A quelques jours de la fin du ramadan, pratique essentielle du culte musulman, un point sur les tensions entre les français d’extrême-droite et les français d’origine maghrébine s’impose.
 

            Médiatiquement parlant, on pourrait croire que ces tensions sont moins vives que par le passé. Est-ce le cas? Je n’en suis pas certain. Est-il seulement honnête intellectuellement de comparer les époques et leurs tensions respectives? Je ne pense pas non plus, nous éviterons donc.

L’idée de cet article m’est venu dimanche, alors que je rentrais d’une course cycliste en Franche-Comté. Dans la voiture, un de mes amis et coéquipier dont je connaissais déjà les penchants pour l’extrême droite, a vidé son sac, pardonnez-moi l’expression. Ce ne fut pas joli à voir, surtout à entendre, venant de la bouche d’un jeune homme qui fêtait récemment ses 21 ans.
 

Il est le parfait exemple de ce que j’appelle la nouvelle vague de skinhead. Le problème, c’est qu’il ne sait pas ce qu’est un crâne rasé, pour traduire. C’est cette génération qui monte sans cesse en tension qui m’effraie le plus à l’heure actuelle. Car elle ne se revendique de rien, d’aucun mouvement officiel. Cette génération là n’est pas engagée mais pourtant, elle fait peut-être plus de dégâts que les "vrais" skinheads. 

Comprenez-moi bien, il existe encore des skinheads "officiels", je dessine seulement ici le portrait d’une nouvelle forme de nationaliste de l’ombre.
En effet, que ce soit lors de soirées bien arrosées, ou virées en ville, il n’est pas rare d’assister à des bagarres relativement violentes entre extrémistes et français d’origine arabe, voire africaine et asiatique. Et si, en soit, ces violences sont déjà affolantes, le fait qu’elles soient totalement gratuites et qu’elles ne soutiennent pas un quelconque mouvement nationaliste me paraît l’être encore plus.
 
Dimanche, dans la voiture, en écoute du monologue de mon collègue, ma première réaction était le rire, tellement ses paroles me paraissaient "clichés" et dénuées de tout sens. Puis après quelques minutes, sans vous en dire plus sur mes convictions, voyant qu’il était sérieux au possible, j’ai explosé et lui ai dit ma façon de penser. Ambiance lourde, vous vous en douterez, mais quand Alex Delarge vomit la violence dans Orange mécanique, je ne peux supporter ces propos xénophobes qui sans jeux de mots, piquent les oreilles.
Voyez par vous-même : "Ras le c** de ces bou******, ils nous emm***** avec leurs mosquées, nous on ne peut même pas construire d’église là-bas!"
Voici une petite illustration des propos tenus par mon camarade. Affligeant, pas vrai ? Je précise qu’il n’est pas de confession chrétienne… Bref, un flot de bêtises en tout genre, d’amalgames entre islamistes et musulmans.
 
Les paroles du Front National font leur effet, en suivent des jeunes et des moins jeunes qui se montent la tête tout seul et deviennent invivables en public avec ceux qu’ils dénigrent, jusqu’en venir aux poings. Triste réalité contemporaine, qui, même s’elle n’est pas nouvelle, prend une ampleur considérable et alarmante. 
 
Le cercle vicieux est fermé et tourne à plein régime. Et pendant que le Front National fait sa campagne répugnante, que l’UMP s’approprie cette campagne et que la gauche s’énerve et exprime son ras le bol en tapant sur les militants et les dirigeants, le foyer de tension ne fait que de s’agrandir. 
La solution ne sera pas celle du plus fort. En politique démocratique et républicaine, ce n’est pas celui qui tape le plus fort qui doit gouverner. 
Il est temps d’entendre et de comprendre les origines de ces dérives (et non pas d’excuser), et de tout faire pour y mettre fin sur le long terme.
 
Il s’agit avant-tout d’arrêter de confondre un problème social avec un problème ethnique et religieux. Mais cela, faut-il encore vouloir le comprendre et agir en conséquence. A la question, quel est le plus simple entre l’action et l’inaction, chacun d’entre nous connaît la réponse…
 
Malheureusement.