Des campagnes de sensibilisation qui choquent          Dans notre société, la solution à un problème se limite  souvent à l’élaboration et à l’application de nouvelles lois. Bien que notre système judiciaire et pénal soit efficace dans plusieurs situations, il n’élimine pas tous les problèmes puisque nous punissons les fautifs une fois que la situation est irréversible. En fait, bien qu’un accusé doive répondre de ces actes, la situation des victimes reste souvent inchangée.  Il y a pourtant une autre manière d’inciter la population à faire des choix judicieux : la sensibilisation. Certains organismes l’ont bien compris et c’est principalement le cas de la SAAQ qui multiplie les campagnes de prévention contre l’alcool au volant. Même que nous pouvons remarquer une évolution de ces campagnes au cours des dernières années puisque les gens qui luttent contre cette problématique  ne se contentent plus seulement d’informer la population des risques, ils leur montrent littéralement ce que cause la conduite en état d’ébriété par le biais de publicités chocs. Selon moi, ces publicités ont des répercussions très positives puisqu’elles font réfléchir les gens, elles suscitent la sympathie et l’empathie, elles sont visibles de tous et elles ne sont pas punitives.

D’abord, il faut admettre que ces publicités atteignent leur but; elles sont choquantes et nous font vivre des émotions que nous préférions parfois mettre de côté. En effet, il est beaucoup plus simple d’essayer d’oublier que ce genre de drame se produit autour de nous que de faire face à la réalité. Pourtant, nous savons tous que nous pourrions y être impliqués un jour et c’est ce que ces publicités nous rappellent : nous ne pouvons plus penser que ça n’arrive qu’aux autres. C’est d’ailleurs un des messages qui est transmis à travers plusieurs de ces publicités qui nous rappellent qu’un accident, ça frappe beaucoup de monde. Bien que tout ceci puisse sembler négatif vu les émotions qu’elles suscitent, elles ont un impact irréversible sur notre vision des choses. Une fois que nous les avons vues, nous ne pouvons plus les oublier. La visibilité de ces publicités a aussi un impact important. Ces images, messages et vidéos sont partout et leur transmission est d’autant plus facilitée par les nombreuses sources de communication disponibles aujourd’hui. Les réseaux sociaux, Internet, la télévision, la radio, tout est à notre disposition pour faire passer le message.  De plus, les images et les messages qui y sont transmis ne laissent personne indifférent. En fait, les scénarios sont si réalistes qu’ils nous permettent facilement de se mettre dans la peau des personnages, ce qui nous fait ressentir des émotions telles que l’empathie ou la sympathie. Certaines publicités mettent même en scène de réelles victimes, laissant encore moins de place à l’imagination et beaucoup plus à la réalité. C’est le cas des images et de l’histoire de Jacqueline Saburido qui circulent sur Internet et qui ont été vu par des millions de personnes. Je dois avouer que je trouve moi-même très difficile de regarder ces images, mais elles n’en sont pas moins réelles. Aussi, ces publicités démontrent enfin qu’un message peut passer sans qu’il s’appuie sur quelques choses de punitif. Elles ne lancent plus seulement le message que l’alcool au volant est criminel et qu’il peut vous mener en prison, elles montrent les impacts réels sur la vie des victimes et des accusés ainsi que de leur entourage. Si nous revenons sur l’histoire de Jacqueline Saburido par exemple, les images et les témoignages démontrent de la douleur et une peine immense pour la victime comme pour l’accusé. Ce jeune conducteur alors âgé de 17 ans qui a causé l’accident et qui s’en est sorti indemne, dit lui-même  que sa sentence n’est rien comparé au reste de sa vie qui l’attend. Il ne peut se pardonner cette soirée, même si c’était la seule fois. Il est conscient qu’il avait un avenir prometteur, tout comme les deux personnes qui ont perdues la vie et bien sûr, Jacqueline. D’un point de vue philosophique, je crois que ces publicités sont aussi justifiables et qu’elles sont en accords avec plusieurs discours que nous avons retenus des philosophes. Prenons exemple sur John Stuart Mill, un penseur libéral des plus influents du XIXe siècle qui serait en accord avec ce moyen de prévention puisque ce geste maximise le plaisir et minimise la douleur pour tous ceux touchés par les conséquences de nos actions. Ces publicités sont touchantes à regarder, mais elles sont quand même positives pour l’ensemble de la population car elles permettent d’éviter certains accidents qui sont parfois mortels. Les publicités minimisent donc la douleur et maximisent le plaisir des victimes potentielles et des familles qui n’ont pas à affronter les conséquences d’une tragédie ou d’un deuil. Nous pouvons aussi nous appuyer sur Emmanuel Kant, un philosophe allemand qui idéalise la façon de penser suivante : Un geste est moral si j’aimerais que tout le monde le pose dans un monde. Kant serait donc en accord avec ces campagnes de préventions car l’apparition des publicités chocs a des répercussions positives et amène une diminution de la problématique liée à l’alcool au volant. Kant serait donc en faveur de ces publicités qui dénoncent ce geste immoral qu’est la conduite en état d’ébriété. Finalement, le principal argument de ceux qui s’opposent à ce genre de publicité est que ça n’atteindrait pas les bonnes personnes. Pourtant, selon les statistiques de la SAAQ, ce serait tout le contraire. En fait, « 70 % des condamnations pour alcool au volant, donc la majorité, sont liées à une première infraction. Les statistiques affirment aussi que 80 % des conducteurs impliqués dans des accidents causés par la conduite avec les facultés affaiblies en sont à leur première infraction. » De plus, l’impact de cette prévention combinée à la législation est très encourageant. En effet, au cours des 25 dernières années, le nombre de décès causés par l’alcool au volant est passé de 800 à 200 par année. Nous ne pouvons donc nier que les publicités chocs ont un impact positif, mais le travail n’est pas terminé. En plus de continuer à sensibiliser les gens sur la problématique de l’alcool au volant, la SAAQ s’attaque à d’autres problématiques dont une plus récente qui est aussi très préoccupante, l’utilisation de la messagerie texte au volant.