La loi LRU (Libertés et Responsabilités des Universités) avait été unanimement saluée sur son principe par la classe politique. Mais sa mise en place a souffert d’un manque de financement. Conséquence : depuis deux ans, un quart des universités sont dans le rouge.  

 

La loi LRU était une des mesures phares voulues par Nicolas Sarkozy lors de son quinquennat. Elle fût une des premières réformes à être mises sur les rails, dès 2007, par la ministre de l’Enseignement Supérieur d’alors, Valérie Pécresse. Nicolas Sarkozy s’enorgueillssait même trois ans plus tard d’avoir "ouvert les fenêtres des universités, de leur apporter beaucoup de moyens". La première partie de la citation est plutôt juste, mais c’est ensuite que ça se complique. Car, aujourd’hui, on voit les conséquences néfastes de la loi LRU : un quart des universités françaises sont en faillite virtuelle depuis 2 ans. Plus précisément, 23, sur les 83 facs que compte le territoire français. Pas simplement 8, comme l’affirmait faussement l’ex-ministre Laurent Wauquiez, en novembre 2011. Parmi les universités concernées, on peut citer en exemples, celles de Strasbourg, Le Havre, Paris VI (Pierre-et-Marie-Curie) et Paris VII (Paris-Diderot).

 

Pour cette dernière, la situation est assez édifiante. Dans une lettre aux personnels, le président de l’université, Vincent Berger, reconnaît que le déficit pour l’année 2012 sera de 2,6 millions, ce qui impose de facto, une réduction des dépenses, qui passera notamment par la suppression de 20 postes d’enseignants-chercheurs. Pour 2013, il annonce même une aggravation du trou budgétaire, avec une ardoise qu’il estime entre 4 et 6 millions d’euros.

 

Quelle est la raison de ces déficits ? Toute simple. En assurant plus d’autonomie aux universités, l’Etat français a transféré aux facs la gestion de leur masse salariale. Avec les budgets adéquats compensant cette charge supplémentaire ? Ca aurait été trop simple. C’est ce qu’affirme le président de la Conférence des présidents d’université (CPU), Louis Vogel, dans un entretien à Libération : "Lorsque les universités sont devenues autonomes, l’Etat leur a transféré leur masse salariale. Mais, dès le départ, il y a eu un sous-financement." Ce sous-financement s’est doublé d’un oubli majeur : la non-prise en compte de l’augmentation mécanique de la masse salariale des universités dûe au vieillissement des personnels. On peut aussi évoquer la briéveté des compensations comme le fait Louis Vogel : "Sarkozy avait promis d’allouer un milliard d’euros supplémentaire à l’enseignement supérieur chaque année. Or, on ne les a reçus que la première année." Enfin, c’est aussi le mauvais emploi de l’argent alloué qui peut être mis en cause. En effet, des moyens ont été mis sur la table pour mettre en place les plans "licence" (pour limiter l’échec lors du 1er cycle universitaire) et "campus" (projets de rénovations des facs), mais cela n’a pas permis d’assurer une hausse des moyens significative en ce qui concerne la masse salariale.

 

Toutes ces imperfections de la loi LRU, ont justifié le lancement, le 11 juillet, des Assises de l’Enseignement supérieur et de la recherche, par la ministre en charge de ces dossiers, Geneviève Fioraso (PS). La ministre a affirmé qu’elle souhaitait "corriger" cette loi, tout en ne remettant pas en cause son principe. Elle en a profité pour dénoncer "le transfert des compétences et de la masse salariale [qui] s’est fait dans des conditions insatisfaisantes". Mme Fioraso a aussi esquissé quelques pistes de réflexion pour améliorer la situation financière des universités, comme la mutualisation de masters, qui sont au nombre de 3 000. Elle bénéficiera simplement des 5 000 postes promis par François Hollande lors de sa campagne présidentielle, qui seront alloués au 1er cycle universitaire, dont le président a fait une de ses priorités, avec l’enseignement à l’école primaire. En somme, la mission (impossible ?) de la ministre est claire : faire mieux avec… autant de moyens !

 

Sources : Libération, Terrafemina, Les Echos