Une grève de la faim des Moudjahiddines du Peuple d’Iran qui n’en finit plus

Après le massacre du camp d’Achraf  en Irak lors duquel une soixantaine d’opposants au régime iranien ont été assassinés pendant que sept de leurs compères ont été pris en otage, les manifestations de soutien se multiplient à travers le monde alors que le deuxième camp d’opposants, Liberty, s’est lancé dans une grève de la faim, soutenu par une dizaine d’iraniens en Suisse.

 

Cela fait plus de 8 semaines que les 400 habitants du camp Liberty, membres pour la plupart du groupe d’opposants au régime iranien, les Moudjahiddines du peuple, font une grève de la faim. Une action aujourd’hui relayée par plusieurs dizaines d’Iraniens, à Berlin, Londres, Ottawa, Melbourne et en Suisse, eux aussi volontairement privés de nourriture depuis bientôt 70 jours. Alors que plusieurs d’entre eux ont été hospitalisés, ces militants semblent ne rien vouloir lâcher : « si le gouvernement irakien ne libère pas très bientôt nos sept camarades enlevés le 1er septembre dernier, nous allons mourir à Genève » prévient Ali Amani, membre des Moudjahiddines du peuple en grève de la faim en Suisse.

 

Pour ces militants, il n’y aucun doute : c’est bel et bien le gouvernement irakien qui, sous les ordres du gouvernement iranien, a envoyé ses militaires massacrer les habitants d’Achraf le 1er septembre dernier. Il détiendrait également aujourd’hui les sept otages d’Achraf, sur le point d’être donnés à l’Iran, où un destin funeste les attend probablement. « Au début du mois dernier, des hommes armés ont pénétrés dans le camp d’Achraf en Irak où nos camarades moudjahiddines d’Iran étaient réfugiés depuis les années 1980, et ils ont massacré 52 habitants sans défense, dont plusieurs à bout portant, d’une balle dans la tête. Ils ont enlevés sept personnes, dont six femmes. Nous sommes sûrs qu’ils sont torturés » déplore un autre gréviste en Suisse, Rashidi Reza.

 

De son côté, le gouvernement irakien nie toute implication dans le massacre comme dans la prise d’otage. Ce n’est pourtant pas la première fois que le camp d’Achraf se fait attaquer. En 2009, juste après la passation de souveraineté des Etats-Unis à l’Irak, les forces armées irakiennes avaient pris d’assaut le camp, faisant 9 morts et plusieurs blessés. En 2011, alors qu’environ 3 000 habitants d’Achraf sont transférés dans un nouveau camp proche de Bagdad, Liberty, 36 membres des moudjahiddines sont tués.

 

Depuis le début du mois d’octobre, les manifestations se multiplient dans plusieurs villes stratégiques alors même que le nouveau président iranien, Hassan Rohani, commence son opération de séduction internationale. Ce dernier, faisant apparemment croire à une ouverture diplomatique, espère faire lever les sanctions prises en 2006 par l’ONU à l’encontre de son pays et de son programme nucléaire.  Le 30 septembre dernier, des opposant iraniens manifestaient devant l’Assemblée du Conseil de l’Europe à Strasbourg, le 5 octobre, ils étaient mobilisés à Berlin, le 9 octobre, à Paris, le 12 octobre en Suède, etc.

 

Finalement entendus par les députés de l’Assemblée nationale française au début du mois, leur lutte reste encore médiatiquement trop limitée. Les présidents occidentaux commencent à négocier avec l’Iran, apparemment convaincu par les propos modérés d’Hassan Rohani, pendant que celui-ci mène la même politique intérieure et régionale que son prédécesseur, espérant venir à bout de l’opposition en toute discrétion. Une stratégie qui, malheureusement, semble pour le moment fonctionner.