Le cimetière chrétien d'Annaba, en Algérie, a été profané mercredi  dernier ,selon le quotidien algérien "Liberté"  . C'est le gardien qui a découvert la profanation lors d'une ronde, le lendemain. Des croix et des statuettes brisées, des caveaux dégradés et un cercueil éventré tandis que des pots de fleurs ont été renversées, lorsqu'il n'étaient pas tout simplement brisés, cinq tombes datant de la première guerre mondiale ont aussi été saccagées. Le vice-président de l'association "In memoriam d'Annaba" qui agit pour la sauvegarde du cimetière, Bernard Gassiot, a porté plainte tout en précisant que cet acte est loin d'être isolé.

Le responsable de l'association déclare "(qu')en plus de l'effet dévastateur du temps sur de nombreux cimetières mal entretenus ou tout simplement abandonnés, on viole les sépultures chrétiennes et israélites pour voler les poignées des cercueils, le marbre des tombes ou encore des dents en or ou des bijoux" avant d'ajouter que les cimetières "sont devenus le lieu privilégié des amateurs de boissons alcoolisées et de drogues, si ce n'est d'autres actes licencieux." Le quotidien précise également que le gouvernement français consacre un budget spécial de 300 000 euros à l'entretien des cimetières en Algérie.

Ce n'est pas la première fois que ce cimetière, qui date du temps de l'Algérie Française, est profané. Déjà en 2005, une centaine de tombes avait été vandalisée. Des articles en fer avaient été volés, les tombes et les caveaux ouverts, parfois complètement retournés. A certains endroits, les os des défunts étaient à découvert, selon un journaliste algérien qui s'était rendu sur place. Un employé de la commune revendait les objets provenant du cimetière à un entrepreneur, notamment des croix et des statuettes, des objets en fer et en bronze. D'autres arrestations ont pu suivre.
Le plus troublant dans le compte-rendu de ce journaliste, c'est que lui-même constate en 2005 qu'une partie du mur du cimetière a été détruite et que la partie nord est devenue… un terrain de football pour les jeunes d'un quartier résidentiel, situé non loin. S'il fait état des trafiquants de drogue qui hantent les lieux la nuit, il précise qu'ils le font aussi dans les cimetières musulmans, sans dire si les tombes musulmanes sont elles-aussi profanées, tout en décrivant le mauvais état des allées du cimetière, "jonchées de débris de bois et de pierres".
Il est regrettable que les belles âmes, qui furent si promptes à s'offusquer de la profanation du carré musulman d'Arras (voir aussi), ne s'occupent pas également d'agir pour les tombes chrétiennes qui en Algérie sont fréquemment vandalisées. Constatons aussi que l'Etat français se soucie assez médiocrement des sépultures laissées par les pieds-noirs dans ce pays.
La photo représente un cimetière en Algérie, mais pas celui d'Annaba.