Une fête du Travail fleurie

 

Aujourd’hui, c’est le sourire aux lèvres que nous avons pu nous lever tardivement après une grasse matinée bien méritée. Comme toutes les années, le 1er mai, la journée est chômée, on ne travaille pas et on peut prendre du bon temps pour vaquer à nos occupations personnelles. Faire du rangement, des réparations, regarder des films à la télévision, les mêmes qui repassent à chaque fois, des westerns, des vieilles comédies, des vieux James Bond ou remplir des papiers administratifs.

 

 

Mais d’où vient cette tradition ? Puis pourquoi s’offre-t-on particulièrement du muguet en ce jour ? Eléments de réponses dans les lignes qui suivent.

 

 

Tout commence lors de la Révolution française, alors que l’on fait chuter les têtes des nobles dans des corbeilles préalablement disposées au sommet de la guillotine. Les nouveaux chefs de l’Etat ont l’idée d’instaurer une fête du travail. L’idée se répand et les usines à visage humain comme le familistère de M.Godin, l’adopte.

 

 

En 1884, dans les jeunes Etats-Unis d’Amérique, les syndicats des travailleurs se réunissent au Congrès pour discuter d’une éventuelle réduction du temps de travail. Une durée horaire devant s’établir à 8 heures par jour. Pour porter haut et fort cette revendication, on choisit une date, ce sera le 1er jour du mois de mai, c’est-à-dire la journée comptable dans la majorité des entreprises où les contrats commencent et se terminent.

 

 

Après deux années de lutte, en 1886, le patronat américain cède face aux pressions des ouvriers. La journée de 8 heures devient la norme, quelques manufactures résistent en voulant continuer à exploiter leur main d’œuvre. Les lieux sont occupés et des scènes de violences se déroulent. Débordements, coups de feu, arrestations d’anarchistes et exécutions rythment ces journées de perturbation.

 

 

En 1889, des nuées de touristes avides d’innovations affluent dans la capitale française, Exposition Universelle oblige. La même année se déroule l’Internationale Socialiste, tous les notables sont là, Raymond Lavigne décide que le 1er mai sera la fête du Travail avec la reprise de manifestations à l’image des frères transatlantiques.

 

 

Dans tous les pays présents lors de la conférence, par le biais de leur émissaire, on applique la décision, non sans heurts et violences. Ainsi en 1891, à Fourmi, dans le nord de la France, la manifestation est entachée de sang. Les forces de l’ordre, envoyées par le gouvernement de Sadi Carnot,  vident leurs cartouches sur les ouvriers un peu trop agités. Un massacre permettant d’enraciner cette journée comme une commémoration célébrant la lutte des acquis sociaux des travailleurs, décrochés après de difficiles combats.

 

 

Dès la Libération du pays et la fin de la guerre, le gouvernement en place prend des mesures sociales dont celle d’entériner le 1er mai comme un jour férié et de revendications. Le Pape Pie XII, bien assis sur son siège pontifical à Rome, fait un geste. En 1955, il décide que ce jour, on célèbrera Saint Joseph l’artisan.

 

 

Deuxième élément du 1er mai, le muguet. Pour quelle raison se donnons-nous un brin de cette délicate fleur arborant de jolies clochettes blanches ? La coutume remonte à 1561, le printemps arrivant, les fleurs poussant, le roi Charles IX décida en cette journée du 1er mai, d’offrir du muguet à toutes les femmes de la Cour. La gentille intention plut et il la réitéra d’année en année, si bien qu’elle devint une tradition.

 

 

On voit dans cette plante, venue du Japon, cultivée en France depuis le Moyen Age, un symbole de chance et de bonne nouvelle. Des « bals du muguet » étaient organisés à travers le royaume pour que les jeunes damoiseaux et jeunes damoiselles puissent faire connaissance. Les filles revêtaient une robe blanche et les garçons épinglaient un brin à leur boutonnière.

 

 

La jonction entre les deux composants du 1er mai se fait en 1907, les manifestants troquent le triangle rouge, image de la journée tripartite, 8 heures de travail, 8 de loisir et 8 de sommeil, pour cette charmante plante.

 

 

On estime à 50 million, le nombre de brins qui s’échangeront aujourd’hui. Un vrai jackpot à 2€ le brin pour les commerçants d’un jour, car aujourd’hui, tout le monde peut en vendre. Même si la journée n’est pas travaillée, c’est une bonne raison pour se reconvertir en fleuriste le temps d’un jour,  histoire d’arrondir les fin de mois de plus en plus difficile en ce temps de crise. 

2 réflexions sur « Une fête du Travail fleurie »

  1. Dans mon petit village, les vendeurs à la sauvette devaient-être en crise cette année, car le plus petit brin promis pourtant à 2€, était vendu à 4€… Le double de l’an passé…
    Mais bon, apporter du bonheur pour si peu, ça ne coûte quand même pas cher…

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