Dans la nuit de mercredi à jeudi, le parlement Turc a adopté un amendement constitutionnel afin d'autoriser le port du voile dans les universités, sujet qui divise la population turque, musulmane à 99%, mais de tradition laïque. En conséquence, le week-end dernier plus de 100000 personnes s'étaient réunies pour protester à Ankara, capitale du pays. Le deuxième tour pour finaliser l'ensemble de la révision aura lieu ce samedi.
 Le gouvernement a mené cette réforme en l'expliquant comme une nécessité pour l'adhésion à l'Union européenne mais les milieux laïcs, armée, magistrature et milieux universitaire, ainsi que l'opposition, sont tout à fait opposés à cette réforme, concevant le voile comme un signe de l'islam politique. De fait les filles et les épouses des gouvernants, tous du parti de l'AKP (Parti de la justice et du développement) sont toutes voilées et le chef de l'Etat qui doit ratifier la décision au final est un ancien poids lourd du parti. Sa femme également porte le voile. L'Union européenne a déclaré ne pas voir d'inconvénient à cet amendement, n'ayant aucune législation concernant ce sujet

L'article central de l'amendement précise que "personne ne peut être privé de son droit à l'éducation supérieure", ce qui fait bien sûr allusion aux femmes voilées et c'est bien le discours que tiennent les partisans de l'amendement : il s'agirait de ne plus laisser des jeunes femmes aux portes de l'université, mais cela fait aussi craindre aux opposants que des jeunes femmes ne soient à leur tour contraintes de porter le voile, à travers les pressions de leur entourage et de leurs quartiers.  65% de la population serait favorable, et de nombreuses femmes voilées avaient cessé de se rendre à l'université lorsque le port du voile avait été interdit. Toutefois ne sera permis que le voile noué sous le menton, et ne couvrant pas le cou, ce dernier ayant une connotation plus politique. L'opposition y voit une façon d'éroder la laïcité en cours dans le pays et un député ajoute même qu'il s'agit selon lui de poser les fondations d'un futur Etat islamique, en exploitant dans un premier temps le sentiment religieux.
La romancière Sevgi Özel avait déclaré durant la première manifestation : "Je suis très en colère, pas contre les femmes voilées mais contre ceux qui veulent recouvrir d'un voile les valeurs de la République" et une nouvelle manifestation pourrait se tenir durant le week-end. Les milieux religieux également ne sont pas satisfait de ce projet, divisés par la nature du foulard à porter.