Sincèrement je ne sais pas comment introduire cet article. Vous rappeler que tous les observateurs à la fois locaux et internationaux se sont déjà félicité du calme relatif qui règne avant cette élection de l’assemblée constituante du 24 juillet ou bien vous parler de la confiance accordée par le peuple au gouvernement de transition et principalement au premier ministre Beji Caid Essebsi ?

Au moment où je vous parle maintenant personne, je dis bien personne ne sait comment va réagir la population tunisienne face aux révélations, une véritable bombe atomique, que vient de lâcher l’ancien ministre de l’intérieur Farhat Rajhi. Tout le monde y passe du premier ministre au général Rachid Ammar le héros qui a refusé de tirer sur la population lors de la révolution des Jasmins. Fait inédit, le premier ministre, qui a notamment su redonner l’espoir à la population, y est traité de menteur dans la vidéo  de 20 minutes d’une interview par un bloggeur tunisien   e Farhat Rajhi publiée sur facebook. Le titre de la vidéo est même révélateur, étant donné qu’elle s’intitule en arabe  « scandali »  qui veut dire scandale.

Ce sont donc des sujets au cœur même de la sécurité du pays qui sont évoqués. Allant du régionalisme en passant par l’armée, de la sécurité intérieure et notamment le gouvernement, il n’a rien laissé au hasard. Cette vidéo, qui s’est propagée comme une trainée de poudre, est maintenant l’objet des conversations de toute la blogosphère tunisienne si ce n’est de  la Tunisie entière.

L’ancien ministre de l’intérieur revient sur sa « prétendue démission » accusant le premier ministre d’avoir menti, apportant alors des éclaircissements sur son éviction du gouvernement. C’est un véritable règlement de comptes même si compte tenu de la situation actuelle du pays et de certains événements, on accorderait quelques crédits à certains de ses dires. M Rajhi, plus communément appelé « Monsieur Propre » pour son franc parlé et ses discours sans détours, affirme qu’il était devenu un peu gênant et ses recommandations, et notamment les nominations des gouverneurs, n’étaient pas respectées et suivies par le gouvernement de transition, qui se bornait à remettre en selle les vieux caciques du RCD.

Des manifestations en perspectives.

Vérités ou attaques diffamatoires, l’on craint aujourd’hui de revoir l’énorme masse de la population manifestant sur toute l’allée de l’Avenue Bourguiba. Des combines se trameraient à la barbe du peuple au vu des prochaines échéances du 24 juillet. Il dénonce dans cette vidéo la main mise des « sahéliens » sur le pouvoir et ce depuis 1956. L’information, la plus capitale et la plus grave de tous, est la préparation d’un putsch  par le Général Rachid Ammar pour prendre les rênes du pouvoir. Il avait même avancé que ce général Ammar aurait rencontré Ben Ali lors de sa visite au Qatar.

Et tout ceci ne va pas, cela va  sans dire, laisser le peuple de marbre. C’est tout naturellement qu’on pense voir descendre dans la rue dans les prochains jours les dignes fils de la nation, ceux qui ont souffert, ont subit l’injustice de Ben Ali, pour dire à ces politicards sans vergogne qu’ils ne se laisseront jamais voler leur révolution.

Les tunisiens ne s’attendaient sûrement pas à se réveiller avec ce coup de massue sur leur tête. Et  les réactions des principaux concernés ne se font pas attendre. On pourrait se demander quelle mouche a bien pu piquer Rahji et pourquoi maintenant, pourquoi hier ? S’il dit le faire parce qu’il se trouve moralement dans l’obligation de dénoncer ces agissements et ces pratiques, mesure-t-il simplement la portée des ces révélations et les conséquences désastreuses qu’elles vont causer.

Ces révélations graves, si elles sont  avérées, montrent qu’il y a lieu de rappeler que rien finalement n’a changé politiquement et les martyrs de la révolution sont morts pour rien. C’est une épuration qu’il nous faudrait maintenait et espérons que ceci se passera par le billet des élections démocratiques du 24 juillet et non par des scènes de chaos et de chasse aux sorcières.