Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence de Roy Andersson

Dans "son pigeon perché sur une branche à philosopher sur l’existence", Roy Andersson semble sonder les abîmes de la condition humaine à l’heure où ces derniers deviennent insurmontables. De nombreuses situations des plus loufoques mettent en scène des personnages aux prises avec les problèmes de la vie ordinaire : la mort, la vieillesse, l’amour, la cupidité, la mélancolie, l’inquiétude, la médiocrité… Individuel ou même collectif, le destin de l’Homo sapiens paraît sous-tendu par le commun dénominateur de l’extrême vulnérabilité. 

Derrière cette caméra du genre scanner, les hommes sont semblables à de frêles oiseaux cloîtrés dans des cages mais qui n’ont  plus goût ni au grand jour, ni à l’air. Résignés à leur sort de morts vivants, ils ont baissé les bras devant l’absurdité de la vie et de tout ce qui va avec. D’ailleurs, comme frappés de plein fouet par la "blasitude", tous les personnages d’Andersson à la démarche zombique, au teint cadavérique, ont l’air de crouler sous le poids du fardeau de la vie. 

Dans ce monde de désolation, il y a toujours ces marchands de rêve, de rires, venus de nulle part : Sam, (Nils Westblom) et Jonathan, (Holger Andersson) campent les rôles de ces amuseurs et c’est à travers leurs regards hagards que nous serons amenés à voyager jusqu’aux confins de l’absurdité. Munis de quelques objets de fortune comme des "sacs à rires", des dents de vampire, des masques hideux, nos compères s’en vont réenchanter le monde…

On ira jusqu’à faire un petit tour dans un musée d’Histoire naturelle comme dans un laboratoire où des chercheurs se livrent à des études savantes..Le passé fera aussi irruption dans le présent : Charles XII de Suède, bien escorté, s’invite dans un bistrot contemporain pour une petite escale avant de livrer bataille à la Russie. Même le fruit de l’ingéniosité humaine, une machine génocidaire, figure allégorique de la folie désespérante des hommes, trouve sa place dans ce "réquisitoire".  

Une vision bien pessimiste du monde ressort de cette comédie dramatique unique en son genre, à la mise en scène exceptionnelle. Déclinée sous forme d’une succession de plans séquences plus ou moins longs, le film s’impose comme une belle oeuvre picturale aux couleurs grisâtres marquée par une étonnante profondeur du champ.  La place des mots, quant à elle, est restreinte comme pour nous garantir une meilleure immersion tout en nous laissant une marge à l’interprétation…  Et cette ritournelle qui s’en va puis revient ajoute encore plus de poésie à ce film à l’humour très très noir.

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Une réflexion sur « Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence de Roy Andersson »

  1. Et bien autres choses encore ! Pour plus d’infos [url]aix-en-provence.help-voyant.fr[/url]

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