Selon une étude pour UniFrance films publiée hier matin par le cabinet d’audit Ernst&Young (EY), le cinéma français n’exploite pas suffisamment la VOD (vidéo à la demande) et la SVOD (vidéo à la demande par abonnement). Ses auteurs estiment que la création d’une plateforme de VOD/SVOD européenne pourrait générer un revenu annuel d’un milliard d’euros en 2020. 

Après les disques et l’industrie musicale, ce sont les DVD et l’industrie cinématographique qui sont touchés de plein fouet par cette évolution des comportements qui privilégient désormais les produits numériques au détriment des biens physiques.

Pour les auteurs de cette étude, le bouleversement n’est pas sans conséquence sur la production artistique : contrairement aux DVD qui contribuaient largement au financement des films, la VOD et la SVOD ne participent que de manière anecdotique, menaçant un pan essentiel de l’économie et de la culture française.

En effet, les principales plateformes de diffusion de vidéos payantes sont américaines et anglophones ; elles ne laissent qu’une part infime de leur espace à la diffusion des œuvres françaises, qui représentent seulement entre 2% et 5%  des catalogues proposés et ne bénéficient pas de la visibilité des blockbusters américains sur ces sites.

D’après l’étude d’EY, étant donné l’important potentiel du cinéma français, porté ces dernières années par plusieurs gros succès internationaux (Taken 2, Lucy, Intouchables, The Artist…), le manque à gagner pour l’industrie cinématographique nationale est considérable… tout comme le danger pour le cinéma français s’il ne parvient pas à récupérer cette importante manne.

Pour toutes ces raisons, les auteurs de l’étude préconisent la création d’une « plateforme internationale alternative de SVOD, d’origine européenne », avec « un positionnement favorisant les films « d’auteur », culturel-populaire, voire les séries d’origine européenne, pour se différencier. »

Il s’agirait concernant la VOD et la SVOD d’un « marché potentiel à 5% du marché global de 20 milliards d’euros» d’ici à 2020, soit « un potentiel de chiffre d’affaires d’un milliard d’euros. » Faute de réaction des acteurs français du cinéma, ce chiffre d’affaire serait limité à 75 millions d’euros.