En parlant de politique si je vous dis 50, vous penserez peut être au record de membres de gouvernement détenu par un pays, et si l’on parle de politique africaine en particulier au nombre d’années d’indépendance. Hélas non, 50 c’est le nombre de partis politiques officiellement reconnus en Tunisie, 51 partis pour être exact.  

Si au temps de Ben Ali il n’y avait que le Rassemblement Constitutionnel Démocratique du président déchu et quelques partis faire valoir, aujourd’hui on assiste à une véritable ruée vers la création des partis politiques, sûrement en vue des élections du 24 juillet prochain portant sur la création d’une assemblée constituante pouvant élaborer une nouvelle constitution pour une transition rapide et démocratique.

10 millions de politiciens.

Pour un pays de 163 610 km², dont 25 000 km² de désert ayant presque 10 millions d’habitants, la présence d’une cinquantaine de partis politiques parait quand même excessive. La révolution a changé les mœurs et maintenant tout tunisien veut faire de la politique. Certains prennent la situation avec un ton moqueur en disant : « avant on avait dix millions de commentateurs sportifs, maintenant on a 10 millions de politiciens ».

Si la révolution tunisienne fut un succès, c’est avant tout à cause de l’unité de son peuple, solidaire dans la souffrance quotidienne vécue au cours du règne de l’ancien régime. Aujourd’hui, beaucoup pensent que la pluralité des partis politiques n’est pas la solution et qu’elle est même de mauvaise augure car elle annonciatrice de divisions, de mésententes et de balkanisation de la société.

Manque de crédibilité des partis politiques.

Bien plus, les tunisiens pensent que ces politiciens du nouveau monde ne représentent en rien la société civile, les traitant de technocrates voulant tirer leur épingle du jeu  et profiter du vide constitutionnel actuel. « La grande majorité des Tunisiens ne se reconnaissent pas dans les partis », confirme le professeur de droit constitutionnel Kais Saied de l’université de Tunis. « Le multipartisme ne produit pas forcément le pluralisme politique », ajoute-t-il. La chose politique est difficile à cerner d’autant plus que le population civile n’a pas été préparé à un changement si brusque. Et si aujourd’hui on se réjouit de la liberté retrouvée, on en vient même à en avoir peur vu que certains confondent maintenant droits et devoirs.

Il ne resterait plus qu’à trouver les 51 couleurs pour distinguer ces partis lors des élections