Le patron du premier syndicat des cadres ne mâche pas ses mots pour qualifier la nouvelle loi sur la durée du travail à la mode sarkoziste.

 

Les cadres pourront désormais travailler jusqu’à 235 jours par an, par la faute de l’acharnement idéologique du gouvernement en faveur du patronat. 235 jours, ça fait quoi ?


"Pour arriver à 235 jours, vous prenez les 365 jours de l’année, vous enlevez 2 jours par semaine pour les samedis et dimanches, soit 104 jours, 5 semaines de congés payés et un jour qui serait le 1er mai. Résultat : plus de RTT ni de jours fériés. On pourra vous demander de travailler le 14 juillet, le 15 août et le 1er janvier…", répond Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC (Confédération générale des cadres), interrogé par Libération. "Enfin la liberté !", a osé s’exclamer ce pitoyable guignol de Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP. Liberté de se voir imposé de ne plus avoir ni RTT ni jours fériés, le progrès est joli, merci Sarkozy ! Mais cela sera-t-il obligatoire ? "Le gouvernement et Xavier Bertrand disent que cela sera borné par la négociation d’entreprise. Dans les grandes entreprises, ça ne devrait pas trop poser de problème. Encore que le patron pourra dire : « Si vous refusez de travailler plus, je délocalise. » Mais dans les très petites, où il n’y a pas de représentants du personnel, cela va se négocier de gré à gré entre employeur et salariés. Ceux-ci auront beaucoup de difficultés à s’y opposer s’ils veulent garder leur emploi. Les petites entreprises subissent la pression des grandes, avec qui elles sous-traitent." "Le patron pourra-t-il imposer les 235 jours ?", revient à la charge le journaliste François Vignal. Réponse du leader du syndicat des cadres : "Il pourra dire qu’il a la loi avec lui. Aujourd’hui, les accords se négocient au-dessous de 218 jours. Demain les entreprises vont négocier pour aller à 235, voire au-delà. C’est d’autant plus scandaleux que le gouvernement a récemment souligné le problème de la santé au travail. Il fait l’inverse de ce qu’il dit." Scandaleux, c’est lui qui le dit. Mais alors, ce gouvernement, qui ne cesse de se vanter d’appliquer les promesses de Sarkozy, renierait-il son slogan phare, "travailler plus pour gagner plus" ? Van Craeynest répond clairement : "Ça veut dire que l’on va travailler plus longtemps, mais pas pour gagner plus. Travailler 235 jours, cela représente 2 500 heures par an, au lieu de 1 607 heures dans le calcul horaire. Vous voyez l’écart. Et la différence sera moins bien payée que des heures supplémentaires, puisque la majoration qui s’appliquera au-delà de 218 jours – l’équivalent pour les cadres des 35 heures – ne sera que de 10% au lieu de 25%."

"Enfin la liberté", tête-à-claques Lefebvre ? Mais liberté pour qui ? Qui veut ne plus avoir qu’un seul jour férié par an ? Ou peut-être vaudrait-il mieux formuler autrement la question : qui a intérêt à ce que les cadres ne prennent qu’un seul jour férié par an ?