentrée… J’ai mis un pied dans l’église, deux pieds dans la lutte, trois pieds en Afrique… J’ai tourné en rond toute la journée, comme une bête fauve, m’explique t’elle. Le lendemain je sautais sur mon vélo et rejoignait l’église en proposant un jeûne de solidarité avec les grévistes de la faim. »

 

Alors que l’Afrique est omniprésente dans son esprit, et dans les nombreux documentaire qu’elle a réalisé jusque là, c’est la Commune qu’elle choisi comme sujet pour sa premier fiction. Sentant certainement que la question d’en comprendre les raisons me brûlait les lèvres, la cinéaste me devance en me confie que c’est lors d’une promenade au bas du Mt Valérien qu’il lui est arrivé une chose quasi surnaturelle. « Je remontais dans l’herbe folle, hors de tout sentier, quand j’ai entendu des tirs des explosions des cris des pleurs…C’était si fort que je me suis bouché les oreilles et je me suis mise à courir Je pleurais, c’était insupportable. » Comme si elle était entrée, malgré elle, en communion avec les plus vieille lutte de l’Histoire. Car la Commune c’est ça : la lutte des pauvres contre les riches, du travailleur contre le profit. Et, 140 ans et de belles avancées sociales après, le fond est toujours le même, d’où le titre du film : « comme un écho des luttes anciennes et de la mobilisation toujours nécessaire… »

 

Commence alors un travail de recherche et d’enquête historique acharnée au sein de la fondation Adolphe Thiers, mais aussi dans les archives de l’armée de terre, les musées, les bibliothèques. Parallèlement à ça, Camille ne cessera pas de militer, son engagement au près des Sans-Papiers la mènera au Mali où elle tournera « le Prix de l’Or », une enquête sur la mine d’or de Sadiola. Pour l’occasion la réalisatrice se fera écrivain en racontant son périple malien dans un livre « L’Or Nègre », disponible en téléchargement gratuit sur le site de tahin-party.

 

Mais pendant ces 17 ans de gestations, la plus belle des aventures, c’est sans aucun doute celle qui a débuté il y a 6 ans avec la naissance de son fils. C’est lui qui lui a fait réalisé les risques qu’elle avait pris en Afrique. «  Après "l’or nègre" et 4 tentatives d’assassinat au Mali – […]- je me suis demandé : que faire maintenant ? Surtout que j’ai un petit garçon de 6 ans que j’élève seule, je ne peux plus risquer ma peau dans de tels périples. C’était 2011, les 140 ans de la Commune, et je bossais en CDD à Télébocal… »

 

Et c’est ainsi qu’a vu le jour, « Comme un écho », ce projet qui lui tenait temps à cœur. Dans l’interview qu’elle m’accorde, c’est avec enthousiasme qu’elle parle du tournage : « Le tournage s’est merveilleusement passé […] Ambiance participative, extraordinaire, un film en état de grâce: tous bénévoles, tous militants, tous motivés, de grands noms comme Julien Bayou… » en guest star.

 

Même si tout n’est pas rose dans son quotidien, Camille s’accroche à son idéal. A l’instar de Lucie Aubrac, qui lui a remis en personne cette célèbre phrase «  Créer c’est résister ; résister c’est créer. », elle s’engage, et transmet car les acquis de notre bel France démocratique ne sont pas des lauriers sur lesquels ils faut se reposer. Et même si la mode est l’indignation, peu de gens gardent les deux yeux ouvert, par vigilance… démocratique.

 

 

retrouvez l’intégrale de l’interview ici