UMP : Sarkozy envoie Martine réconcilier Fillon et Copé

Selon Brice Hortefeux, Nicolas Sarkozy serait « atterré » par la formation du Rassemblement-UMP (Rump) et la décision de Jean-François Copé d’abandonner l’organisation d’un référendum pour appeler les militants à se prononcer pour ou contre un nouveau vote afin de désigner le président de l’Union pour un mouvement populaire réunifiée. Toutes les médiations ou conciliations ayant échoué, il a dépêché Martine, celle des albums de Delahaye et Marlier, pour mettre au pas Fillon et Copé. C’est l’intercession de la dernière chance !

Ainsi donc, Copé a pris pour prétexte la déclaration de la formation du groupe Rump de Fillon au Journal officiel pour repousser siné dié l’organisation d’un référendum qui lui avait été dictée par Nicolas Sarkozy. Ce dernier ne décolère pas et fait savoir par le truchement de Brice Hortefeux qu’il fustige Fillon pour avoir persisté à créer un groupe parlementaire distinct de celui de l’UMP, le Rump, et honnit Copé qui a remis de l’huile sur le feu qui fait bouillir la marmite du parti au point de le faire déborder vers l’UDI ou le FN.

Ne lui restait qu’une solution : déléguer une conciliatrice dotée de tous pouvoirs pour ramener de l’ordre dans la maison. Ce sera non pas Nadine (Morano), ou Rachida (Dati), ou Valérie (Pécresse), mais Martine, le personnage des albums de Delahaye et Marlier.

Martine avait discrètement déjà tenté de recompter les voix de Fillon et de Copé. Mais à force de ratures, de gommages et de rajouts, son pauvre cahier était devenu illisible.

Pauvre Martine !

Ce matin, peu après que Copé eut déclaré que « la ligne rouge » était franchie après la publication de la formation du Rump de Fillon, qu’il en tirait les conséquences et se refusait à organiser un vote pour savoir s’il fallait revoter à l’UMP, Martine a reçu par coursier de Nicolas Sarkozy un ordre de mission. Tout faire afin de mettre aux deux coins opposés de la classe les petits Copé et Fillon. Oui, mais quel coin ? Ceux des deux côtés du bureau de la maîtresse ? Ceux à droite proche de la porte et du fond de la classe ? Un à gauche au fond et l’autre près d’elle à droite ?
Voilà de nouveau les petits Copé et Fillon en train de se chamailler…

Silence ! Silence ! Élève Christian (Estrosi) au piquet ! Ce n’est pas à toi de dire que le petit Jean-François doit assumer ses responsabilités. Xavier (Bertrand), tais-toi enfin !
D’abord on ne dit pas « foutoir », ce n’est pas ainsi que ta maman t’a élevé.
Ta ligne « qui parle à l’ouvrier et au chef d’entreprise », tu vas commencer par me la copier cent fois !

Quant à Wauquiez, qui avait vu « un bout de ciel bleu » qui s’ouvrait et auquel il ne faut pas tourner le dos, Martine l’a envoyé dans la cour de récré, à en faire le tour pour mieux le voir.

Henri (Guaino) dénonce son petit camarade François (Fillon) auquel il impute une « faute morale ».
Il écope d’un devoir de morale à rédiger direct à l’étude après être allé voir le préfet de discipline. Heureusement, Martine jouit d’un petit répit du côté des sénateurs mais la petite Isabelle (Debré) n’a pas à suggérer un référendum ou un nouveau vote, car ce n’est plus d’actualité. Ou alors, on verra quand le calme sera revenu…

Le chafouin Jérôme (Chartier), qui fait mine de se réconcilier avec Jean-François, ne perd rien pour attendre. Qu’il remette d’abord son Rump correctement dans son short d’où il n’aurait jamais dû sortir. Est-ce qu’on montre son Rump à tout le monde ainsi ?

