Un silence qui parle

 

Depuis cette nuit (8 février) à minuit une, le Québec se prive de son système pénal. En effet, depuis une vingtaine d’heures, les criminels en attente de procès peuvent dormir tranquille et le travail des policiers n’est plus d’une grande utilité. Le système de justice n’a plus les effectifs nécessaires au bon fonctionnement du processus judiciaire car les procureurs font valoir le droit à la grève qu’ils ont acquis en 2003. Cette après-midi, dans de Montréal pour manifester le silence total, 150 procureurs sont allés dans la salle des pas perdus du palais de justice.

 Le pire dans tout ça, c’est que cette grève est légitime. Les procureurs de la couronne réclament une hausse salariale massive de 40 % au gouvernement du Québec car ils ont un salaire de beaucoup inférieur à la moyenne du pays et cet écart est encore plus frappant quand on regarde du côté de la province de l’Ontario. Selon une étude, datant de 2008, de l’association des juristes de l’état, le salaire maximal d’un procureur au Québec est de 102 734 $ et celui en Ontario est de 196 965 $. Devant cet écart considérable, j’ai peine à croire que, même avec des salaires aussi bas, la province de Québec soit encore capable de recruter des procureurs de la couronne. Sachant qu’ils doivent tous être bilingues ou presque, ils seraient faciles pour eux de tourner le dos à leur province et d’aller cogner à la porte du voisin! Surtout si celui-ci leur offre le double du salaire et de meilleures conditions de travail.

Pour l’instant cette grève ne dérange point car ses effets négatifs ne se font pas encore ressentir mais d’ici une trentaine de jour, toutes les causes déjà entamées seront terminées et plus aucune nouvelle poursuite judiciaire ne sera portée devant les juges. Donc, le système pénal sera complètement paralysé, sans parler des mandats devenus inutiles, car il n’y aura plus de procureurs pour poursuive les criminels.

De plus, les procureurs de la couronne sont clairs :   «On est prêts et on est en mesure de tenir longtemps», dit Me Greffe. Selon maître Greffe, les dernières offres du gouvernement tournent autour de 10 % à 12 % et cela est inacceptable. Également, le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, a déclaré qu’ils n’obtiendront pas le rattrapage salarial souhaité de 40 % mais il admet que la province accuse un retard de trente ans au niveau des salaires. Donc, la grève s’annonce de longue durée puisque les deux camps ne veulent faire aucune concession…

Ce qui est déplorant de la part de M. Fournier  est le fait qu’il ne soit pas réceptif à la demande des procureurs. Suis-je le seul à croire que le Québec doit avoir un système de justice fonctionnel? Non, pourtant le ministre de la Justice, lui, peut s’en passer!

Finalement, ce conflit peut avoir de graves répercussions et j’espère sincèrement que le gouvernement et les procureurs commenceront à négocier pour trouver une entente le plus rapidement possible car ici on ne parle pas juste d’argent mais bien de sécurité publique.

David Boutin

Source :

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/justice-et-faits-divers/201102/08/01-4368138-les-procureurs-manifestent-en-silence-a-montreal.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B4_manchettes_231_accueil_POS4

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201102/08/01-4368156-greve-des-procureurs-le-gouvernement-charest-inflexible.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_lire_aussi_4368138_article_POS2

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