L’Irlande du Nord, ou Ulster, toujours rattachée à la couronne britannique, voit renaître la menace d’une nouvelle IRA prête à se livrer à une résistance armée. Divers groupes, dont le Real IRA (IRA véritable), viennent de se coaliser, pour recréer l’Irish Republican Army. Seule, Continuity IRA (ou Cira, l’un des groupes républicains paramilitaires « maintenus »), formée en 1986, issue de l’IRA provisoire, surtout présente à Limerick, qui rassemblerait environ 150 membres, n’a pas rejoint la nouvelle IRA reconstituée.

Le Royaume-Uni célèbre les Jeux Olympiques de Londres dans la liesse, mais en Ulster, l’IRA renaît.
Elle regroupe divers groupes paramilitaires existants, moins la Continuity Ira, qui, plus tôt ce mois, avait annoncé une nouvelle scission, l’expulsion de divers membres, et un remaniement de son commandement. Mais on ne connaît pas ses effectifs, précédemment évalués à près de 150 personnes.

C’est via un communiqué reçu par The Guardian que l’IRA recréée s’est manifestée. Elle rassemble trois groupes, dont la Real IRA, la nébuleuse Óglaigh na hÉireann (dissidents de la CIRA et autres), et la RAAD (Republican Action Against Drugs), implantée surtout à Derry, milice luttant contre les vendeurs de stupéfiants, parfois abattus, souvent contraints à quitter la ville.

La nouvelle organisation entend s’en prendre à des symboles de la présence britannique, comme des postes de police, des agences de l’Ulster Bank (filiale de la Royal Bank of Scotland), et la manifestation culturelle prévue à Derry en 2013.

 

C’est le premier regroupement constaté de divers groupes depuis 1998. « Ces dernières années, l’établissement d’une Irlande libre et indépendante a souffert des reculs en raison de carences de sa direction et de scissions du mouvement républicain, » indique la nouvelle organisation. Une paix « fallacieuse » ne peut être maintenue en l’état et le retour à la « lutte armée » est nécessaire, indique le communiqué. 

Toutefois, l’actuelle IRA demande un retrait des troupes de la couronne britannique sous supervision d’observateurs internationaux selon un processus progressif et par étapes. La libération de militants est aussi exigée. Le secrétaire d’État pour l’Irlande du Nord est décrit tel une sorte de vice-roi (overlord). 

Les derniers incidents les plus marquants des groupes paramilitaires ont été deux assassinats de catholiques ayant rejoint la police (en janvier 2010 et avril 2011). Mais à Derry, les incidents entre la RAAD et des habitants catholiques suspectés de se livrer à des trafics de stupéfiants sont fréquents. Le 9 février dernier, un jeune père (24 ans) de deux enfants a été abattu à son domicile, alors même qu’il avait quitté, après avoir reçu des menaces, le centre de la ville. L’ampleur des attaques a évoqué une chasse aux sorcières.
Mais c’est surtout la pauvreté et le sentiment d’être des laissés pour compte qui motive la relative tolérance d’une partie de la population catholique à l’égard de ces groupes armés.

La majorité du Sinn Féin approuve le processus de paix et la cogestion de l’administration avec les formations protestantes loyalistes. Martin McGuinness, ancien négociateur de l’IRA devenu co-Premier ministre de l’Irlande du Nord a bien sûr désavoué l’action du RAAD et assuré que la police traquerait les coupables d’intimidations et d’exécutions. Mais pour le moment, personne n’a été déféré devant la justice.

 

Les troubles en Irlande du Nord ont provoqué la mort de plus 3 600 personnes (dont un millier de soldats ou policiers britanniques) en trente ans, en particulier entre le 30 janvier 1972 (Bloody Sunday, 14 morts catholiques tués lors d’une manifestation, la troupe ayant tiré) et 1994, année du cessez-le-feu déclaré par l’IRA Provisoire. L’accord dit du Good Friday, en 1998, avait instauré une période de stabilité, marquée toutefois par un attentat plus tard dans l’année, la pose d’une bombe à Londres en 2001 et l’attaque d’une base militaire en 2009.

On ne sait trop si le nouveau directoire de l’IRA reconstituée sera capable de mener des actions vraiment coordonnées. Les observateurs doutent que le soutien de la population catholique soit resté fort. Gerry Kelly, du Sinn Fein, considère que cet accord pourrait n’être que provisoire et que les questions d’égos ou d’intérêts divergents pourraient reprendre le dessus.
Mais diverses personnes pourraient se livrer à des attaques ou attentats individuels, sans vraiment en référer à quiconque. Ils pourraient aussi, faute de fonds de la communauté catholique irlandaise aux États-Unis, tenter de s’en prendre à des banques pour financer leur semi-clandestinité et acquérir des armes plus puissantes.

Cette annonce n’a pas été suivie d’autres de la part de groupes paramilitaires loyalistes protestants issus de l’UVF (Ulster Volunteer Force).

 

Pour le moment, l’Irlande du Nord s’inquiète plutôt d’un marché parallèle de viande de moutons. Des troupeaux entiers sont subtilisés et un homme politique unioniste a considéré qu’un véritable réseau avait été mis sur pied pour écouler la viande.

Mais, fin juin dernier, le chef du MI5, Jonathan Evans, avait déclaré qu’une attaque terroriste en Angleterre cet été ne pouvait être exclue de la part de groupes républicains dissidents.