Alors que plusieurs pays d’Europe souffrent de la canicule, en Amérique du Sud c’est une vague de froid inhabituelle et meurtrière qui a frappé le continent. En effet, même si nous sommes en plein hiver austral, en ces régions les températures descendent rarement en dessous des quinze degrés Celsius. Pourtant, depuis le début du mois de juillet, plusieurs pays ont vu leurs thermomètres descendre à des températures voisines des zéro degré… et parfois même moins !
Comme un tel froid polaire est rare, personne n’y est préparé et les infrastructures sont inadaptées. Les premières victimes de la vague glaciale ont évidemment été les sans-abri qui n’ont pu se réfugier dans des structures d’accueil absentes ou en nombre insuffisant. Si ces victimes d’hypothermie sont plus nombreuses que celles qui avaient un toit où s’abriter, ces dernières ont été victimes d’installations de chauffage inadaptées et surtout mal réglées.
D’après les journaux locaux, quatorze personnes sont mortes de froid en Argentine, tandis que trente-trois autres ont été tuées par des installations de chauffage déficientes. Dans ce pays, comme au Chili, les éleveurs également se plaignent du froid, puisqu’on craindrait la perte de plus de cent mille têtes de bétail. Dans le sud du pays, là où les températures ont atteint les quatorze degrés en dessous de zéro, les cultures sont perdues.
En Bolivie, où la neige est tombée comme en Argentine et en Uruguay, on a relevé dans la région du Chaco des températures de neuf degrés en dessous de zéro. On y déplore la mort de dix-huit personnes. Toujours dans ce pays, qui avait souffert de la sécheresse en début d’année, la plupart des cultures sont perdues, et des pêcheurs ont même signalé des bancs de poissons morts dans différentes rivières du pays prises par les glaces.
Au Paraguay, ce sont quatre cultivateurs qu’on a retrouvés morts dans leur champ, plusieurs sans-abri dans la rue, et plusieurs personnes tuées par le monoxyde de carbone. Au Chili, ce sont deux personnes qui sont mortes, une d’hypothermie dans la rue et une autre brûlée vive dans sa propre maison, incendiée après qu’elle y eut allumé un feu pour lutter contre le froid. Encore dans ce pays, cent soixante-dix personnes sont coupées du monde par les importantes chutes de neige.
En Uruguay, où les températures sont tombées jusqu’à cinq degrés en dessous de zéro on déplore deux morts, tandis qu’au Pérou cent quatre personnes sont décédées des suites de problèmes respiratoires liés au froid et à un service de soins de santé inefficace. Toujours au Pérou, les éleveurs ont annoncé la perte de dix pour cent de leurs troupeaux. Au Brésil, neuf personnes sont mortes, pour la plupart des indigents.
Pour les autres pays, comme la Colombie, où les températures bien que extrêmement fraîches sont restées acceptables, ce sont des inondations qui ont accompagné cette vague hivernale, détruisant maisons, culture et infrastructure routière. Mais partout sur le continent sud-américain, les services d’eau et d’électricité ont été affectés soit par les chutes de neige, soit par les inondations ou les glissements de terrain.
Ce froid exceptionnel qui a agressé les Sud-Américains à l’heure où les Européens se précipitent vers les plages et les coups de soleil cancérigènes, devrait nous rappeler que l’étude des climats est une science relativement jeune, et que même si de nombreux spécialistes affirment que la température moyenne de la planète augmente, il ne s’agit que d’une moyenne et que les climats locaux peuvent toujours être ou trop arides, ou nettement trop froids.
Ainsi, les solutions aux problèmes climatiques, même si elles doivent être trouvées à un niveau supranational lorsqu’on parle de pollution, doivent fournir des réponses appropriées à chaque cas particulier. De plus, lorsque ce sont les forces de la nature qui se déchaînent, je doute qu’à l’heure actuelle on puisse leur résister, et la seule chose que l’on puisse faire c’est s’efforcer de réparer les dégâts.