Il  suffit d’un appel téléphonique pour changer le cours d’une journée, une seconde où on réalise que quelque chose de grave vient de se produire. Si peu de temps qui nous retourne l’estomac, qui nous cloue, nous scotch, nous fait réaliser que … Soudain tout me revient, ce sourire parfait, ce visage d’ange, nos rires, nous souvenirs. Tout se mélange, je ne sais plus quoi penser, je ne fais plus la différence entre le vrai et le faux.   Je me rends compte que ce que l’on dit est souvent véridique, on se remémore de tout ce qu’on a vécu avec une personne seulement quand elle s’en va, pour une raison ou une autre. Je me rappelle alors que c’est beau d’être jeune, de courir en criant comme des folles,  Manon, Laurie et moi. De rire de tout comme si les conséquences n’avaient peu d’importance. De toute façon, Serge Gainsbourg a dit « Vaut mieux rire de tout que de pleurer de rien ». Pourtant on a pleuré toutes les trois devant Alexandre, sur les fauteuils rouge du cinéma, lorsque Bucéphale, Héphaïstion ou encore Alexandre le Grand ont perdu la vie.

Encore aujourd’hui on rit de nos conneries, mais seulement tout est différent. Il manque un visage, une voix, une personne. La vie est plus folle à trois, la vie est trop folle pour nous tous. Elle nous aveugle puis nous dévore. C’est quand on devient adulte qu’on se rend compte de son atrocité, de son injustice, de ce qu’elle nous fait subir au quotidien.

Il suffit que d’un appel téléphonique, et depuis ce matin j’ai l’estomac noué. Tout peut changer en quelques secondes, les chemins que nous prenons nous mènent tous vers la même sorti, sauf que la durée du chemin n’est pas la même pour tout le monde. La jeunesse, les rires, le bonheur, les larmes de joie, tout s’efface au rythme de la vie, qui ne nous laisse pas le temps de souffler, de profiter vraiment de l’instant présent. Carpe Diem, mon cul. C’est quand tout semble aller pour le mieux pour une personne, que tout lui réussit que finalement tout s’arrête. Je ne réalise pas, je ne peux pas y arriver, pas toute seule en tout cas. Du moins je préfère peut-être me dire que tout ça n’est pas vrai, qu’il ne s’est rien passé. Que tout est encore comme avant. Trois filles soudées, souriantes, les cheveux au vent, à la recherche d’un destin qui ne leur appartient finalement pas. Je m’en veux de ne pas lui avoir dit ce que je pensais, de ne pas avoir profiter un peu plus du temps qui nous était réservé. Aujourd’hui quelqu’un manque, une personne qui partage une grande partie de notre vie, ce n’est forcément pas quelqu’un comme les autres. Une personne généreuse, sensible, folle, amoureuse. Il y a cette question qui m’obsède, pourquoi as-tu pris cette décision ? Du moins si c’est toi qui l’a prise. Je préfère penser que la vie ne s’arrête pas aux malheurs, j’essaye tout de même de penser à toi avec le sourire, de repenser à ces instants magiques, d’insouciances, où l’on ne cherchait pas à trouver un sens à la vie. Où seulement les amies,  les amours, la famille comptaient vraiment. Je n’ai plus les mots, pas les mots qu’il faut pour dire que je suis déboussolée par cette triste nouvelle. Pour dire que c’est difficile de se dire que ces moments d’insouciances qui n’appartenaient qu’à nous s’envolent à jamais.

 

Il ne suffit que d’un appel téléphonique pour réaliser que tu es parti. Laurie, 19 ans. Un ange s’envole.

 

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