France Soir, un journal qui n’espère pas que le deuxième terme de son titre ne devienne son avenir fait l’actualité de nos jours, une sorte de mise en abîme. Un quotidien qui vit peut être ses dernières heures avant qu’une nuit sans fin s’abatte sur lui. Les salariés du journal ne sont pas contents car le propriétaire souhaite stopper la publication, ce qui engendrerait le licenciement de facto de ces personnes. La grogne monte en envergure et c’est l’Etat qui devra trancher, du moins c’est ce que veulent les mécontents en sursis, prêts à manifester jeudi devant le Ministère de la Culture. En sollicitant l’aide du Ministre de la Communication et de la Culture, ils espèrent que le titre soit repris par une personne souhaitant la continuité du journal et des employés. C’est l’entreprise destructrice de M.Pougachev qui est visé et qu’il faut arrêter, une bombe à retardement dont il faut retirer le bon fil pour éviter qu’elle n’explose. L’état de santé du canard est précaire, alourdie par des dettes, ses ailes ne peuvent plus se déployer, la justice par une clause de sauvegarde l’en empêche. En 2009, l’oligarque russe, Alexandre Pougachev, avait racheté le journal, une petite lubie que s’offrent tous ces nouveaux riches slaves, comme certains autres s’achètent un club de foot ou des voitures recouvertes de diamants. Son joujou était mal en point et pour tenter de le sauver, il eut l’idée de se débarrasser de l’édition papier pour se focaliser sur celle numérique, cependant les 70 millions d’euros investis dans l’affaire se sont évaporés comme par enchantement. Les 127 professions sont menacées, si la mesure se met en place, ce sont 89 emplois qui seront supprimées tel un texte sur lequel on passe un coup de correcteur. L’ancienne directrice générale du journal, Christiane Vulvert, désire que l’entreprise soit reprise, elle demande également une suppression des dettes et que M.Pougachev continue de participer à la vie du journal pendant un an. Pouchachev n’est pas sourd aux idées de reprises sérieuses mais juge totalement farfelu le projet de Mme.Vulvert. Le monument qu’est France Soir, crée il y a de cela plus de 60 ans, quand la guerre avait cessé en laissant un pays ravagé, est victime de son époque. Ses couloirs ont vu défilés des centaines de journalistes dont des grandes plumes comme Joseph Kessel ou Henri Amouroux. Nous sommes dans un âge où tous les journaux doivent faire preuve d’innovation pour tenter de survivre face à l’arrivée massive d’internet et des supports numériques dans le monde du journalisme. Il y a deux ans avec le rachat du milliardaire russe, les chiffres étaient ambitieux, 200000 ventes par jour, mais le constat est flagrant et les espérances en bernes, moins de 70000 exemplaires écoulés. Pour survivre, hors le rachat, il y aurait la possibilité de transformé le quotidien en hebdomadaire. Quoiqu’il en soit, en tant que lecteur et amoureux des journaux, on peut souhaiter que du courage aux salariés, que leurs revendications porteront leur fruit et que le canard puisse renaître de ses cendres tels le phœnix.
Entre Paru Vendu et France-soir, rien n’est clair dans ce monde de la presse.