Un film à oublier ?


Il existe bien des termes pour signifier le fait d’effacer un souvenir, un évènement, un passage de sa vie, généralement lorsque ceux-ci sont mauvais. En anglais, on peut utiliser le mot « oblivion ». Une multitude d’œuvres s’intitulent ainsi, des films, des livres, des musiques et même des jeux vidéo, ce nom porte en lui une connotation magique, il évoque une époque révolue dont il ne persiste que des bribes floues, souvent enjolivées, des reliquats insaisissables d’un passé idéalisé. Le nouveau film devant «  réinventer la Science-Fiction » , selon les affiches publicitaires, a choisi ce nom pour titre. Réalisé pour 120 millions de dollars, par Joseph Kosinki, connu dans le métier pour avoir donné une suite à TRON et avoir préalablement fait le roman graphique éponyme, Oblivion met en scène la star américaine Tom Cruise dans le rôle principal.


Alors, que raconte le scénario ? Nous sommes en 2077, un futur post-apocalyptique où la guerre contre les mystérieux Chacals a ravagé la Terre. Les humains ont bien gagné le conflit, mais les séquelles des luttes contre ces mystérieux envahisseurs venus du ciel il y a 60 ans ont rendu la planète totalement invivable à cause des radiations. De ce fait, tous les terriens se sont amassés dans des vaisseaux spatiaux pour rejoindre le havre de paix, Titan, un satellite de Saturne. Jack Harper (Tom Cruise) et sa compagne Victoria (Andrea Riseborough) vivent dans une station d’observation au-delà des nuages. Jack survole la surface de la planète pour repérer et réparer les drones défectueux, des robots en forme de boule armés de mitraillettes, servant de système de défense. Car malgré la fin des hostilités, les Chacals continuent de mener des assauts récurrents.


Jack et Victoria n’ont plus que deux semaines de mission et ils pourront partir de la planète bleue afin de regagner le reste de l’humanité. Seulement voilà, un jour, une navette, attirée par une balise des Chacals atterrit en perdition. A son bord, une survivante (Olga Kurylenko) pour laquelle Jack ne reste pas indifférent, il est inexplicablement lié à elle. De plus, elle lui révèle une chose qui remet en cause toute son existence, sa réalité s’en retrouve ébranlée. 

 

Est-il bien ? Doit-on l’oublier ? Le prix exorbitant d’une place de cinéma est-il justifié? Oui et non. Oui car nous avons un bon film de science fiction, tous les éléments sont là. Des ennemis étranges, des combinaisons monochromes, des logements à l’ameublement épuré, des robots, des moyens de locomotion fonctionnant avec des énergies inconnues, une réflexion sur le sort du genre humain et un monde futuriste dont il ne reste plus grand chose. La férocité des combats ont emmené avec eux toute trace de vie. Il ne persiste que des ruines (un stade de football US, une bibliothèque universitaire) pour le reste, la nature a repris ses droits. C’est d’ailleurs là la force du film, on en prend la vue, les images sont soignées et les paysages de type islandais sont de toutes beautés, on y gagne à le voir sur un grand écran. 

 

Et non car si vous n’êtes pas fan  de Tom Cruise, vous risquez de vous ennuyez. Il occupe l’écran et laisse peu de place aux autres acteurs. Il y a le soleil et les planètes qui gravitent autour. Les seconds rôles paraissent assez fades, Olga Kurylenko, sensée apporter une révélation parait légèrement cruche, Morgan Freeman, dont le rôle est essentiel à l’histoire, est relégué à de la quasi figuration. Oblivion est donc à réserver à ceux qui n’ont pas de réticence à voir le gourou de la scientologie pendant près de 2 heures. En outre dans les nombreux flashbacks de Jack, on y voit une petite référence à Top Gun dans sa façon de se vêtir. Volonté du réalisateur ou non, le film paraît faire un lien avec le contexte actuel des Etats-Unis, une guerre gagnée mais dont il faut quitter les lieux car nous ne sommes plus les bienvenus, mais cela serait peut-être pousser la réflexion un peu loin. 

 

Pour le reste, l’œuvre se laisse voir, mais cela ne vaut pas le tarif d’un ticket de cinéma, il est une mise en bouche agréable au florilège des films de science-fiction qui vont débouler dans les salles obscures dans les prochaines semaines. World War Z avec Brad Pitt, Elysium avec Matt Damon, After Earth de Night Shyamalan ou encore Star Trek Into Darkness de J.J.Abrams