Pour Martine, il est trop tard pour confisquer les bons points reçus par Christine (Boutin), mais après avoir lu Le Canard enchaîné, elle veut que Nadine (Morano), qui a joué tous les siens au casino électoral de Toul, lui rende des comptes.
Un million d’euros pour arroser sa circonscription, avec le résultat que l’on sait (tous ses petits camarades lorrains, jaloux, ont rejoint Fillon), dispersé en vain, ce n’est vraiment pas malin.

« Enfin un point d’accord à l’UMP ! Copé et Fillon pour le cumul des mandales ! », a-t-elle lu dans le Canard.

S’il n’y avait pas les parents d’élèves, elle leur en collerait bien quelques autres.

Non, mais…
C’est quoi cette histoire : la petite Audrey (Pulvar) et le petit Cyril (Hanouna) qui se font des mamours au fond de la classe, indifférents à tout ce tumulte ?

Bon, pour cette fois, Martine ferme les yeux, elle a trop fort à faire avec les dissipés. Tant qu’ils ne se montrent pas le Rump, cela peut encore aller !

Voilà Xavier (Bertrand) qui, pour se racheter, veut fayoter : « Nous n’avons pas le droit de faire un bras d’honneur à Nicolas Sarkozy et aux militants ». De quoi je me mêle ! Et Fillon qui promet d’abandonner Rump et poursuites judiciaires si un nouveau vote est décidé ! Des promesses d’être sage, ce n’est pas la première fois, et puis quoi ? Qu’il vide d’abord ses poches de toutes ses billes et les dépose sur le bureau de Martine !

Et cette NKM qui veut encore mettre son grain de sel. Non, le parti n’appartient pas aux militants. Et puis quoi encore ? L’autogestion, les conseils d’élèves ouvriers ? Oh, voilà Jean-François qui, de son coin, lance à François que s’il veut aller au tribunal, eh bien, qu’il y aille.
Oui, mais le censeur, maintenant, c’est Martine !

C’est devenu pire que la guerre des boutons. Voilà Copé qui veut bouter Fillon hors de la cour de récré si celui-ci veut lui piquer une partie de son goûter parlementaire. Encore des histoires de miettes de pain au chocolat.
Mais qui va balayer ? Heureusement que Fatima est là ! Non, elle, si méritante qu’elle soit, elle ne votera pas, c’est Sarkozy qui l’a dit.

Voilà Claude (Greff) qui vient faire un bisou de consolation à Jean-François. François lui a montré son Rump, mais finalement, elle préfère celui de Nicolas.

Martine est à présent au bord des larmes. Elle n’arrive pas à faire que toutes et tous regagnent leurs pupitres et mettent leurs doigts bien à plat.

Il y en a encore qui lèvent le couvercle et se chipent des roudoudous et étirent des bouts de zan. Vlan, une coquille à lécher roule jusqu’à l’estrade.

Et voilà Lionel (Tardy) qui se croit en classe de catéchisme : « la messe est dite ». Il ne faut confondre kata-schisme et catéchisme !

Déconseillé au moins de dix ans

Martine est désespérée ! Hop, tout le monde en salle d’études, car elle a besoin de souffler. Que va-t-elle pouvoir dire à Sarkozy ? Doit-elle lui rendre son tablier ? Et les parents militants, que vont-ils dire quand ils verront toutes ces blouses tachées d’encre, de craies multicolores, et les poches déchirées ? Elle ne sait plus quoi consigner dans le livre de classe.
Martine est trop navrée pour être vraiment en colère, même si elle trépigne en faisant résonner l’estrade et en tapant de ses petits poings sur le tableau noir.
Pour se calmer, elle lit Vogue. Et que lit-elle ? Que sa copine Carla (Bruni) raconte que, dans sa génération, « on n’a pas besoin d’être féministe (…) Je ne suis pas du tout militante féministe. En revanche, je suis bourgeoise ».
C’était bien le moment de renvoyer les militantes de base dans les bras de la Marine et du FN ! Comme l’écrit Sylvain Courage (Nouvel Observateur), « c’est misère que de voir l’UMP, parti des Duquesnois, imposer ses déchirements familiaux à tous les Groseille de France. ».

