Etre triste, ce n’est pas si grave, et si c’était salutaire.

Notre Société de plus en plus hédoniste met en avant le bonheur et la joie au dessus de tout. L’intention est louable et nécessaire, le bonheur est en effet une quête saine et indispensable à la vie.

Ainsi, ceux qui se complaisent dans le malheur et le désespoir sont moins tolérés que les gens optimistes, légers et joyeux. Comme dans la célèbre chanson "on préfère toujours ceux qui rient à ceux qui pleurent dans leur lit". Quand la tristesse est pathologique, elle porte le nom de dépression, les médicaments sont alors prévus pour éliminer les sentiments négatifs et toxiques à la fois pour soi et pour l’entourage.

La tristesse n’est cependant pas toujours pathologique, elle peut être normale, justifiée et naturelle et ne doit pas être confondue avec une morbidité des sentiments qui rend toute communication impossible et qui ploge le sujet dans un état second loin de la réalité et de ses exigences…traiter la tristesse normale comme s’il s’agissait d’une maladie altère une composante cruciale de notre biologie.

 En outre, la mélancolie peut être une composante de la personnalité d’un être qui n’est pas forcément problématique et peut au contraire être une source indéniable de créativité. Sans mélancolie, nous aurions sans doute renoncer à la quête du bonheur, ainsi elle permet de mieux apprécier et de reconnaître les moments de grâce. Quelle serait en effet l’intérêt d’une vie toujours joyeuse et sans cette indispensable tristesse qui nous permet d’évoluer. Un bon nombre de chercheurs et d’anthropologues considèrent que la tristesse nous permet d’évoluer. Le Professeur Jerome Wakefied, du département de travail social de l’Université de New York et coauteur de l’ouvrage the loss of sadness : how psychiatry transformed normal sorrow into depressive disorder/ La perte de la tristesse- comment la psychiatrie a transformé le chagrin ordinaire en trouble dépressif? Oxford University Press 2007.Pourtant la tristesse a un autre rôle plus pédagogique, celui de nous faire prendre conscience de nos erreurs. Par exemple, le risque d’éprouver de la tristesse peut nou aider à être moins désinvoltes à l’égard des personnes que nous aimons..