Le conseil d'Etat est formel: "Un long dimanche de fiançaille" est un film américain, et en tant que tel, il ne peut bénéficier des aides publiques réservées aux films européens, allant par là-même dans le sens de la cour d'appel, qui avait statué de la même façon. La raison? Warner Bros contrôlerait la production…
Il ne s'agit pas d'une petite subvention, puisqu'elle se situe à hauteur de huit millions d'euros, distribués par le CNC, centre national de la cinématographie, et dont la subvention a été annulée par le tribunal administratif de Paris, amenant le CNC et "2003 production" a faire appel, appel au cours duquel ils furent déboutés, et "2003 production" est même contraint par le conseil a verser la somme de 3000 euros au syndicat des producteurs indépendants ainsi qu'à l'association des producteurs indépendants, qui contestaient au film sa francité.
En effet, la Warner Bros, en dépit des seuls 34% détenus dans la société reçoit, selon son statut, la très grande majorité des bénéfices, et garde un droit de véto sur les choix des films à produire, ce qui en fait un actionnaire quasiment principal, au point que les trois juridictions ont estimé que la société de productions de Jean-Pierre Jeunet n'est qu'une sorte de cheval de Troie pour la société américaine, afin de profiter des subventions françaises.
Reste un malaise dans cet imbroglio juridique: le film a été récompensé comme un film français par l'académie des Césars, et tout le film a une consonnance bien française, comme son sujet, tout comme la langue dans laquelle il a été filmé. Il ne s'agit donc que d'une affaire d'argent, et uniquement d'une affaire d'argent. Tout est européen, sauf la production…