Et de vouloir que toute cette histoire ne puisse être vue par les moins de 16 ans. Plutôt les moins de dix ans, car bientôt ils vont se mettre à jouer à qui veut devenir le président de la République, et se mettre des horions comme Jean-François et François. Bel exemple pour la petite jeunesse !

Martine jette l’éponge sans essuyer le tableau

Et voilà que cela recommence. Depuis l’étude, on entend Bruno (Le Maire) et Nathalie (Kosciusko-Morizet) qui en on marre. François leur a montré de nouveau son Rump (il n’arrête pas), et ils disent que c’est dégueulasse, qu’il faut créer une commission indépendante pour voter de nouveau. Ils veulent se représenter ? Alors qu’ils se tiraient les cheveux ! Ils veulent que François remise son Rump avant 15 heures.
Et voilà que sonne la cloche pour appeler au déjeuner ! Il va y avoir des carottes râpées, du hachis parmentier et des yaourts partout sur les murs du réfectoire !
Martine songe à rédiger sa demande de mutation. Elle voudrait une petite peinarde à la campagne, du côté indépendants et paysans.
Puisque l’UMP cale en bourg de Clochemerle, elle est prête a filer dans le privé, du côté des clochers de Folleville.
Oh, mais voilà la petite Rachida (Dati), qui vient rapporter : le petit Luc (Chatel) s’est brouillé avec Jean-François. Ils étaient amis, mais voilà… Il y tenait, lui, au référendum. Pour cette fois, la cafteuse s’en tirera avec une légère admonestation.
Martine file à l’économat, réclamer des boules Quiès. Zut, toute la dotation de l’année a déjà été réclamée par les autres professeurs et maîtresses de l’école UMP. Les caisses sont vides pour en racheter d’autres.
Cette fois, c’en est trop. Martine rentre chez elle, se fait porter pâle. Bon courage à sa remplaçante. Plutôt embarquer sur le Titanic que de rester à l’UMP. Au fait quelle remplaçante ?
Pas la Christine (Boutin) quand même ! Elle ne travaille qu’en heures sup’ et on l’a surprise en train de piquer l’argent de poche de Copé ! Et puis, quel langage : ferme ta boîte à camembert toi-même !
Reste dans ton bocal, la Christine ! Vite, à la niche, la Christine !

Mais avant de prendre le large, Martine va faire un peu de ménage. Elle va remiser l’UMP au grenier. Il est tout sale, tout taché, tout élimé, tout troué, impossible à repriser.

Vite, il vaut mieux le cacher… les mites en auront raison, ou il deviendra tapis volant, et s’il ne finit pas foudroyé, la DCA de l’UDI ou du FN s’en chargera. Bon débarras !

Zut, revoilà cette cafteuse de Rachida (Dati) qui vient encore débiner ses petits camarades : halte, dit-elle « aux kamikazes irresponsables qui agissent par intérêt personnel ». Elle se la joue cheffe de classe.
« Tous ceux qui contestent les règles, qui refusent le respect des statuts devront rendre des comptes. ». Cette fois, la baffe, elle ne l’aura pas volé.
Ah, que cela soulage !

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

9 réflexions sur « UMP : Sarkozy envoie Martine réconcilier Fillon et Copé »

  1. Inutile si vous voulez, Comique que tu es.
    On peut en effet préférer, sur Mediapart, le
    [url]http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/261112/cope-coince-entre-marx-hugo-et-les-pieds-nickeles[/url]
    que je découvre à l’instant.
    « Copé coincé entre Marx, Hugo et les Pieds nickelés » (et il ne s’agit pas de Groucho, de Pratt, mais bien des héros de Forton).
    Qu’y pouvons-nous si, après le Rump (croupion, fion…), la rigolade continue ?
    L’UMP cale en bourg de Clochemerle ! C’est un fait.

