L’Argentin Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires depuis 1998, a été officiellement désigné pape mercredi soir.

Le pape s’est régulièrement opposé aux autorités politiques de son pays, et notamment à Cristina Fernández de Kirchner, la présidente argentine, entre autres sur la question du mariage homosexuel auquel il était opposé. Le pape est proche du mouvement Communion et Libération, connu pour être conservateur.

"L’Église d’Argentine est l’une des plus contestées d’Amérique latine pour sa passivité, voire sa complicité, à l’égard de la dernière dictature militaire de 1976-1983", rappelle la spécialiste Paula Paranagua.

"Le national-catholicisme était l’idéologie dominante des forces armées, qui comptaient avec la bénédiction de la hiérarchie de l’Église. Contrairement aux Églises du Brésil et du Chili, qui ont joué un rôle capital dans la défense des victimes de la répression et dans la lutte pour les libertés, le clergé argentin a montré une indifférence coupable face aux horreurs commises. Les religieux et religieuses solidaires des Mères de la place de Mai n’étaient pas soutenus par leurs supérieurs, et ont payé parfois de leur vie leur fraternité", analyse-t-il.

Or, les adversaires argentins du nouveau pape ne manquent pas d’évoquer son rôle trouble durant la dictature : on l’accuse de ne pas s’être assez opposé à la répression. À l’époque, il était le "provincial" des jésuites, c’est-à-dire le responsable d’un ordre dont la priorité a toujours été l’éducation, très respecté pour ses lycées et universités.

La dictature argentine a fait près de 30 000 disparus, 15 000 fusillés, 9 000 prisonniers politiques, et 1,5 million exilés pour 30 millions d’habitants.

Dessin de Christian- Source SIPA