  2. Pour le moment, Copé et 50 parlementaires exigent le retrait du groupe Rump tandis que Fillon assure : « nous ne céderons à aucun ultimatum, de qui que ce soit ».
    Du coup, Martine met les voiles, destination inconnue, mais loin de l’UMP ou du Rump.
    Les sénateurs UMP (enfin, 70) réclament non pas un référendum, mais directement un nouveau vote.

  3. Le plus drôle encore, c’est de visiter le site officiel de l’UMP.
    Tout va très bien, Madame la Marquise ! Que du Copé président ! Que des déclarations ou propositions de Copé !
    Sur les sites des fédérations, silence radio sur les querelles internes.
    Ou on la joue consensuel :
    Ex. en Maine-&-Loire : Copé nouveau président, Fillon en tête dans le département.
    Rare sont les circonscriptions qui, comme la Première du Finistère, laissent la parole aux militants.

  4. Merci Minah,
    Pas si inutile dans la mesure où la page est plutôt visitée, en tout cas.

    Pour les archives :
    Ollier, le compagnon de MAM (qui fait état de 175 000 votes ; et combien de procurations ? Ce ne sont pas 175 000 personnes, loin de là, qui se seraient déplacées), considère que « [i]la proposition Sarkozy a été jetée à la poubelle[/i] ». Sarkozy peut tenter d’aller fouiller dedans avant le passage des éboueurs, mais si on a bien compris, ce sera, pour Fillon, Longuet et d’autres, un nouveau vote sans passer par l’étape référendum.
    Copé a entériné l’échec de son ultimatum.
    Jégo se targue de recevoir plus de mille adhérents/jour à l’UDI. Soit 9 000.
    Si c’est vrai (on ne peut savoir le nombre des fuites vers le FN), mieux vaut se passer de référendum et même de nouveau votes : ce serait proclamer l’érosion du nombre des adhérents de l’UMP.
    Marine Le Pen, qui appelle à « couper les branches mortes » (les deux UMP) ne se risque pas à donner une estimation des nouvelles adhésions au FN.
    Mais on a des résultats partiels : 14 nouvelles adhésions au FN en une semaine dans le 43 (Haute-Loire). Dix de plus pour Nice. Une centaine dans le Var.
    Apparu envisage un FN à 30 % d’intentions de vote.

    Pour Michèle Tabarot, vice-présidente nominative de l’UMP, les discussions avec les fillonistes sont finies.

    Marcel Bonnot (Doubs) rejoint le Rump. Valérie Boyer (Bouches-du-Rhône) aussi.
    En dépit du ridicule (fion, croupion), le nom de Rump n’aurait pas été choisi à la légère. Comme le Rump néo-calédonien existe, ce dernier peut recueillir des cotisations à reverser au groupe Rump métropolitain. Fillon dit que les financements du Rump seront gelés mais reversés ultérieurement à l’UMP. La glacière pourrait être la Nouvelle-Calédonie.

    La bourse et le CAC 40 ont fini en hausse. Serait-ce la perspective de n’avoir plus à financer en sous-main une UMP moribonde ?

    Six fédérations UMP, dont les comtoises, appellent à un nouveau vote. Le référendum est mort-né. On ne sait plus lequel des deux papas (Fillon, Copé) est responsable de la fausse-couche de maman Sarkozy.

  5. J’ai adoré et vos illustrations sont charmantes ;D ;D ;D ;D
    Enfin de l’humour sur un sujet tres futile, une bataille de coqs qui sera vite oubliée.

  6. et rachida dati la cafteuse, elle en est ou avec le casinotier ? Je me souviens aussi que 2 prisonniers avaient revendiqué la paternité par contre eux ils se sont vus infliger 2 ans de prison supplémentaires grâce à la plainte de dati…

    Sinon, on t-on appris que dati est entrain de passer un CAP; lequel ?

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